Quand j’étais petite, j’avais une idée précise de ce à quoi ressemblerait ma vie professionnelle. Je ne savais pas trop ce que je voulais faire (écrire, faire du théâtre, cuisiner, coiffer des gens, étudier l’espace avec un très gros téléscope, twerker contre des poteaux ?) mais je savais un truc : j’aurais un bureau. Un bureau à moi, avec une photo de mon chien.
Bon, je m’imaginais aussi avec les cheveux toujours bien coiffés, une voix suave, un cinq pièces pour logis et quatre enfants à 25 ans – et je suis tout l’inverse. Ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille sur les mensonges que je me racontais au sujet de la future adulte que j’allais devenir.
J’ai même pas de chien, en plus.
Comment je m’imaginais une fois au travail.
Je ne travaille pas dans un petit bureau bien à moi : je travaille en open space. Dans un grand bureau avec une dizaine d’autres personnes. Du coup, j’ai eu envie d’évoquer les petits avantages et les petits inconvénients d’un tel mode de travail.
À lire aussi : Chloé Vollmer-Lo a capturé la rédac en photos
Des collègues partout
J’ai de la chance : j’ai des collègues dans ma tranche d’âge et ma tranche d’humour et ma tranche horaire et ma tranche de cheddar et ma tranche de cake. C’est avec joie que je bosse en leur compagnie. Du coup, pour moi, cette partie est un avantage complet. J’ai qu’à tourner la tête pour pouvoir parler à quelqu’un de sympa qui partage les mêmes valeurs que moi !
Malheureusement, d’autres – peut-être toi – sont moins bien loties niveau collègues. Il y en a peut-être dont tu as peur (Roger, celui qui est un peu trop gentil pour être honnête), d’autres qui te mettent mal à l’aise (Martine, que tu as surprise en train de te regarder dormir pendant ta sieste réparatrice du midi), d’autres encore dont tu ne comprends pas l’humour (Sophie-Pierre, une brave personne néanmoins).
Peut-être même y en a-t-il des stupides ou des sexistes ou des paranoïaques persuadés que tu veux piquer leur poste, leur chaise à accoudoir, leur mec, leur copine, leur mug ou même leur identité. Et toi, tu dois apprendre à gérer avec ça, avec ce pot-pourri de pensées plus ou moins positives, toujours un peu différentes des tiennes. J’imagine que des êtres humains moins forts mentalement ont succombé à l’ulcère pour moins que ça. Et je te soutiens, oui, je te soutiens très fort, encore plus que le ferait un soutif bonnet A sur des seins qui font du C.
Le cocon dénié
La vie n’est pas toujours une fête ni même un apéro sans alcool. Parfois, on peut avoir un petit coup de grisou, être un peu moins fanfaron que d’habitude. Il peut arriver qu’on ait envie d’être seule, ne serait-ce que dix minutes, pour se recentrer sur soi-même ou, je sais pas, se débarrasser une bonne fois pour toutes d’une flatulence qui prend toute la place dans nos tripes.
Comment faire, dans ce cas, quand on n’a pas de bureau individuel avec une porte qui ferme ? Je te suggère d’aller t’enfermer quelques minutes aux toilettes, même si c’est pas très feng-shui. Moi c’est ce que je fais, et j’en ressors fraîche et sereine.
Et si elles sont occupées ? Voyons le bon côté des choses : au moins, ça nous apprend à prendre sur nous. Ça renforce le professionnalisme et tout. Après on est imperméables aux épreuves de la vie, telle une Vin Diesel des sentiments.
Tout le monde voit ton écran
En open space, ton écran est aisément visible de n’importe où dans le bureau. Ou bien il suffit que quelqu’un passe derrière toi et ait malgré lui (ou pas) un regard de côté pour constater que tu es effectivement en train de travailler sur le dossier Pichon comme tu l’as promis à ton patron… À moins que tu ne sois en train de choisir ce que tu vas acheter pour déjeuner sur le site de Picard. Bim : grillée.
Point d’échappatoire, à moins de rapprocher le plus possible ton bureau du mur pour coller ta chaise à celui-ci et empêcher tout passage derrière toi pour garder ton écran à l’abri des rétines. Ce qui, je pense, risque d’éveiller les soupçons et de t’auréoler d’un alléchant mystère. Résultat, tout le monde finirait par sauter sur ton ordi dès que tu serais sortie pour vérifier ton historique. Là encore : grillée.
Impossible, donc, de Skyper ta moitié (imaginons qu’il/elle soit nu-e) entre deux tâches. Impossible aussi de te regarder une petite vidéo sur YouPorn pour décompresser pendant la pause déjeuner. Si tu ne bosses pas, tout le monde finira par le savoir.
Il te faut donc cravacher. J’espère au moins que t’aimes ton boulot. Et puis ça te permet d’avoir toujours un oeil sur l’écran de l’autre et d’avoir ainsi une monnaie d’échange s’il te jure un jour de confier à ton patron t’avoir vue regarder une vidéo de panda à 17h58 alors que tu finis à 18h : « Non mais dis donc ma poule, tu lui racontes ça, moi je lui dis que tu fais tes graphiques sur Paint, MAIS C’EST COMME TU VEUX HEIN ! ». À la guerre comme à la guerre.
Une symphonie particulière
Les moments de véritable silence sont rares, en open space. Même quand tout le monde y est concentré, un ou des bruits viennent perturber le calme. Moi, les bruits des autres ne me dérangent pas… c’est plutôt les miens qui m’angoissent.
J’ai toujours peur que mon repas du midi ne fasse des bonds dans mon système digestif, que j’agace les autres à force de me moucher bruyamment quand je suis malade, que quelqu’un entende à travers mon casque que j’écoute du Patrick Fiori ou que je me racle la gorge avec un entrain et des matières à l’intérieur auxquelles je ne m’attendais pas.
Entendre les tictic du clavier, les bruits de ventre dès 11h, les bruits de mastication, les canettes de Coca qu’on ouvre… Moi j’aime bien, ça fait partie de mon quotidien. Mais je veux bien croire que ça peut taper sur les nerfs de certaines.
C’est un avantage si tu ne supportes pas de bosser dans le silence, un inconvénient sinon. Ou bien tu peux aussi parfaitement t’en foutre à l’aide de ta marque d’écouteurs préférés. C’est bien aussi.
Le gros casque ou la détresse. Au choix.
Au moins, tu sais quand les toilettes sont libres
Si tu travailles/quand tu travailleras toute seule dans un bureau, tu vivras probablement au moins une fois cette expérience : aller jusqu’aux toilettes et faire demi-tour, les épaules basses et l’envie encore plus forte d’avoir été debout, parce qu’elles étaient occupées. Tu peux pas le savoir si tu bosses avec la porte fermée.
Peut-être même que tu es du genre à ne pas vouloir refaire le trajet trop vite jusqu’aux commodités, de peur de repasser la fois de trop en et qu’on finisse par te rebaptiser Transit Furieux (si on se moque de toi parce qu’on estime que tu vas trop aux toilettes, tu me le dis : je viendrai leur dire deux mots, à tes collègues).
En open space, en revanche, c’est pratique : tu n’as qu’à lever légèrement la tête, compter le nombre de gens qui ont quitté leur chaise, compter le nombre de toilettes, et deviner la chance de ces dernières d’être libres. Ça fait économiser un peu de marche à pied. C’est toujours ça de pris.
Un peu comme le salaire quoi : quel que soit ton amour pour ton job, c’est toujours ça de pris. Et ça, ni open space, ni travail à domicile, ni bureau individuel ne te le volera.
Oh, et si le sujet te parle tout particulièrement, Pétronille (qui a régalé madmoiZelle de ses analyses clipesques) a sorti un livre sur le sujet. Ça s’appelle Guide de survie en open-space et c’est vachement drôle !
Les Commentaires
moi je m arrange pour prendre l ordi près du mur ds le fond ou y a pas de passage héhé ou me mettre a coté d une gentille collegue qui me balancera pas si je bosse pas et entre 2 dossiers bah tu peux quand meme lire un truc qui n a rien a voir av le boulot (c est important de faire des pauses et de deconnecter du taf de tps en tps non mais ho) anse: