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Poussez Madmoizelle

« On parle trop peu de l’après-césarienne » : Tiphaine raconte son accouchement

Ah, l’accouchement. Ce moment si spécial, flippant et transformateur. Parfois rêve, parfois cauchemar, souvent un peu des deux, donner la vie reste en tout cas une expérience que l’on n’est pas près d’oublier. Chaque semaine, dans Poussez Madmoizelle, une personne raconte son accouchement.

Prénom : Tiphaine

Âge : 27 ans au moment de l’accouchement

Bébé attendu le : 12 janvier

Bébé arrivé : 20 janvier

Heure d’arrivée à l’hôpital : lundi, 4h00 du matin

Heure d’accouchement : mardi, 00h34

Stats : 3,480 kg

J’ai réalisé que j’étais enceinte au boulot, un lundi où j’ai failli vomir sur mon bureau. J’étais à 8 semaines, et mon conjoint comme moi étions incroyablement heureux. Tomber enceinte autour de mes 27 ans, c’était un de mes objectifs : je n’étais pas sûre de pouvoir procréer sans aide médicale suite à des problèmes hormonaux à l’adolescence, et je sentais le besoin d’avoir du temps devant moi. Finalement, c’est arrivé très vite !

La grossesse s’est bien passée dans l’ensemble, et en Angleterre, où je vis, mon suivi s’est déroulé sans accroc. Les trois derniers mois cependant, j’ai eu de grosses douleurs pelviennes dont aujourd’hui je garde quelques séquelles. Je travaille depuis avec un coussin de soutien du coccyx.

Ma fille est née à 0h34 précisément, avec huit jours de retard. Mais il faut savoir que pour une grossesse en Angleterre, on compte 40 semaines d’aménorrhée contre 41 en France. Donc finalement, elle n’était pas si en retard ! Elle pesait 3,480 kg.

« Elle était là, il fallait bien qu’elle sorte »

Je n’étais pas tellement anxieuse à l’idée de l’accouchement. Elle était là, il fallait bien qu’elle sorte ! Les séances de préparations à l’accouchement ne m’ont pas semblé très utiles, et il y a quelques discours assez injonctifs (notamment sur l’allaitement) qui m’ont agacée.

J’étais dans un état d’esprit clair : je voulais prendre les choses comme elles allaient venir, me disant que le bébé déciderait bien plus que moi. Par contre, j’étais disposée à recevoir une péridurale, et tous les antidouleurs qu’on me proposerait.

J’ai perdu les eaux une nuit, autour de 4 heures du matin. En arrivant à l’hôpital, les contractions ont commencé à se rapprocher et tout le monde avait l’air de penser que ce serait fini rapidement. Spoiler alert : non. Elles ont ralenti, sont reparties de plus belle… Et moi, j’ai vomi quatre fois. À part de l’eau, je ne pouvais rien avaler.

Des contractions douloureuses

On m’a donné une première dose d’anti-douleurs autour de 8 heures du matin, ce qui m’a permis de dormir un peu et de me reposer.

Midi : les contractions deviennent extrêmement intenses, mais on ne peut pas me donner d’autre dose d’anti-douleur. Marcher me fait très mal, et on me transfère dans une salle en compagnie d’une autre femme dont l’accouchement avait été déclenché, et qui attendait patiemment. Moi, je hurlais de douleur, et elle criait sur le personnel pour qu’on me prenne en charge. Quand j’y pense, c’était mignon : elle essayait sincèrement de m’aider.

16 heures : On me transfère en salle de travail, mais j’étais dilatée à seulement 4 cm. Mes contractions étaient rapides et intenses, mais pas encore assez fortes. On me met sous péridurale à 19 heures, ce qui me soulage et me permet de dormir. Le médecin passait tous les quarts d’heure pour me voir.

Minuit : Mon col de l’utérus est dilaté à 6 cm, alors que je suis à l’hôpital depuis vingt heures. Le médecin en charge me dit qu’il va sûrement devoir me faire une césarienne et, quand il revient quinze minutes plus tard, m’explique que le cœur de ma fille est en train de ralentir. Evidemment, je signe tous les papiers nécessaires à l’opération et me retrouve sur la table d’opération cinq minutes après.

Aussi flippante que soit la situation, avec tout le personnel à s’affairer autour de moi, mon partenaire a pu être à mes côtés, et une sage-femme absolument adorable m’a soutenue dans ce moment. Sa douceur a fait toute la différence. Cinq minutes plus tard, à 00h34, ma fille était née. Quand elle est arrivée, j’ai pleuré… Mais de soulagement, que ce soit enfin fini.

Dans tout ça, mon partenaire a été mon roc. Je lui ai massacré la main, dit 60 fois que je n’y arriverais jamais, il m’a refait ma queue de cheval 20 fois, m’a apporté des bols en plastique pour vomir… Et cette expérience nous a encore plus rapprochés !

Les heures d’après

Je ne m’attendais pas à accoucher par césarienne, mais je crois crois que c’était pour cela que je n’avais pas fait de projet de naissance : on a fait en fonction de ce qui était nécessaire, simplement.

Pendant que je me faisais recoudre, on m’a posé ma fille dans les bras. J’étais un peu dans les vapes, et incroyablement soulagée. Je ne réalisais pas vraiment ! Je n’ai pas eu de bulle d’amour ou d’émerveillement immédiat au moment où je l’ai vue. Pour être honnête, il m’a fallu plusieurs mois pour que je me dise que je l’aimais vraiment.

En Angleterre, les personnes ayant accouché sont ensuite transportées dans des sortes de dortoirs. Je l’ai partagé avec une autre maman, puis avec deux autres personnes au fil des heures. Mais à 4 heures du matin, quand on m’a amenée dans cette pièce, on a demandé à mon partenaire de partir et de revenir à l’heure des visites. J’étais contente qu’il puisse aller se reposer cela dit, et qu’il revienne à 11 heures en forme pour prendre le relais.

Grosse douche froide : j’étais encore sous les effets de l’anesthésie au niveau des jambes donc je pouvais pas me lever ou bouger, et je devais appeler les sages-femmes pour s’occuper de notre fille.

Je suis la dernière de ma fratrie, je n’avais jamais changé une couche de ma vie… donc heureusement que les sage-femmes étaient là. Ça a été un peu le choc au début, je ne savais rien faire. Je me rappelle avoir pleuré à cause de son pyjama qui avait 50 000 boutons à attacher.

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Photo : Jonathan Borba / Unsplash

Ce qu’on dit trop peu sur l’après césarienne

Nous sommes rentrés le lendemain à 18 heures, à ma demande. J’étais soulagée d’être enfin à la maison et de prendre une vraie douche, dans notre salle de bain.

Mais tout ne s’arrête pas là : je trouve qu’on parle vraiment très peu de l’après-césarienne. L’expérience pour moi a été très douloureuse, et difficile à gérer.

Je n’ai pas pu marcher correctement, ni conduire pendant huit semaines. Si on l’avait su, mon conjoint et moi nous serions arrêtés de travailler plus longtemps. J’ai dû porter des bas de contention pendant au moins un mois, ce qui n’a pas mis mon estime de moi au top. J’étais très dépendante des rendez-vous médicaux, ce que je n’ai pas aimé du tout.

Je prenais beaucoup d’antidouleurs, et mettais des réveils pour faire des piqûres anticoagulantes. En Angleterre, les sages-femmes puis les puéricultrices viennent nous voir à la maison la première semaine pour voir l’évolution du bébé, c’est pratique. Par contre, ma cicatrice s’est infectée et j’ai fini aux urgences une semaine après l’accouchement.

Par ailleurs, ayant fait le choix de ne pas allaiter, j’avais beaucoup de lait qui sortait, et mal aux seins. Ça a duré un moment avant de s’arrêter. Et puis, on en parle pas assez mais les premières selles aussi ont été horribles.

Heureusement, mes parents sont venus prendre le relais après les deux semaines de congé paternité de mon compagnon. Cela nous a tellement aidé de pouvoir demander conseil à ma maman ! Au final, la récupération de mon côté à été longue, mais je trouve qu’on s’est plutôt bien débrouillés, et mon conjoint et moi avons été forts ensemble. Aujourd’hui, on rigole de notre galère !

À lire aussi : « Je ne voulais pas de péridurale, et j’ai pu faire sans » : Nolwenn raconte son accouchement


Les Commentaires

3
Avatar de Une_chose_a_la_fois
30 janvier 2022 à 19h01
Une_chose_a_la_fois
Merci pour ce témoignage. Je trouve ça important de se préparer à tous les scénarios possibles (ou du moins à plusieurs scénarios).
Une précision sur les bas de contention : la Haute Autorité de Santé recommande d'en porter pendant 6 semaines après l'accouchement en cas de voie basse, 6 mois en cas de césarienne. Pour prévenir le risque de phlébite.
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