« En s’attaquant aux mères protectrices, la justice prouve, malgré le discours officiel, qu’elle dénie le droit à dénoncer l’inceste et à protéger les enfants et qu’elle manque à son devoir. »
Dans une tribune publiée dans Politis vendredi 22 septembre, nombreux militants, intellectuels ou encore artistes demandent la libération de Priscilla Majani, mère de famille incarcérée depuis janvier dernier pour avoir voulu protéger son enfant de l’inceste.
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Parmi les signataires, on compte la journaliste Giulia Foïs, le militant pour les droits des enfants Lyes Louffok, ou encore Emmanuelle Béart, qui a elle-même récemment témoigné avoir été victime d’inceste.
« L’inceste et la pédocriminalité ne sont pas des crimes de classe »
Initié par les avocates de Priscilla Majani, le texte dénonce « l’aveuglement insupportable de la justice engluée dans le déni) ». Pour rappel, en janvier dernier, Majani avait été condamnée en appel à plus de deux ans de prison pour « soustraction et non-représentation d’enfant ». Il y a onze ans, après que sa fille, âgée de cinq ans au moment des faits, avait accusé son père de viol et agression sexuelle, et le classement sans suite de sa plainte en seulement quelques jours, elle a fui en Suisse pour la protéger.
Ainsi, le texte, qui d’abord, revient largement sur les chiffres alarmants de l’inceste et les méthodes qui poussent au silence des victimes, dénonce : « Mais qui peut raisonner ainsi ? Qui admet de dire : ‘votre fille a peut-être été violée par son père mais dans le doute remettez lui votre enfant’ ? Pas Priscilla Majani. Et quel choix s’offrait à elle, face à cette injonction paradoxale ? C’est pourquoi nous avons introduit un recours devant la Cour de cassation pour contester sa condamnation et la disproportion de la peine », peut-on lire dans le texte.
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Pour les signataires, une « prise de conscience doit être collective et elle doit être égalitaire : l’inceste et la pédocriminalité ne sont pas des crimes de classe et il faut arrêter de croire qu’ils ne concernent que certains milieux ».
« On ne peut cautionner une justice qui inverse les culpabilités et condamne une mère qui a agi comme tout parent aurait le souffle de le faire : Priscilla Majani n’est pas la seule à être sanctionnée pour avoir simplement cru son enfant et voulu la protéger », peut-on encore y lire. Pour rappel, en cas d’inceste, 73% des plaintes sont classées sans suite, avait alarmé en 2022 la Ciivise.
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