Les hommes sont plus efficaces et font moins d’histoires. Ah, vraiment ? En 2002, une expérience diffusée sur Chanel 4 a réuni dix petits garçons puis dix petites filles dans une maison où les deux groupes ont vécu respectivement pendant une semaine sans supervision.
Si cette expérience refait beaucoup de bruit depuis quelques semaines, c’est qu’elle se penche sur une problématique encore très actuelle : les filles et les garçons ne sont pas élevés pareil et cette éducation genrée influence à l’extrême le comportement des enfants.
Sa majesté des mouches, le remake
Lors de l’expérience réalisée en 2002, dix garçons âgés de 11 et 12 ans se sont réunis dans une maison pour passer ensemble une semaine sans supervision. En quelques jours, leur logement est entièrement ravagé. Malgré des cours de cuisines préalables, les enfants se nourrissent exclusivement de snacks et de soda. Socialement, l’ambiance est conflictuelle et deux groupes s’affrontent, bien qu’un bouc émissaire commun ait été désigné. En bref, c’est un fiasco et les petits garçons sont incapables de se débrouiller seuls.
Dans un second temps, dix petites filles sont rassemblées dans les mêmes conditions. Cette fois, les fillettes cuisinent les unes pour les autres, mangent toutes ensemble, assises à table, et débarrassent spontanément leurs couverts.
Elles répartissent les tâches ménagères grâce à un système de roulement et pensent même à se laver. Si elles aussi peignent sur les murs, elles ne détruisent pas, mais décorent. Elles organisent des jeux collectifs et se soutiennent globalement les unes les autres. Bien sûr, on observe des disputes et des moqueries. Certaines ont même demandé à rentrer chez elles en cours d’expérience, mais dans l’ensemble, ces enfants sont capables de prendre soin d’elles et de faire fonctionner leur communauté.
La différence entre les garçons et les filles ? Leur éducation
Si cette expérience date, elle est encore largement commentée sur les réseaux sociaux et les mécanismes genrés qu’elle révèle sont toujours d’actualité. Les petites filles sont encore incitées dès le plus jeune âge à prendre soin des autres et de leur environnement. Les petits garçons, eux, sont conditionnés à ne penser qu’à eux et se concentrer sur des activités étiquetées masculines.
Ce sont pourtant eux qui sont valorisés et que l’on considèrera plus tard comme les leaders naturels de notre société. À l’inverse, celles qui reçoivent l’éducation montrant les meilleurs résultats en termes de survie, d’organisation et de vivre ensemble, seront considérées comme des citoyennes de seconde zone et leurs compétences sociales seront minimisées, voire tournées en ridicule.
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Cette expérience illustre des phénomènes dont nous étions conscients, comme l’impacte délétère d’une éducation genrée. Elle nous prouve encore une fois que, non seulement nos modes éducatifs sont toxiques, mais que les femmes et l’éducation qu’elles reçoivent seraient parfaitement adaptées aux positions de pouvoir. En un mot, si nous voulons que nos enfants puissent se débrouiller seuls sans se taper dessus et ériger la société pacifiste de demain, il suffit de les éduquer comme des filles.
Crédit photo image de une : Pexels
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Les Commentaires
Ce que beaucoup de personnes qui prônent une "éducation non genrée" souhaitent c'est plutôt une éducation "exempte de stéréotypes de genre". Et à mon sens c'est effectivement vers cela qu'il faut tendre... Et même vers une éducation exempte de stéréotypes tout court. Mais Dieu que c'est compliqué car les stéréotypes sont partout, omniprésents, que ça soit les stéréotypes sur les genres, sur les couleurs de peau, sur les religions, sur les origines, sur la classe sociale, sur.... tout en fait. Donc oui ce qu'il faut prôner c'est une éducation hors des stéréotypes, hors des étiquettes, basée sur le respect des individualités, l'acceptation des différences et la bienveillance. Mais c'est chaud...