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Indiana Jones 5 // Source : lucasfilms
Culture

On a vu Le Cadran de la Destinée, et il prouve qu’Indiana Jones n’est vraiment pas un héros comme les autres

Vous avez une envie de cinéma, mais ne savez pas quoi choisir parmi les sorties en salles ? Dans Premier Rang, Maya Boukella, journaliste pop culture chez Madmoizelle, vous recommande un film à l’affiche. Cette semaine, on s’est demandé si Le Cadran de la Destinée offrait à Indiana Jones la conclusion qu’il mérite.

Après une première salve de critiques plus que tièdes d’Indiana Jones et Le Cadran de la Destinée, l’ultime aventure d’Indiana Jones est enfin sortie au cinéma ce mercredi 28 juin. Si l’on ne peut que vous conseiller d’aller la voir pour tourner la dernière page d’une saga ayant bercé notre jeunesse, le constat est sans appel : malgré le plein nostalgie, Indy méritait mieux !

Voici notre critique, garantie sans spoilers !

À lire aussi : Asteroid City montre que le cinéma de Wes Anderson n’est jamais aussi bon que quand il reste simple

Indiana Jones et Le Cadran de la Destinée, de quoi ça parle ?

1969… L’estimé professeur d’archéologie Indiana Jones est sur le point de prendre une retraite bien méritée, dans son appartement modeste où il vit désormais seul. Mais ses plans de repos sont contrecarrés par l’arrivée inopinée de sa filleule Helena Shaw. Toujours en quête des affaires les plus juteuses, cette arnaqueuse hors pair est à la recherche d’un artefact rare extrêmement précieux, que son père a confié à Indy des années plus tôt. Il s’agit du cadran d’Archimède, un appareil qui aurait le pouvoir de localiser les fissures temporelles.

Après avoir volé le précieux objet à son parrain, la jeune femme intrépide quitte le pays pour le Maroc, où elle tente de le vendre au plus offrant. Indy se voit donc obligé de se lancer à sa poursuite… tout comme l’ancien nazi Jürgen Voller, un ancien ennemi d’Indiana Jones qui convoite le cadran pour changer le cours de l’histoire mondiale.

Les ingrédients d’Indiana Jones sont là…

Si vous redoutiez d’être trop dépaysée avec ce dernier opus, rassurez-vous : en bon élève succédant au maître Spielberg, James Mangold dissémine dans son film tous les ingrédients qui ont créé la légende Indiana Jones. De la musique iconique de John Williams, à l’habile mélange entre cascades ahurissantes, prises de risques inquiétantes et sens aiguisé de l’humour et de la légèreté, on retrouve bien la pâte de la saga.

Lorsqu’il apparait à l’époque contemporaine pour la première fois à l’écran, Indiana Jones est plus attachant que jamais en vieux monsieur aux genoux cagneux.

Il ne demande qu’une chose, c’est qu’on le laisse tranquille. Si son corps a vieilli, son cœur, lui, ne s’est pas desséché : Indy n’hésite jamais à s’élancer vers l’aventure et le danger lorsque le devoir ou sa passion pour l’Histoire l’appellent.

À l’instar d’une excellente première séquence de vingt minutes montrant un Harrison Ford rajeuni grâce aux outils du numérique, le film va assumer le parti pris qu’Indy n’est pas un papy comme les autres : soudainement au top de sa forme, il va multiplier les cascades rocambolesques, ce qui, à défaut d’être réaliste, fait glisser le film dans le champ du divertissement qui ne se prend pas trop au sérieux.

Indiana Jones 5 // Source : lucasfilms
Indiana Jones 5 // Source : lucasfilms

Le film compense le fait de faire reposer toute l’action et l’humour sur les épaules d’un vieil homme, en mettant sur le devant de la scène un autre personnage, qui est à la fois l’alter ego et l’opposé d’Indiana Jones. La transmission vers sa filleule fonctionne. Helena a hérité de l’audace, de l’intelligence, de la malice et du sens de la répartie de son parrain, tout en restant très différent de lui – des différences qui seront à l’origine de leurs réjouissantes prises de bec.

Le film met en scène la confrontation de deux points de vue sur le monde : Indiana Jones est toujours motivé par l’amour de l’archéologie, quand Helena ne rougit pas du fait que le moindre de ses choix est motivé par l’appât du gain. Sans surprise, on peut compter sur le talent de Phoebe Waller-Bridge pour l’originalité de ce personnage effronté, qui ne s’encombre pas trop de considérations morales pour préférer le gout du risque et des grosses sommes.

…La magie et la mythologie en moins

Des acteurs excellents, un casting malin, l’héritage d’un univers culte… a priori, Le Cadran de la Destinée avait tout pour être une conclusion grandiose.

Malheureusement, le réalisateur James Mangold rate ce coche. Le film a beau multiplier les clins d’œil aux moments cultes de la saga – une scène dans laquelle les ennemis d’Indiana brandissent des pistolets contre son fouet, le caméo de Sallah, ou encore le personnage du petit Teddy, qui est clairement un hommage à l’adorable Demi Lune dans Indiana Jones et le temple mauditcela ne suffit pas à ressusciter l’âme d’Indiana Jones.

indiana jones 5 // Source : Lucasfilm
indiana jones 5 // Source : Lucasfilm

Car, au-delà de ses gimmicks, si Indiana Jones est une excellente saga, c’est précisément grâce à sa capacité à créer de la magie, du mystère, du mythe. Chaque aventure d’Indiana Jones est une incursion dans un nouvel univers incroyablement inventif et passionnant, qui compose habilement entre des éléments historiques réels (les nazis, la guerre…) et de pures créations imaginaires (comme cette secte horrible qui mangeait des cœurs et nous a traumatisées pour la vie.)

C’est ce qui fait défaut dans Le Cadran de Destinée : le film consiste en une course poursuite de chaque instant vers un objet dont on ne prend jamais le temps de nous faire éprouver ce qu’il a de si magique, de si fascinant.

D’une durée de 2h35, le film semble d’autant plus long qu’il n’utilise pas ce temps pour construire une aventure palpitante autour de l’artéfact. Au lieu de cela, il multiplie des scènes de course-poursuite si nombreuses qu’elles en deviennent redondantes et souvent illisibles. Indiana Jones et sa petite bande poursuivent ou sont poursuivis : peu importe pourquoi ou par qui, l’important est de produire les scènes les plus explosives possibles. À ce titre, le film passe à côté du fascinant Mads Mikkelsen, qui ne trouve que peu de place dans cette cacophonie, et n’a pas l’espace pour être un vrai méchant mémorable.

Il en va de même pour Teddy, l’héritier symbolique de Demi Lune, dont on ne comprend pas vraiment à quoi il sert dans le film, contrairement à son prédécesseur si marquant.

Source : LucasFilm
Source : LucasFilm

Très vite devant le film, on comprend que Disney a souhaité faire rentrer Indiana Jones dans le moule du film d’action contemporain, comme il en sort tous les jours sur les plateformes à la Netflix, oubliant que ce personnage est absolument unique et loin d’être interchangeable.

Or, ce défaut est plus que regrettable dans le film testament d’un héros archéologue, c’est-à-dire un personnage capable de découvrir les trésors cachés dans un territoire que personne n’explore, ou la magie d’un objet que tout le monde considérerait comme un bibelot. Au-delà de l’action et des effets spéciaux, c’est bien la curiosité, l’intelligence, le courage et la passion d’Indiana Jones qui nous transportaient à chaque fois vers ces univers extraordinaires. Si l’on oublie cet ingrédient, les autres deviennent peu utiles…

Ainsi, malgré toutes ses bonnes intentions, sa volonté de bien faire, Le Cadran de la Destinée est regardable, mais très oubliable… or, Indiana Jones est inoubliable : il aurait mérité mieux.

Premier Rang, c’est la chronique sans langue de bois de Maya Boukella, journaliste pop culture chez Madmoizelle, dans laquelle elle vous conseille le film à voir au cinéma cette semaine. Un rendez-vous hebdo pour dénicher les pépites du grand écran, en ne gardant que le meilleur des films à l’affiche et des sorties de la semaine.

Pour découvrir la critique de Kalindi, c’est par ici !


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