L’une, Lila, est journaliste féministe qui essaye de faire survivre son média indépendant avec ses deux amies et collaboratrices — Jeanne (Aloïse Sauvage) et Alice (Marion Seclin). L’autre, Marcus, est une star de la chanson qui fait du rap « provoc’ » en disant que les filles c’est toutes des putes.
Leurs destins vont se croiser à la période de Noël, lorsqu’ils font leurs courses. Ils vont se retrouver dans les sous-sols d’une galerie marchande, pendant que Lila fait une clé de bras au vigile (oui c’est compliqué à expliquer) et que Marcus essaye d’échapper à une foule de fans en délire.
Les deux personnages que TOUT oppose vont discuter et blaguer ensemble, puis échanger pas mégarde leurs sacs de shopping. Ce qui va les amener à se revoir. Pratique le hasard dis donc.
C’est ainsi que commence Christmas Flow, la comédie romantique de Noël en 3 épisodes de 45 minutes chacun proposée par Netflix France en ce beau début d’hiver 2021. Et comme on a le cœur sur la main, on l’a regardé pour vous.
(On va spoiler mais bon vous imaginez bien comment ça finit, hein, c’est pas un Nolan le truc.)
Christmas Flow, trop long pour être vraiment bon
Disons-le clairement : Christmas Flow mérite d’être un film d’1 heure 20 plutôt que 3 épisodes de 45 minutes qui tirent en longueur une trame pas très palpitante.
En effet, Christmas Flow pourrait être une fiction intéressante qui explore deux milieux qu’on associe très rarement : le féminisme et le rap. Ça pourrait également être une bonne comédie romantique de Noël. Malheureusement… La magie n’opère pas.
L’histoire est très superficielle et pourtant assez bordélique. Ça part dans tous les sens, mais malgré tout on ne reste pas captivée. Rythmée par des quiproquos et ellipses, l’intrigue est à la fois trop complexe et trop simpliste.
N’écoutant que mon courage, j’ai tenté, pour vous public, de découper le scénario.
Marcus et Lila se rencontrent, ils se détestent, puis se draguent. Lila veut sauver son média féministe bientôt sur la paille, et Marcus lui fait une donation anonyme, car il veut se racheter une bonne image.
Lila apprend ensuite que Marcus est le donateur mystérieux qui a permis à son média de survivre. Elle est en CO-LÈRE ! Puis elle se fait passer pour la petite copine du rappeur auprès des parents de ce dernier… Ils se disputent… Une année passe… Ils se retrouvent… Ils se chopent et tombent finalement amoureux.
Fin.
Et là je n’évoque pas les intrigues annexes, dont la trame parallèle entre Marcus et son ami d’enfance Verno — interprété par le rappeur Sadek — avec lequel il s’est disputé à cause d’un morceau qu’ils avaient crée ensemble.
J’ai toujours beaucoup aimé Sadek, même son album Johny De Janeiro avec sa magnifique chevelure bouclée. Mais encore une fois, son rôle est très confus ici : on ne comprend pas si c’est l’ennemi de Marcus ou s’il est là pour l’aider ! Il pourrait avoir un rôle clé, mais le coche est loupé. (J’arrête les rimes, ça devient gênant.)
Globalement, la série lance beaucoup de trames différentes, mais n’en approfondit aucune. Peut-être qu’il aurait été plus simple de raconter moins de choses et d’explorer avec plus de précisions les problématiques de Lila et Marcus ?
De plus, le fait que le film se passe pendant Noël n’a aucun intérêt réel pour l’intrigue, mais ça c’est propre à la moitié des contenus de Noël, je crois.
Les personnages mous du genou de Christmas Flow
Bien que j’ai moi-même écouté Moi, je prouve de Tayc (Marcus dans la sérié) pendant tout l’été 2020 — et que je scandais le refrain une main sur le coeur tel une vraie chanteuse de RnB — son personnage du rappeur sulfureux n’a pas vraiment réussi à me convaincre.
Il est présenté comme un bad boy assez détestable, qui considère que tacler les meufs dans ses chansons, c’est une forme de provocation. Il se retrouve dès le début de l’histoire avec un procès aux fesses pour « incitation à la haine envers les femmes ». Il est donc le grand ennemi du féminisme.
Un manque de profondeur
Bien que ça soit assez simpliste de présenter un rappeur comme misogyne, c’est une point de départ qui pourrait être intéressant. Beaucoup de rappeurs ne font pas beaucoup de nuances lorsqu’il s’agit de parler des femmes dans leurs textes, et ça pourrait être une super thématique à explorer dans de la fiction.
Mais Marcus n’est pas vraiment un personnage très nuancé (coucou l’euphémisme, assieds-toi, je t’en pris). Son parcours est celui d’un rappeur qui scande « toutes sont des putes à part elle » et dont le producteur veut le « sopranoiser » (sic) en en faisant un allié du féminisme. Je ne pensais pas que l’artiste Soprano pouvait devenir un adjectif, c’est assez fort !
Encore une fois, le parcours d’un rappeur vers la compréhension du féminisme est un sujet ayant du potentiel. Mais Christmas Flow n’en fait pas grand chose… Car le problème principal de la série, c’est les faiblesses scénaristique et le manque de profondeur des personnages.
La catch-phrase du film partagée par Tayc témoigne assez directement du manque de nuance de l’intrigue :
« Il est misogyne, elle est féministe, tout les oppose, et pourtant… »
La misogynie et le féminisme sont effectivement mentionnés plus d’une fois dans Christmas Flow, mais ne sont jamais réellement explorés. Il s’agit de concepts abstraits qui « définissent » les personnages sans pour autant apporter de l’intérêt à l’intrigue.
Alors, j’entends bien que cette série ne se veut pas être une drame complexe sur la nature de l’Homme et toutes ses nuances, qui amènerait Marcus à être torturé entre l’amour d’une féministe et le désir de provoquer à travers son art. Je comprends bien que la série se veut légère et familiale.
Mais si le point de départ de l’histoire, c’est de parler de misogynie et de féminisme, ça serait super de le faire… pour de vrai !
Le féminisme survolé dans Christmas Flow
Le personnage de Lila est censée être une journaliste féministe ayant lancé un média indépendant avec deux amies, lequel s’appelle : Les Simones. (Toute ressemblance avec une plateforme existant ou ayant existé…)
L’idée de parler de journalistes féministes est, encore une fois, une très bonne idée ! Mais malheureusement, le féminisme ne fait pas partie du tout de l’histoire… À part lorsqu’il s’agit de râler sur des paroles de chansons misogynes ou sur le fait que les garçons ne font pas la cuisine.
Le féminisme est un sujet assez dense qui peut être difficile a explorer en 3 épisodes de 45 minutes, certes. Mais dans Christmas Flow, il est présenté presque comme un trait de caractère de Lila et ses collaboratrices, qui permet uniquement de les mettre en opposition avec Marcus !
À aucun moment on n’explore leur travail, les idées derrière leur média, ou encore les problématiques qu’elles rencontrent en étant des femmes activistes.
Tout est bien qui finit bien dans Christmas Flow (mais un peu trop)
À la fin de l’histoire, Marcus crée un morceau avec son ami d’enfance, Verno, et Lila lui dit : « Là, tu te rends compte que tu peux faire des trucs bien sans insulter les meufs ».
Ce dénouement se voudrait être la conclusion du chemin de Marcus vers la compréhension du féminisme. Sauf qu’à aucun moment la série n’a exploré cette problématique ! La vraie conclusion, c’est que Marcus et Lila finissent ensemble, et que ça suffit bien.
Globalement, Christmas Flow est une histoire d’amour basique ayant initialement du potentiel, mais qui reste malheureusement trop simple, avec des personnages trop peu creusés, toujours sur la même note. C’est regrettable car féminisme et rap pouvaient donner lieu à une histoire intéressante… Peut-être pour Noël prochain ?
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Crédit photo : Youtube de Netflix France
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