Certains réalisateurs mettent tout le monde d’accord. C’est le cas de Denis Villeneuve dont le travail fait l’unanimité depuis 1994.
J’aurais aimé être une pionnière de la critique et trouver deux/trois trucs à redire sur son nouveau baby de science-fiction, mais j’ai beau chercher, je ne trouve pas.
Ah si : vu les 2h36 de film, j’ai crevé la dalle pendant tout le visionnage et j’ai fini par dépenser 2000€ au Pathé pour un paquet de chips et des Schtroumpfs. Voilà, c’est tout. J’envoie la note à Denis Villeneuve.
Denis Villeneuve, l’homme qui transforme le sable en or
Ils sont rares, ces maestros du cinéma qui conquièrent le monde dès leurs premiers films. Mais Denis Villeneuve figure parmi eux.
Comptant plusieurs « cycles » à sa cinématographie, du politique et social avec Incendies et Polytechnique, à la science-fiction avec Premier Contact, Blade Runner 2049 et Dune en passant par le thriller avec Prisoners, Sicario et Enemy, Denis Villeneuve sait sauter de style en style en conservant sa patte.
Toutes les thématiques qu’ils touchent, aussi plurielles soient-elles, deviennent alors instantanément matière précieuse.
Et Dune, bien sûr, ne fait pas exception.
Dune, l’histoire complexe de l’élu des sables
Attention, je vais me lancer dans un exercice que seuls les geeks très talentueux parviennent d’ordinaire à relever : résumer Dune.
Dune, c’est l’histoire d’un garçon prénommé Paul (drastiquement commun comme nom, quand tous les autres personnages s’appellent Glossu, Stildar ou Duncan Idaho), dont le destin est censé changer le cours de l’univers.
Alors qu’il rêve en permanence d’une jeune femme frisée aux yeux bleus turquoises qui marche au ralenti dans le sable (ah si, voilà : ça, c’était chiant dans le film), il décide de s’envoler pour la planète la plus dangereuse qui existe afin de veiller, aux côtés de son père, sur le peuple qui y habite : les Fremen. Planète où, vous l’aurez compris, vit cette mystérieuse jeune femme aux yeux bleus, dont le destin semble être lié au sien.
Sur Arrakis, cette « dune » qui ressemble franchement à une omelette norvégienne vue de dessus, la survie est un combat de chaque instant. Désertique et brûlante, la planète emporte tous les « faibles » à simple coup de chaleur et de sécheresse.
Et les conditions climatiques n’y sont pas les seuls dangers : les vers de sable, créatures immenses aux milliers de dents, y règnent en maitres et font figure de divinités pour les Fremen.
De plus, la planète recèle la ressource la plus chère et la plus précieuse de l’Imperium : « l’Épice », une substance qui immunise contre les poisons, procure des facultés mentales surhumaines et surtout permet la navigation interstellaire. Autant vous dire qu’elle est la source de multiples conflits et de guerres sanglantes, dont la famille de Paul va faire les frais…
Est-ce que j’ai passé le test du résumé de ce premier volet de Dune ? Rien n’est moins sûr, et pour cause : je mentirais si je disais avoir pigé tous les enjeux des nations ennemies et les politiques complexes de l’univers inventé par Franck Herbert en 1965.
Une chose est certaine toutefois, le travail d’adaptation de Villeneuve est brillant en cela qu’il rend accessible ce monument de la littérature, qui en a pourtant découragé plus d’un au bout de la cinquantième page.
Dune, une adaptation qui transcende l’œuvre originale
Plusieurs réalisateurs se sont d’ailleurs cassé les dents sur le projet d’adapter Dune. À commencer par David Lynch — auquel on connaît pourtant peu d’échecs, mais toute exception confirmant la règle, le créateur de Mulholland Drive et de la magistrale série Twin Peaks s’est bel et bien loupé en 1984, en délivrant un film qui désormais est mi-moqué, mi-adulé.
Et il n’est pas le seul à s’être pété un genou sur l’exercice, puisque la version d’Alejandro Jodorowsky a été avortée suite à des soucis de studios ; que Ridley Scott, désireux lui-aussi de livrer son adaptation, s’est finalement désinvesti pour bosser sur Blade Runner — dont Villeneuve a réalisé la suite — (et la boucle est bouclée) ; qu’une nouvelle mouture a été en projet chez Paramount Pictures en 2011 avant d’être elle aussi abandonnée… Bref, donner vie à Dune sur grand écran semble être une activité résolument casse-gueule.
C’était sans compter sur Denis Villeneuve à qui rien ne semble, décidément, ni faire peur ni résister.
Ainsi, en 2h36, le cinéaste canadien révèle toute l’étendu de sa maestria. Et il n’est pas le seul, car l’esthétique superbement épurée de Dune passe par le travail de toute une équipe technique, à commencer par le chef opérateur du projet, Greig Fraser, une pointure dans le milieu, notamment connu pour avoir travaillé sur Bright Star de Jane Campion et Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow. À ses côtés, on note Hans Zimmer à la musique, Bob Morgan aux costumes et Eric Roth (Forrest Gump) au scénario.
Ainsi, les lumières, les designs divers des vaisseaux spatiaux, les décors, la musique les costumes : tout participe à transcender l’œuvre écrite par Frank Herbert.
Dune, un casting convaincant
Évidemment, l’atout charme de Dune réside également dans son casting.
En tête d’affiche, on retrouve le très en vogue Timothée Chalamet, qui ne compte aucun faux-pas à sa filmo déjà bien remplie ; Rebecca Ferguson, sensationnelle dans le rôle de la mère de Paul ; Zendaya (qu’on ne voit que quelques minutes) ; et une foultitude d’autres acteurs dont le tout-Hollywood raffole.
À l’exception de Josh Brolin, qui semble tout droit sorti d’une séance d’abdos au Neoness de porte de Clignancourt dans son t-shirt basique et sa coupe de militaire 2.0, tous les acteurs participent à faire rayonner cette œuvre cosmique.
Si l’esthétique de ce space opera est globalement bluffante, on peut toutefois émettre certaines réserves sur les milliards de ralentis qui étirent le produit à l’infini et donnent aux scènes de Zendaya des allures de pub pour parfum Hermès.
Mais bon, je pinaille.
Sinon, je vous encourage plutôt deux fois qu’une à vous ruer en salles dès aujourd’hui pour survoler cette belle omelette norvégienne qu’est la dune de Dune !
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Les Commentaires
Comme Ktykonéko, j'ai trouvé un sens aux phases lentes qui permettent de respirer dans une histoire très dense et qui renforce le côté contemplatif qui marque le début d'une quête christique.
J'ai tellement aimé que j'ai acheté le premier tome du cycle et j'ai passé une heure à échanger avec la libraire sur le film. Au passage, le roman est très prenant.
Ce soir ou demain, on regardera la version de Lynch pour repérer les scènes qui ont été remises en 2021 et se faire un avis. Mon copain l'adore, d'autres le disent kitch, j'ai hâte de trancher.
Petit bémol de l'article: Josh Brolin est sexy et efficace dans son rôle bien qu'il ne correspondent pas au perso original.
Et il est sexy.