Consentir, c’est quoi ? Souvent, la réponse n’est pas facile… Quand on se penche sur des chiffres de Santé Publique France, elle devient plus pressante.
Plus d’une jeune femme sur 10 ne consent pas à son premier rapport sexuel
Selon l’une de leurs enquêtes, 10,7% des jeunes femmes entre 18 et 29 ans estiment que leur première fois a été « acceptée mais pas vraiment souhaitée ». Et 1,7% d’entre elles estiment carrément avoir été forcées.
Ça fait plus d’une jeune femme sur dix, qui cède. Qui ne consent pas : qui cède.
Chez les jeunes hommes, les taux s’élèvent respectivement à 6,9% qui estiment avoir accepté mais pas vraiment souhaité et 0,3% qui considèrent avoir été forcés.
Ces chiffres sont déplorables. Ils témoignent du peu d’information dont disposent les jeunes au sujet du consentement.
Le CRIPS Île de France, qui mène de nombreuses actions de prévention en matière d’éducation sexuelle, estime pourtant que lorsqu’on intervient dans les classes le sujet émerge d’une manière ou d’une autre dans 70% des cas – des chiffres confirmés par l’INJEP.
Bien sûr, peut-être pas avec le mot « consentement », mais malgré tout c’est bien de ça qu’on peut parler lorsqu’on répond aux interrogations telles que « comment va se passer ma première fois ? ».
Mais seuls une minorité d’élèves ont accès à toutes les séances d’éducation sexuelle obligatoires à cause de la non application de la loi concernant l’éducation sexuelle.
« OK. Pas OK. », la campagne cruciale sur le consentement
En attendant que la circulaire parue à la rentrée permette – on l’espère – une meilleure application de la loi, une campagne de prévention a vu le jour. Elle est diffusée officiellement à partir d’aujourd’hui par Santé Publique France, via son site onsexprime.fr.
Un podcast en 5 épisodes, dans lesquels cinq jeunes issu·es de divers horizons témoignent de premières fois, de relations qu’ils ont eu et qui se sont plus ou moins bien déroulées.
Il y a Maria par exemple, 17 ans, qui raconte justement avoir cédé :
« Pour lui faire plaisir, parce que j’étais folle amoureuse de lui, je lui ai fait comprendre que « bon d’accord, si tu veux ». C’est là qu’il a encore poussé ma tête, que j’ai dû lui faire une fellation. […]
Je l’ai fait mais après je me suis vite levée, je voulais partir parce que franchement c’était pas de mon propre gré que je l’ai fait, je ne voulais vraiment pas en fait, mais vraiment vraiment pas. »
On est typiquement dans la situation décrite par 10,7% des jeunes femmes.
Toutes les questions que soulèvent le consentement chez les ados
Bien sûr, les cas de figure varient grandement, il n’y a pas de règles immuables. Par exemple, Olivier aussi témoigne. De son côté il a eu l’impression d’avoir été forcé… mais par lui-même.
« À un moment il m’a léché les tétons. Et j’aimais pas ça… mais j’ai pas dit. Du coup je lui ai fait aussi, mais lui il aimait trop ça ! […]
Lui il voyait que j’étais pas trop trop à l’aise, il disait « ça va, tu veux qu’on arrête ? » mais moi qui dit « non, non t’inquiète tout va bien, oui on y va, oui j’ai envie ». Sauf que moi même j’avais l’impression de vouloir alors que j’avais pas forcément envie. »
C’est comme s’il s’était convaincu sur le moment, ne sachant pas exactement ce qu’il voulait… et avait regretté ensuite.
Depuis, il a été capable de reconnaître les signes qui illustrent la fébrilité d’un partenaire : il a appris à s’assurer par de multiples questions de l’état d’esprit de la personne avec qui il partage ce moment.
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Apprendre à dire et à écouter le « non », c’est crucial
L’apprentissage par l’expérience peut être efficace, comme l’illustre aussi bien les propos d’Adèle qui raconte comment après avoir eu une mauvaise réaction un jour, son copain a soudain pris conscience qu’elle avait un libre arbitre :
« Il a commencé à me caresser, et je lui ai dit « écoute, j’ai pas trop envie là, j’ai juste envie de me mater un film ou quoi, pas envie de coucher avec toi ce soir. Et il me fait « mais allez vas-y, tu peux essayer ? ».
[…] Je lui ai dit « non mais vraiment, arrête ». Il s’est jeté hors du lit et avec le regard méchant, noir, il a commencé à m’engueuler, à me dire que je ne l’aimais plus… […]
Et d’un coup, il s’est arrêté pour reprendre son souffle. Du tout au tout il est passé de super énervé à la personne super calme et il a dit « mais en fait, je ne sais même pas pourquoi je réagis comme ça, ça paraît logique que des fois tu n’aies pas envie. » Même lui ne comprenait pas pourquoi il avait réagit aussi violemment. »
Mais l’idéal c’est surtout de ne pas avoir à passer par des épisodes comme celui-ci pour en avoir conscience. C’est de savoir s’assurer que son ou sa partenaire est bien prêt dès la première fois où l’on est en passe d’avoir des rapports.
C’est la bonne expérience que raconte Marèva, presque à sa propre surprise :
« Même quand j’étais dans la dernière seconde avant qu’on fasse l’amour, il me disait « mais t’es sûre, tu veux vraiment le faire avec moi ? Je trouvais ça bizarre, je me disais il a peut-être pas confiance en lui…
Mais en fait pas du tout, c’est juste normal. Il me disait « si tu veux on peut faire ça, si tu préfères… ». J’étais vraiment à l’aise avec lui, zéro gêne. »
Apprendre le consentement, avec « Ok. Pas Ok. »
Cette série de podcast témoignages peut permettre de vraiment se projeter dans des situations afin de savoir par la suite reconnaître un oui franc, un oui hésitant qui mérite que l’on s’arrête un instant avant de continuer ou non, ou simplement… un non.
L’idée est d’apprendre à la fois à exprimer son consentement, et à le demander.
Tu peux retrouver toute la série réalisée par Delphine Dhilly pour Santé Publique France sur onsexprime.fr !
Par ici pour écouter les témoignages
Et n’hésite pas à flâner sur le site, il y a plein de contenus autour de la sexualité en général qui peuvent t’intéresser.
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