Les oiseaux, vous trouvez ça mignon ? Inconscient•e•s que vous êtes ! Ces choses à plumes qui n’ont même pas de bras (ce qui n’a aucun sens) sont de véritables estomacs sur pattes sur-équipés, qui se fichent comme d’une guigne de l’effet de leur bec sur vos yeux. Même le moineau joli vous boufferait le bras pour une miette de votre pain au chocolat (ou de votre chocolatine, pour la minorité qui résiste).
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Néanmoins, force m’est d’admettre qu’il y a pire que la meute de goélands qui tapent à votre fenêtre pour goûter à votre brunch, ou que le pigeon qui vous chie dessus alors que vous êtes déjà en retard. Plus que des prédateurs, certains volatiles sont des forces de la nature, des merveilles d’ingéniosité, des guerriers à plumes… Et de parfaits sadiques.
Vous ne me croyez pas ? Vous écoutez toujours pépier le petit rouge-gorge avec émotion et tendresse ? Alors préparez-vous à découvrir les « psychopiafs »* du monde volatile.
*Merci à Myriam La Vile pour ce jeu de mots formidable.
Le casoar, machine à tuer… et à plumes
Vous êtes-vous déjà retrouvé•es nez à nez avec un casoar ? Ne réfléchissez pas : vous vous en souviendriez. D’abord, parce que cet oiseau, si réellement c’en est un, ne se rencontre qu’en Nouvelle-Guinée ou en Australie. Ensuite, parce qu’il a tout de l’autruche qui aurait sauté le pas en goûtant à la viande, et recherche le goût du sang depuis. Pour autant, le casoar est un animal (essentiellement) herbivore, mais ce n’est pas évident.
Admirez-moi ce casque digne d’un dinosaure, et ces yeux injectés de sang et de mauvaise humeur arbitraire :
On pourra m’accuser de ne faire là que du délit de faciès sournois. Mais le pauvre oiseau victime de « ma vile discrimination » mesure entre 150 et 180 cm de la patte au casque, se tient sur deux petons ornés chacun d’une griffe aiguisée de 12 cm avec laquelle il peut blesser mortellement son adversaire en plein saut, et n’a de ce fait pas vraiment besoin de vous pour prendre sa défense.
Mais merci quand même.
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Et ne me sortez pas l’argument du « Ouiii, mais enfiiin, ça veut pas dire qu’il s’en sert pour attaquer tout ce qui bouge, blablabla… ». L’animal est supposé se nourrir de fruits, de champignons, de souris mortes, et de n’importe quelle autre saloperie qu’il aura retrouvé par terre. La griffe, c’est pour chasser la fraise sauvage, peut-être ?
L’oiseau ne mange pas de l’humain. Mais il peut être pris d’épisodes psychotiques aigus de façon tout à fait imprévisible.
Néanmoins, il est possible de mettre la difficulté du casoar à gérer son agressivité sur le dos d’une enfance difficile. Une enfance qui pourrait même justifier son aptitude à foncer dans un arbre en fulminant. Et pour cause : à peine parvenu à l’âge adulte, le jeune casoar est mis à la porte de chez ses parents, et doit apprendre à survivre dans ce monde hostile par ses propres moyens.
Greuh.
Une méthode éducative qui a certes le mérite d’éviter de créer des générations de Tanguy,
mais qui tend à l’inverse à générer des individus légèrement psychotiques.
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L’aigle royal, un serial killer bien rôdé
L’aigle royal, de son côté, cache bien son jeu. Déjà, il vole, ce qui lui évite de faire rejaillir sa frustration sur de pauvres touristes. Et surtout, comme l’indique son nom, il le fait avec majesté. Ce n’est pas pour rien si ce rapace est admiré dans le monde entier comme un symbole récurrent de puissance et de noblesse.
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Car oui, quel rapace, mes aïeux ! Ses grandes ailes une fois étendues, il peut atteindre une envergure de plus de deux mètres. Ses serres vigoureuses, ses griffes acérées, doublées d’une formidable maîtrise en vol, font de lui un chasseur redoutable, capable de soulever des proies de 4 ou 5 kg… Même s’il préfère se servir de son bec en forme d’ouvre-boîte pour n’emporter que les morceaux choisis.
La majesté.
Bref, autant de choses qui, tant que l’on n’est pas un lapin, sont plus épatantes qu’autre chose. Seulement, voilà : l’aigle royal n’est pas un excellent chasseur uniquement parce qu’il est une machine de guerre à plumes. Il est aussi doté d’une intelligence que je qualifierais de vicieuse.
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Imaginez. L’aigle majestueux survole les environs, à la recherche du dîner. Hélas, les proies potentielles ont repéré son ombre menaçante, et demeurent trop bien cachées pour permettre au rapace de refermer ses serres sur leurs petits cous malingres… Quand soudain ! L’aigle repère une tortue. Mmmh, ça pourrait faire l’affaire… Mais comment briser la carapace de l’impudente créature sans trop se fatiguer ?
Avouez que la stratégie est aussi ingénieuse que perfide, et que vous commencez à craindre pour vos fesses. Mais si vous ne croyez pas encore à l’instinct sadique de l’aigle royal, je vous invite à jeter un oeil à sa stratégie pour choper de la chèvre… (Attention, forte intensité dramatique renforcée par un bruitage étudié et pouvant choquer les âmes sensibles.)
Le nestor kéa, fouille-merde professionnel
Malgré tout, l’intelligence de l’aigle royal ne vaut pas celle du nestor kéa, charmant petit perroquet venu tout droit du Mordor (ou de la Nouvelle-Zélande). Ça, pour être charmant, il est charmant ! Regardez-moi cette adorable bouboule, dont le plumage n’est pas sans rappeler l’élégant kakapo (en moins dodu et plus, euh, disons, flexible). Ce port altier, cette agilité, ce… Bec particulièrement crochu. Hum.
Bon, vous me direz, c’est un perroquet, un OISEAU. Ce bec ne lui sert certainement qu’à creuser à la recherche de graines ou de petits insectes… N’est-ce pas ?
Au risque de vous décevoir, le nestor kéa est une petite peste bondissante. Oh, bien sûr, il est mignon. Les touristes l’adorent. Sa curiosité légendaire, son aptitude à déjouer les obstacles pour obtenir ce qu’il veut et son côté peu farouche lui ont même valu le surnom de « clown des montagnes ».
Et puis ces mêmes touristes se font piquer leur passeport, ou détruire les essuie-glaces de leur voiture parce que môssieur avait envie de voir ce que ça faisait… et ils se souviennent que tout le monde n’aime pas les clowns.
Et encore ! Si le nestor kéa ne se servait de son bec que pour assouvir ses instincts destructeurs sur les pneus des voitures… Non, la bestiole se targue également d’être le seul perroquet carnivore au monde.
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Alors il mange bien des graines, des insectes ou encore des fruits. Mais quand les temps sont durs, il ne dédaigne pas un peu de mouton ou un autre gros piaf dodu, comme le montre de façon crue ce reportage de la BBC. J’ose à peine imaginer ce que le nestor kea pourrait faire à un kakapo. J’en tremble.
Malheureusement pour lui, ce trait de « caractère » lui a valu des ennuis. Excédés par ce perroquet psychopathe qui venait mordre le jarret de leurs moutons encore vivants, de nombreux fermiers ont riposté. Et si aujourd’hui l’espèce est protégée, elle a eu le temps de se prendre un sacré coup dans l’aile au cours du siècle dernier.
Ce qui ne l’empêche pas de retourner se boulotter un p’tit méchoui tartare de temps en temps.
Alors, quel est ton psychopiaf préféré ?
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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