Avant de commencer cet article, précisons tout de suite qu’il n’existe pas dans l’absolu de jouets « de fille » ou « de garçon », mais des jouets variés, pouvant être utilisés indifféremment par des enfants des deux genres. (À moins bien sûr que l’on ne parle d’un tout autre type de jouets, ne s’adressant PAS DU TOUT aux enfants).
Reste que le marketing genré continue de bien se porter en 2019 dans les rayons des magasins et dans les pages des catalogues de jouets. Cela m’a sauté aux yeux lorsque j’ai réalisé les sélections de cadeaux de Noël pour enfants ces dernières semaines. J’ai choisi à dessein de ne pas les classer par genre, mais bien par âge, toutefois sur chaque site ou presque on me proposait systématiquement de cocher la case « fille » ou « garçon » pour faire mes recherches.
Il faut dire que cela a du sens en termes de stratégie commerciale pour les marques : mieux vaut vendre un vélo rose pour l’aînée d’une famille puis un vélo bleu pour son petit frère trois ans plus tard, plutôt que de se transmettre le vélo au sein de la fratrie.
Faire face au marketing genré en tant que parents
Pour les parents, s’extraire de ce monde en rose et bleu n’est pas simple. D’abord parce qu’il faut avoir pris conscience du souci, et ensuite, parce qu’il faut aller à l’encontre des normes sociales, et s’exposer (ainsi que son enfant) à des commentaires plus ou moins malveillants de la part de l’entourage ou de parfaits inconnus.
« Laisse ça, Spiderman c’est pour les garçons ! » « Mais, tu n’as pas peur de l’influencer en lui offrant une poupée ? »
Cela semble d’ailleurs particulièrement compliqué lorsqu’il s’agit d’offrir des jouets étiquetés comme étant « pour fille » à un garçon. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par l’entreprise Tiniloo
, spécialiste des box pour jeunes parents, auprès de leurs clients, à propos de la mixité des jouets.
2300 parents (majoritairement des mères) ont été interrogés sur leurs habitudes en matière d’achat de jouets. Et si 70% d’entre eux déclarent que leur fille possède déjà des jouets « de garçon » (garage, voiture, etc), ils ne sont que 60% à déclarer que leur garçon possède des jouets « de fille » (poupée, dinette, etc).
Le sondage place ensuite les parents de filles en face de l’hypothèse suivante : votre fille commande la dernière voiture télécommandée Spider-man pour Noël, que faites-vous ? Une écrasante majorité de parents se déclarent prêts à déposer le jouet sous le sapin puisque seuls 6% refusent et préfèrent offrir un autre jouet.
Dans le cas inverse — Votre fils commande la dernière poupée de la reine des Neiges pour Noël — la proportion de parents qui refusent d’offrir le jouet s’élèvent à 13% !
Dans le même genre, seuls 1% des parents déclarent qu’ils iront échanger la peluche bleue offerte à leur bébé fille alors que cette proportion s’élève à 9% dans le cas d’un doudou rose offert à un bébé garçon, soit neuf fois plus !
Offrir des poupées aux petits garçons
Ce blocage plus grand lorsqu’il s’agit d’offrir du rose ou des poupées aux garçons ne sort pas de nulle part. Nous vivons dans une société patriarcale qui valorise le masculin. Dans ce cadre, une fille qui fait des activités traditionnellement associées aux garçons est célébrée : elle est forte, courageuse, « pas comme les autres filles ».
À l’inverse, un garçon qui s’intéresse à des activités dites « féminines » a des chances d’être moqué. « Oh, la fille ! » est toujours, hélas, perçu comme une insulte pour les individus de genre masculin. Et je ne te parle même pas des suspicions à propos de sa future virilité ou de son orientation sexuelle…
Pourtant, comme le rappelle avec humour Aurélia Blanc dans son livre Tu seras un homme féministe mon fils, le seul risque que l’on courre en offrant une poupée à un petit garçon c’est d’en faire… un bon père.
Les jeunes enfants adorent les jeux d’imitation qui leur permettent de copier les attitudes de leurs parents. Tu as donc de grandes chances de faire plaisir à un petit garçon de 2-4 ans, en lui offrant un poupon qu’il pourra bercer, nourrir, promener, laver, comme le fait sa mère (et son père j’espère) pour lui !
Plus largement, je pense que notre société se portera mieux si on réussit à valoriser chez les hommes aussi les qualités traditionnellement associées au féminin, notamment le fait de prendre soin des autres. Et ça peut commencer avec le contenu du coffre à jouets…
Et toi, tu es sensible à cette problématique du marketing genré ? Tu as dû faire face à des remarques dans ton entourage ? Viens en parler dans les commentaires !
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