« Je suis dure. Je suis aussi exigeante, têtue, autonome et j’ai toujours raison, au lit, au bureau et partout ailleurs ». Dans cet épisode de Sex and the City (1998-2004), Samantha Jones explique à son love interest qui elle est. Et une fois de plus, elle rayonne.
Ce qu’on aime le plus chez Samantha, c’est sa confiance en elle. La BFF de Carrie Bradshaw est une working-woman, célibataire et fière de l’être. En avance sur son temps, elle pratique le self-love et multiplie les partenaires sexuels (“Je veux tout essayer, au moins une fois”) bien avant l’ère des applis de dating.
C’est elle qui représente le mieux le propos de la série culte de Darren Star, centrée sur les vies sexuelles de quatre amies new-yorkaises dans leur trentaine, enfin surtout sur celle de Samantha, ses dramas et ses amant·e·s ! Son absence dans la suite, And just like that, diffusée depuis 2021, se fait cruellement sentir. Le patron de HBO a lui-même décroché son téléphone pour demander à Kim Cattrall : “Que peut-on faire pour que tu reviennes ?”.
En plus de sa légendaire mésentente avec Sarah Jessica Parker, l’actrice avait l’impression d’avoir fait le tour de son personnage. Une des storylines prévues pour Samantha dans le troisième film Sex and the City incluait l’envoi de sextos à Samantha par Brady, le fils de Miranda âgé de 14 ans ! Ce fut la goutte d’eau de trop.
Fabuleuse depuis cinq décennies
Aussi iconique soit-il, ce rôle ne représente qu’une partie de la carrière de l’actrice.
Née à Liverpool en 1956, la jeune Kim a vécu entre l’Angleterre et le Canada, avant de s’installer à New-York à 16 ans, avec sa famille. Elle commence sa carrière d’actrice à la fin des années 70. Prémisse de son futur statut d’alliée LGBTQI+, son premier rôle sur les planches est celui de Janet dans la comédie musicale “The Rocky Horror Picture Show”. Elle apparaît dans des séries de l’époque comme Columbo ou Starsky & Hutch, et joue son premier rôle sur grand écran dans Rosebud (1976) d’Otto Preminger. Elle en garde un souvenir amer : “J’avais 17 ans et il m’a dit que je lui rappelais Marilyn Monroe pour son absence de talent, plutôt que pour son apparence. J’ai littéralement fui cette expérience.” Cinéaste toxique, bonjour !
Actrice tout terrain, Kim Cattrall se distingue au théâtre et au cinéma dans des films comme Porky’s (1982), Police Academy (1984), le très camp Mannequin (1987), ou le thriller Midnight Crossing (1988). Dans les années 90 et 2000, elle joue dans Star Trek VI, Live Nude Girls ou Crossroads. En 2003, elle est récompensée d’un Golden Globe pour son interprétation de Samantha Jones. “Vous n’avez pas idée du nombre d’hommes avec lesquels j’ai dû coucher pour avoir ce prix !” lance-t-elle.
Elle en rit, mais Kim Cattrall connaît la misogynie de l’industrie hollywoodienne, qui l’a cantonnée au stéréotype de la belle blonde, objet du male gaze :
“Les gens m’ont dit des choses vraiment indicibles. Plusieurs années après avoir été soudainement virée d’un pilote de télévision, un réalisateur m’a dit un jour que c’était parce que je n’avais pas fait bander le patron de la chaîne !” a-t-elle témoigné.
En 2010, elle prend sa revanche dans le registre dramatique en brillant dans The Ghost Writer.
Ces dernières années, Kim Cattrall a embrassé plus que jamais son statut d’icône gay et de mentor, dans le reboot de Queer as Folk et dans la série pailletée Glamorous, où elle incarne Madolyn Addison, une papesse de la beauté :
“Je suis une grande fan du Diable s’habille en Prada et de Ugly Betty, et la série avait tous ces éléments mais avec une perspective fraîche. Et l’inclusivité de la série était un élément très excitant pour moi. J’adore travailler avec de jeunes acteur·ice·s.” confie-t-elle à The View.
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Sincérité et fidélité
Pour habiller ce personnage de role model, Kim Cattrall a fait appel à l’une de ses meilleures amies, la grande costumière Patricia Field (par ailleurs lesbienne) à qui l’on doit les looks flamboyants de Sex and the City ou Emily in Paris. “Elle connaît si bien mon corps ! Et elle sait ce dont le personnage a besoin. Elle est très précise, je l’admire tellement.” s’extasie-t-elle. Et quand finalement, la star accepte de passer une tête dans And just like that, c’est avec Patricia Field dans ses bagages. Vous avez dit sororité ?
« Il y a plein de façon d’être mère de nos jours«
A l’écran comme dans la vie, Kim Cattrall reste fidèle à l’esprit libre de Samantha Jones.
Elle s’exprime dans les médias avec une liberté de ton rafraîchissante, sur ses épreuves personnelles (ses mariages, la mort de de son père et le suicide de son frère) ou des sujets toujours sensibles comme le non-désir d’enfant :
“Lorsque j’ai répondu à ces questions concernant le fait d’avoir des enfants, j’ai réalisé qu’une grande partie de la pression que je ressentais provenait de sources extérieures, et je savais que je n’étais pas prête à franchir ce pas vers la maternité.” confie-t-elle.
En 2015, elle réfléchissait au concept de maternité :
“Je n’ai pas d’enfants biologiques, mais je suis la mentor de jeunes acteur·ice·s. J’ai des neveux et des nièces. […] Il y a plein de façon d’être mère de nos jours, sans que votre nom soit inscrit sur un certificat de naissance.”
Le feuilleton du retour de Samantha dans And just like that est devenu l’événement de l’été ! Kim Cattrall ne manque pas de travail. Cette année, on l’a vue dans les séries Glamorous et How I Met Your Father et la comédie About my father, aux côtés de Robert de Niro. Difficile donc de savoir si ce caméo représente un espoir pour la suite ou une conclusion à ce personnage si iconique. Dans tous les cas, c’est un joli cadeau aux fans. Kim Cattrall aimerait que les gens se souviennent d’elle comme “quelqu’un de divertissant et d’honnête.” Mission déjà accomplie.
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