Live now
Live now
Masquer
Issa Rae Barbie // Source : WB
Culture

Ode à Issa Rae, une Barbie engagée

À l’affiche de l’incontournable Barbie, l’actrice et productrice Issa Rae est parvenue à se faire une place à Hollywood en racontant l’expérience des femmes noires. Itinéraire d’une artiste en mission.

Ce n’est pas pour rien que Greta Gerwig a casté Issa Rae dans le rôle de Barbie Présidente. Cette Barbie veut changer le monde. Et en particulier la représentation noire dans le milieu du divertissement. On ne le dira jamais assez : la représentation compte. Pouvoir s’identifier à un personnage à travers un jouet, un livre ou un film permet de se sentir exister dans le monde. Issa Rae a manqué de modèles, mais elle en a croisé sur son parcours : “Parfois, vous ne savez pas ce que vous voulez accomplir tant que vous n’avez pas d’exemple. Shonda Rhimes a vraiment été ça pour moi. confie-t-elle

Née en 1985 à Los Angeles, Jo-Issa Rae Diop passe une partie de son enfance à Dakar, au Sénégal, patrie de son père pédiatre, tandis que sa mère est professeur en Louisiane. Avec ses quatre frères et sœurs, la famille s’installe définitivement aux États-Unis, et elle grandit entre Washington et Los Angeles. Elle passe son diplôme en études Afro-Américaines à l’université de Stanford, où elle commence à réaliser des clips vidéo, écrire des pièces de théâtre ou une fausse télé-réalité. Elle obtient une bourse pour étudier au Public Theater de New York et multiplie les petits jobs, futurs sources d’inspiration. Elle hésite entre poursuivre des études de droit ou de commerce. 

Une fille noire maladroite, en route vers le succès 

Jo-Issa Rae Diop opte finalement pour le divertissement et crée plusieurs web-séries. En 2011, elle se glisse dans la peau de J, une vingtenaire qui nous raconte en voix-off ses interactions gênantes avec ses collègues de boulot, potes et love interest. Après avoir attiré l’attention de la presse, la web-série Awkward Black Girl séduit Pharrell qui lui propose un partenariat et la fait jouer dans son clip, “Happy”. 

Déjà, la méthode Issa Rae (qui a raccourci son nom, après que trop de personnes l’ait écorné) se dessine : sa volonté de visibiliser la communauté Afro-Américaine devant et derrière la caméra, sa propension à multiplier les projets (Ratchet Piece Theater, The « F » Word, The Choir…) et son humour du malaise, qui la rapproche d’une Liz Lemon noire, le personnage de Tina Fey dans 30 Rock. “Liz Lemon est maladroite, et je me suis identifiée à elle. Mais c’était frustrant qu’il n’y ait pas de personnages comme elle qui me ressemblent.” explique-t-elle. En 2013, Shonda Rhimes, modèle de femme noire ayant bâti un empire du divertissement, fait appel à elle pour écrire un pilote de comédie, I Hate L.A. Dudes. Il ne verra pas le jour, mais elle a le pied à l’étrier. 

En parallèle, Issa Rae travaille avec Larry Wilmore sur une série qui s’inscrit dans la continuité d’Awkward Black Girl. Elle raconte la vie d’une femme noire maladroite qui se cherche, dans tous les sens du terme, et évolue avec ses proches dans le quartier de South Los Angeles. Insecure fait ses débuts sur HBO en 2016. Les critiques s’emballent devant ce qu’on nous montre si rarement : les vies ordinaires de personnes noires. “On essaie juste de convaincre les gens qu’on peut aussi s’identifier à des personnages racisés.” commente Issa Rae.

Black Girl Boss 

Qualité d’écriture, d’interprétation (Yvonne Orji, Kendrick Sampson, Kelli Prenny), des choix musicaux (avec Solange Knowles en consultante)… En cinq saisons, toutes plus réussies les unes que les autres, la dramédie Insecure évoque des sujets comme le dating moderne, le racisme ordinaire, la santé mentale des personnes noires ou encore l’évolution des amitiés féminines. Issa Rae devient un poids lourds de l’industrie des séries, nommée chaque année aux Golden Globes et Emmys. En 2018, elle fait partie de la liste du Time des 100 personnes les plus influentes du monde. 

Insecure // Source : HBO
Insecure

A l’image de son alter ego fictif dans Insecure, qui finit par trouver sa voie professionnelle en soutenant les initiatives d’enrepreneur·ses noir·es, Issa Rae a trouvé sa voix. En 2020, elle crée sa boîte de production, Hoorae, qui développe du contenu sur tous les supports (films, séries, digital) et son label de musique, Raedio. Elle produit de la téléréalité (Sweet Life: Los Angeles), du stand-up (A Black Lady Sketch Show) et crée la série Rap Sh!t, avec à chaque fois, l’envie de proposer du contenu qui visibilise les personnes racisées. 

Sur grand écran, l’actrice monte en puissance dans The Hate U Give (2018), The Photograph (2020) ou The Lovebirds (2020). En 2023, elle est à l’affiche de Spiderman: Across the Spider Verse et Barbie. Pour incarner Barbie Présidente, la star s’est inspirée de figures comme Michelle Obama et Kamala Harris, mais surtout de “la vision de ce que je pensais être un leader quand j’étais enfant”. Pour ces deux blockbusters, elle prête ses traits aux figurines dérivées de ses deux univers. La représentation compte, toujours. 

Ouvrir la voie

Fidèle à ses convictions, Issa Rae s’investit dans les mouvements féministes et des droits civils comme ACLU, BLD PWR, et Black Lives Matter. Dès ses premiers succès sur YouTube, elle a utilisé sa plateforme pour dénoncer les violences policières ou mettre en place une cagnotte pour aider la famille d’une victime. 

Issa Rae dans Insecure // Source : HBO
Issa Rae dans Insecure

Modèle de Black Excellence, Issa Rae collabore avec des universités, comme celle de Howard, pour créer des programmes de mentorat pour des étudiant·es noir·es dans les domaines du divertissement ou de la publicité. Et elle milite pour un suivi sur le long terme : “ S’il n’y a pas de mentorat ou de conseils pour voir cette personne promue, ou pour s’assurer qu’il existe d’autres opportunités en dehors de celle qui lui a été donnée, c’est une cause perdue. […] N’envoyez pas les gens dans la fosse aux lions; assurez leur succès.”. 

Issa Rae fait résonner la voix des artistes racisés dans la grève des scénaristes américain·es, pour de justes rémunérations pour tous·tes. Son engagement tout-terrain, elle l’explique par un manque. “Cela vient de ce que je n’ai pas vu. Cela vient aussi d’un désir de rendre possible ce que je veux voir. Une fois que vous avez les moyens d’impulser un changement, c’est à vous de jouer, surtout si vous vous plaignez – et je me plains beaucoup !”. Cette Barbie là mérite d’être la star de son propre blockbuster. 


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.

Réagir sur le forum

Plus de contenus Culture

[Image de une] Horizontale (26)
Vie quotidienne

Black Friday : le guide ultime pour trouver l’aspirateur laveur fait pour vous et enfin mettre le Swiffer au placard

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-11-15T163147.788
Livres

Samah Karaki : « C’est la culture sexiste qu’il faut questionner, pas la présence ou l’absence de l’empathie »

[Image de une] Horizontale (24)
Culture

3 raisons de découvrir Agatha, le nouveau thriller psychologique à lire de toute urgence

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-16T173042.478
Culture

Louise Chennevière (Pour Britney) : « La haine de la société pour ces femmes est immense. Cela m’a donné envie de la décortiquer. »

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-17T105447.652
Culture

Pourquoi on a adoré Culte, la série qui revient sur la création de Loft Story ?

4
© Charlotte Krebs
Féminisme

Mona Chollet : “Se sentir coupable ne mène vraiment à rien”

3
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-09-19T102928.481
Santé mentale

« Toutes ces musiques ont été écrites sous antidépresseurs » : Lisa Pariente raconte sa dépression

[Image de une] Horizontale (18)
Vie quotidienne

Ménage de rentrée : la serpillère 2.0 existe et avec elle, vous allez mettre le Swiffer au placard 

Geek Girl
Mode

Cette série Netflix à binge-watcher en une soirée est numéro 3 en France et dans le monde

3
Culture

« Si mon histoire peut déculpabiliser ne serait-ce qu’une seule femme, j’aurai gagné » dans Archéologie de l’intime, le tabou de l’accouchement raconté en BD

La pop culture s'écrit au féminin