Nous sommes en octobre et pour la vingt-troisième année consécutive, l’association Le Cancer du Sein, Parlons-en ! dédie ce mois à la sensibilisation autour de cette maladie.
Cette année, la campagne nommée Octobre Rose se joue principalement sur les réseaux sociaux où le hashtag #MaVieEnRose a été lancé. Une manière de rendre le combat plus visible, mais aussi plus optimiste : après ce slogan, on peut voir noté sur leurs affiches « il faut que ça continue ».
Ce mois est également ponctué par des évènements et happenings dont vous pouvez retrouver la liste ici. Mon préféré pour l’instant reste l’illumination en rose de la Tour Eiffel.
Octobre Rose : pourquoi en parler ?
Le cancer du sein touche en France 48 000 personnes et cause près de 12 000 décès par an. Mais c’est aussi l’un des cancers qui se soignent le mieux, lorsqu’ils sont diagnostiqués à temps. En effet, un dépistage précoce permet une meilleure prise en charge de la maladie.
Le cancer du sein se place parmi ceux qui présentent les meilleures chances de rémission, et les moindres risques d’évolution selon les données publiées par Info Cancer.
C’est pourquoi, au cours de ce mois dédié à l’information et à la prévention, l’accent est mis sur le dépistage des anomalies. Entre 50 et 74 ans, les femmes ont même droit à une mammographie tous les deux ans, entièrement remboursée.
À titre individuel, solliciter un dépistage lorsqu’on présente un terrain génétique à risque (des antécédents dans la famille) ou même des doutes, peut effectivement permettre de déceler et cibler des tumeurs en développement.
À lire aussi : Ma mère a un cancer du sein, et on traverse cette épreuve ensemble
Cancer du sein : le dépistage en question ?
Mais la promotion globale et très incitative du dépistage est remise en cause par des médecins, et plus récemment par le rapport d’un comité d’orientation qui avait été saisi de la question. Sur Slate, le Dr Philippe Nicot commente les conclusions de ce rapport, remis au début du mois à la ministre de la Santé :
« Dans une analyse remarquable, ce comité constitué de personnalités dites « qualifiées » constate des carences, des anomalies et des dysfonctionnements dans le dépistage du cancer du sein et la systématisation de la mammographie.
Il édicte de nombreuses recommandations, lesquelles « devraient améliorer notablement la situation actuelle qui ne répond pas aux exigences d’information, de décision en connaissance de cause, et de validité scientifique recommandées pour proposer un dépistage à des femmes en bonne santé ».
In fine, le comité propose deux scénarios d’arrêt du dépistage organisé. Oui, vous lisez bien, comme moi : « Arrêt du dépistage organisé du cancer du sein ». »
La suite à lire chez Slate : La France va-t-elle arrêter le dépistage du cancer du sein ?
Il ne s’agit pas de renoncer complètement au dépistage, mais de questionner son caractère incitatif systématique à partir d’un certain âge, conduisant à des tests inutilement anxiogènes et invasifs, voire à favoriser le surdiagnostic : des femmes se retrouvent traitées lourdement pour un cancer du sein qui ne se serait peut-être jamais déclaré.
En effet, pour le Dr Bernard Duperrey, auteur d’un article sur Le leurre du diagnostic précoce :
« Les études épidémiologiques et les résultats d’autopsies systématiques dans une population sans pathologie mammaire connue montrent un excès de cancers par rapport à ce qui est observé dans le même temps dans la population générale.
Plus on cherche, plus on trouve ! […]
Le surdiagnostic, plus fréquent parmi les petites tumeurs sans envahissement ganglionnaire, donne l’illusion de l’efficacité d’un diagnostic précoce, du dépistage et des traitements inutiles subis par les patientes surdiagnostiquées. […]
Le diagnostic « précoce » obtenu par la mammographie de dépistage est un leurre qui catalyse l’effet pervers le plus grave du dépistage : le surdiagnostic avec son corollaire, le surtraitement, intolérable compte-tenu de la nature des soins prodigués. »
Il ne s’agit donc pas de remettre en cause l’utilité du dépistage, mais la pertinence de le rendre systématique sur une population.
Octobre Rose : comment dépister le cancer du sein ?
Ce dépistage systématique et les diagnostics offerts concernent les femmes âgées de plus de 50 ans. Plus jeune, les risques sont moins élevés… Mais ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas garder un œil sur ses seins. À ce sujet, les génialissimes Juliette et Maud de Parlons peu… Parlons cul ont décidé d’expliquer dans leur dernier épisode comment palper ses propres seins.
On y retrouve en guest Lola Dubini, qui est déjà venue faire des sessions acoustiques de qualité chez madmoiZelle. La chanteuse raconte sa propre expérience de mammographie dans un témoignage dédramatisant, qui ne prend pas l’acte à la légère.
Pour en savoir plus…
- La page consacrée à Octobre Rose sur le site de l’association. Vous pouvez également suivre son actualité sur Facebook et Twitter.
- Sur le site Cancer du sein, on trouve des informations supplémentaires.
- Le site de Cancer Rose, pour lire une autre voix au sujet du dépistage massif.
— Article initialement publié le 6 octobre, sans inclure les informations du rapport du comité d’orientation. Il a été dépublié, modifié pour inclure les réserves scientifiques autour du dépistage systématique du cancer du sein, et publié à nouveau le 12 octobre (en conservant les commentaires d’origine).
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Les Commentaires
Je trouve les campagnes de prévention trop agressives. Ils en font quelque chose d'obligatoire, avec des messages très sexistes.
Malheureusement, ça devient aussi un sujet marketing pour vendre