Le 17 septembre dernier, nous entendions pour la première fois parler d’un mouvement de contestation pacifique manifestant à New York : ils étaient à l’époque quelques centaines à s’être rassemblés dans le quartier des affaires. Depuis, le mouvement fait mouche et s’étend tentaculairement dans plusieurs grandes villes au pays de l’Oncle Sam grâce aux réseaux sociaux. C’est bien beau tout ça, mais à quoi aspirent-t-ils vraiment ?
Origines et description du mouvement
Cet été, un réseau anti-consumériste et anti-capitaliste canadien appelé Adbusters (que je traduirai en français par « bousilleur de pubs », un peu comme ghostbusters, mais juste pour la deuxième moitié du mot) remarque que bon nombre des lecteurs de son magazine ont les jambes qui fourmillent, les joues qui rosissent et la verve qui s’enflamme de colère. Après réflexion, les fondateurs d’Adbusters (Kalle Lasn en tête) mettent en avant l’expression « Occupy Wall Street » en juillet avec un hashtag #OccupyWallStreet sur Twitter et une campagne de « pub » appelant à un rassemblement pacifique pour le 17 septembre 2011 dans le quartier des affaires new-yorkais – le but étant d’y rester le plus longtemps possible. Le mouvement a été inspiré par les révolutions arabes du printemps dernier, par ces peuples qui ont renversé des systèmes politiques qui ne les entendaient ni ne les comprenaient.
Au tout début du mouvement, les participants avaient pour la plupart des idées anarchistes et le rassemblement n’était donc pas pris au sérieux car il ne touchait qu’une minorité de la population américaine. Toutefois, en un mois, le mouvement s’est popularisé et des gens comme toi et moi ont rejoint la cause d’Occupy Wall Street. Pourquoi ?
– Parce que la situation économique du citoyen américain lambda a empiré à cause de la crise,
– Parce qu’ils jugent que le gouffre entre les riches et les pauvres s’accentue, et qu’ils ne supportent plus ces inégalités de richesses,
– Parce qu’entre la crise financière et le réchauffement climatique, les jeunes ne voient pas le futur d’un très bon oeil (ou ne le voient pas du tout) selon Kalle Lasn dans une interview au Washington Post.
– Parce que le système financier leur sort pas les orbites.
Enfin, tu as sans doute remarqué que les manifestants brandissent des pancartes sur lesquelles on peut lire « We are the 99 % » (« Nous sommes les 99% » en gaulois). Oui mais 99% de quoi ?, te demandes-tu probablement (si ce n’est pas le cas, fais semblant). Il est en réalité question du partage des richesses : sur leur site, il est dit : « Nous sommes les 99% qui ne tolèrent plus la rapacité et la corruption du 1% restant », le pourcent restant faisant évidemment référence à l’élite, aux « nantis ». Pour eux, 99% des richesses du pays sont contrôlées par 1% de la population (c’est à lire les banques ou les compagnies d’assurance), comme tu peux le lire sur le site du mouvement.
Les revendications d’Occupy Wall Street
On n’est pas rendues ma p’tite dame, parce que des revendications, il y en a moultes, peut-être un peu trop ; ce manque de cohésion est d’ailleurs le défaut de ce mouvement selon Matthew Yglesias sur le site ThinkProgress, mais cela ne l’empêche pas de toucher un maximum de personnes ; au contraire, de plus en plus de citoyens se reconnaissent dans les frustrations et les aspirations d’Occupy Wall Street. En d’autres termes, cela a permis de rassembler un panel plus large. Le mouvement pointe donc du doigt un ras-le-bol de plus en plus général.
Le but affiché du mouvement est de faire réagir le gouvernement, qu’il juge bien trop soumis aux forces financières. Il est également pour une répartition plus juste des richesses. Pour ce faire, le mouvement appelle Barack Obama à « ordonner une commission présidentielle qui aura pour but de mettre fin à l’influence qu’a l’argent sur la représentation du peuple à Washington » (« We demand that Barack Obama ordain a Presidential Commission tasked with ending the influence money has over our representatives in Washington » dans le texte).
L’avenir du mouvement a beau être incertain, nous savons d’ores et déjà que certains syndicats se rallient au mouvement, qui ne s’arrête plus aux frontières new-yorkaises ; Chicago, Tampa, Washington… Les manifestations de soutien au mouvement fleurissent un peu partout aux États-Unis.
Pour en savoir plus…
Pardon mais tous les liens sont dans la langue de Jane Seymour : le tumblr des 99% (Merci Yana !), le site d’Adbusters et celui d’Occupy Wall St.
(source image : adbusters.com & newworldnews.com)
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
C'est vraiment pas cool d'avoir été huée comme ça. J'ai fait partie des indignés (j'ai un peu moins de temps maintenant mais je les suis toujours), mais c'est vrai que ce genre de "comportement de groupe" m'a toujours un peu énervée.
Et puis c'est ça, c'est juste ne pas prendre la mesure des choses que de s'en prendre à une étudiante qui fait un petit boulot pour une banque - sûrement pas par choix - comme à un vrai symbole du capitalisme.
Bref, les mouvements de groupe dans le genre, c'est juste débile.
Par contre je suis fière fière que les indignés continuent leur marche, et j'y crois. Je pense que ça prendra quelques années avant qu'il se passe réellement quelque chose mais l'important c'est que les gens commencent à prendre conscience de la réalité des choses.