Un groupe de grizzlis à la mine patibulaire comptaient leurs liasses de billets en s’enfilant du thé coupé au bourbon. A peine j’aperçus, face à eux, la tête du président américain rôtir au centre de l’âtre, que mon réveil se mit à sonner. En allumant la radio, je découvris que c’était la réalité. Barack Obama était dans un marasme politique sans nom qui allait lui coûter son second mandat ou qui, du moins, ferait passer l’affaire de la petite jupe souillée de Monica Lewinsky pour un fait divers.
Mortal Kombat X : Barack Obama VS Sarah Palin VS Jon Stewart
Tous les deux ans, début novembre, a lieu l’Election Day. Une sorte de mise à jour du Congrés (l’équivalent de notre Parlement), qui tombe une fois sur deux – comme c’est le cas cette année – à mi-mandat présidentiel. Le but est de réélire une partie des sénateurs et la totalité de la Chambre des représentants, via suffrage universel direct (= par le peuple directement). C’est une manière de se conformer à la volonté des citoyens à un instant T. Si l’intention est louable d’un point de vue démocratique, le système peut s’avérer aussi vicelard qu’un œil en verre bien placé.
Car deux ans, pour ressentir les effets (bénéfiques ou non) d’une politique, suffit rarement. Le temps que les lois soient votées, puis rentrent en vigueur, la machine ne se met en route que tardivement. Ce qui constitue la botte secrète de l’opposition, qui peut alors arguer que le Gouvernement en place se la coule douce ou prend des décisions qui ne sont pas profitables à la Nation. Pourtant, Barack Obama n’a pas chômé jusqu’à présent : pour avoir une idée, le site What The Fuck Has Obama Done So Far ? détaille la liste des réformes, références et sources à l’appui.
Mais tout l’embarras du politicien est là : il doit faire ses preuves pour rassurer les électeurs, mais celles-ci ne sont jamais visibles assez tôt. Et la confiance s’étiole. C’est comme ça que Sarah Palin et ses mamans grizzlis sont arrivées pour se frotter le dos aux arbres de la Maison Blanche.
Le terme de « mamans grizzlis » (mama grizzlies) a été repris à foison depuis que la républicaine et ex-gouverneur de l’Alaska – qui est depuis devenue consultante pour la chaîne Fox News – l’a sorti lors d’un discours, pour décrire ces mères américaines prêtes à tout pour défendre leurs valeurs. Si j’éviterais de faire confiance à une politicienne anti-avortement dont la fille proclame l’abstinence (elle a eu un enfant à l’âge de 18 ans) et participe à des jeux de télé-réalité (The Secret Life Of An American Teenager, Dancing With The Stars), ce n’est pas le cas de tout le monde : les supporters de Sarah Palin sont avant tout des supportrices. Le coup du lapin au féminisme, en somme.
Certains, profitant du fait que le pays soit toujours victime de la crise financière, se sont blanchis les canines et ont débarqué avec un nouveau mouvement, celui du Tea Party. Contrairement à ce que son nom indique, le Tea Party n’est pas un véritable parti. Choisi en référence à la Boston Tea Party de 1773 (de nombreux Bostoniens s’étaient rebellés contre les taxes imposées par la Couronne Britannique), il s’agit surtout d’un rassemblement de mécontents, de déçus, et d’ignares.
Populistes tendance ras-du-zinc, les membres du Tea Party sont contre la réforme du système de santé (car « on ne va pas payer pour que les pauvres, cette bande de feignants, puissent soigner leurs cancers avec notre pognon« ), et toute décision fiscale décidée par le gouvernement Obama (car « y’en a marre de payer des impôts« ). Il suffit de trainer ses oreilles dans un rassemblement de conservateurs, ou de rouler sur une autoroute de la Bible Belt pour voir les panneaux montrant le Président des États-Unis tout sourire et serrant la main d’Hugo Chavez avec en légende « VOULEZ-VOUS D’UN SOCIALISTE ? ». Là où les militants du Tea Party ont été sacrément rusés, c’est en se déclarant au départ « ni démocrates, ni républicains »… pour finalement se rapprocher sans vergogne du Parti Républicain pendant la campagne électorale précédant l’élection du mi-mandat.
Face à eux, un comique de la chaîne télé Comedy Central, Jon Stewart.
Clairement pro-Obama, Jon Stewart a décidé de lancer, il y a quelques semaines, une manifestation géante : Le Rassemblement Pour Rétablir Le Bon Sens (Et/Ou La Peur). Fin octobre, des milliers de personnes se sont ainsi retrouvées devant la Maison Blanche, et des millions ont suivi l’évènement en direct. L’appel de Jon Stewart a marché : des messages judicieux et humoristiques ont pullulé à Washington :
« Détendez-vous ! Cela veut dire McDonalds »
« ARRÊTEZ LES ÉPISODES A THÈME DE GLEE »
« Les membres du Tea Party font de la peine à Keanu Reeves »
« Est-ce que c’est la queue pour les billets de concerts de Justin Bieber ? »
Vous pouvez retrouver les meilleures pancartes de la manifestation sur Funny Or Dye ou Buzzfeed.
Mais si l’humour aidait à la politique, cela se saurait.
Hier, les républicains ont remporté une majorité des sièges à la Chambre des Représentants. Au Sénat, les démocrates restent plus nombreux, mais pour combien de temps ? Désormais, le travail d’Obama risque de se retrouver considérablement bloqué par les députés de l’opposition – ce qui arrive aussi lors des cohabitations en France -, et malgré ses bonnes résolutions (= s’entendre avec eux) cette situation de « gridlock » l’empêchera d’avancer bien loin…
Autrement dit, et pour conclure cette tentative de vulgarisation de l’actualité politique américaine : 2012 sent le sapin.
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Les Commentaires
o_O; la stupidité de certains me laissera toujours pantoise. Et dire que ça a été élu. Cela dit, Pallin est une catastrophe tout aussi risible.
Sinon l'article était intéressant. Je me suis bien marrée avec les images du rassemblement pour rétablir le bon sens.