NdEsther : c’est ma stagiaire, elle est cool et badass, je suis si fière <3
Je suis allée voir Numéro Une avec le réseau interne de femmes de l’entreprise de ma mère. On y allait pour passer une bonne après-midi qui nous donnerait la force d’exploser les plafonds de verres à coups de poings.
Malgré tout, on avait la petite peur au ventre que donne toujours un film INSPIRÉ DE FAIT RÉELS ‘jingle qui fait peur’.
Numéro Une, un fil pour exploser les plafonds de verre
Le film réalisé par Tonie Marshall parle d’Emmanuelle Blachey, une ingénieure qui gravit les échelons de son entreprise, tout en essayant de faire oublier à ses collaborateurs qu’elle est une femme.
Elle est un jour contactée par un réseau de femmes d’influence qui l’ont choisie pour mener la bataille de l’accession à la tête d’une entreprise du CAC 40. Elle serait la première femme à occuper un poste aussi haut.
Emmanuelle Blachey ne se présente au départ pas comme une féministe assumée. Elle se voit plutôt comme une femme qui réussit « malgré le fait d’être une femme ».
Mais au fil de son combat, elle finit par se rendre de plus en plus compte des montagnes qu’il reste encore à bouger dans la lutte féministe.
Un film pour s’empouvoirer ?
N’y étant pas allée seule j’ai eu très vite des retours. Celui de ma mère et de ses collègues qui étaient là avec nous, mais aussi celui des gens qui hurlent dans la salle pour que tout le monde connaisse bien leurs « très humbles avis ».
Comme je m’en était doutée en voyant leurs réactions pendant le film, les femmes qui m’accompagnaient sont sorties avec une énergie nouvelle.
« C’est exactement ça », « c’est nous les prochaines PDG du CAC 40 » ou encore « les filles, c’est pas terminé ».
Et en effet, il reste des gens qui sont persuadés que l’égalité est atteinte…
La phrase du monsieur derrière nous a malheureusement souligné le fait que le combat n’est pas terminé. Il a en gros lâché dans un soupir exaspéré :
« Franchement faut pas déconner, c’est très exagéré et de toute façons elles ne vont pas faire avancer quoi que se plaçant seulement comme des victimes. »
Alors. Je suis quelqu’un de civilisé. Donc je n’ai frappé personne.
Le but du film n’est pourtant pas de victimiser les femmes mais au contraire de montrer que l’on se bat. À force de frapper, on parvient à niquer les plafonds de verre (sur lesquels certains se font un plaisir de s’asseoir).
Cette remarque allait vraiment à l’encontre de la vérité et j’ai trouvé atterrant que l’on puisse voir un film aussi réaliste et ensuite se dire « Rrroh ça va quand même ».
Il reste des clichés à démonter
En creusant un peu je suis tombée sur une interview d’Emmanuelle Devos et de Tonie Marshall, la réalisatrice.
L’une des questions qui leur était posée concernait le caractère du personnage : pourquoi et comment ont-elles réussi à faire en sorte que le personnage ne soit « pas une femme rigide mais au contraire, qu’elle possède une légèreté et aussi un certain humour » ?
Oui je peux comprendre leur surprise en voyant qu’une femme de pouvoir n’était pas forcément une psychorigide névrosée.
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Emmanuelle Devos a répondu très justement que « cette femme n’était pas obligée d’être une tueuse ultra-rigide, elle est juste compétente pour ce poste et volontaire ». Standing ovation.
Nous remercions Emmanuelle Devos de souligner que cette femme avait les compétences requises pour le job aussi haut placé soit-il, qu’il lui a juste fallu se démener trois fois plus car elle est une femme.
Pourquoi Numéro Une m’a touchée ?
Y étant allée avec ma mère, il y avait cette idée de « femme de génération en génération » et ça m’a beaucoup touchée de retrouver cet angle dans le film.
Dans l’avant-dernière scène, Emmanuelle Blachey fait un discours devant une assemblée de femmes, où elle parle de sa mère.
Elle explique que celle-ci s’était toujours sentie inutile dans la société. Même si elle tentait de faire bouger les choses, elle n’a pas vécu assez longtemps pour être épanouie en tant que femme. Elle aurait voulu marcher sur la lune et faire de grands discours, ou sauver des vies.
Alors quand est venu son tour, Emmanuelle Blachey s’est battue et se bat toujours pour que les femmes atteignent l’égalité.
Ce qu’elle met en avant, c’est son impression que les choses avancent, son espoir étant que bientôt sa fille n’aura plus à se poser toutes ces questions.
J’avoue, j’ai pleuré. Parce que je me suis sentie extrêmement concernée et parce que ce film touchait mes peurs et mes espoirs au bon moment de ma vie.
Numéro Une, le girl power de génération en génération ?
Ma mère est une battante, courageuse, qui lutte pour que les personnes dans son entreprise soient des salarié•es heureux•ses… dans l’égalité.
Quand elle était jeune, diriger, manager hommes et femmes, était un souffle de confiance que sa mère lui avait transmis. Sa fille pourrait faire des études, travailler, se marier si elle le voulait, avoir des enfants éventuellement, et continuer à s’épanouir dans son travail.
Un rêve qu’elle a réalisé et qu’aujourd’hui, elle me transmet. Comme une sorte d’héritage : « maintenant c’est à toi, et j’espère que se sera plus simple pour toi, que tu auras de moins en moins à te battre ».
Maman, je peux d’ors et déjà te répondre, on va encore devoir lutter mais nous sommes en chemin, et j’espère autant que toi que ma fille n’aura plus à se poser ces questions.
Je pense que c’est un rêve commun de beaucoup de femmes et d’hommes, que les générations futures ne connaissent pas les mêmes obstacles.
Va voir Numéro Une !
Voilà ce que le film a le plus fait résonner en moi. J’aurais aussi pu parler du harcèlement sexuel au travail, de la condescendance de certains hommes présentés dans le film (présents dans la vraie vie pour notre plus grand plaisir) et de tous ces gestes de sexisme super sympaaa que les femmes vivent au quotidien (non.).
Heureusement, ce qu’il met encore plus sur l’avant-scène, c’est un espoir de moins en moins irréaliste, et ça c’est trop de la balle.
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