Lorsqu’en mars dernier, Kool Shen et Joeystarr ont annoncé, après dix ans d’absence, qu’ils se reformaient pour une série de concerts, mon coeur a fait paw ! D’emblée, une tonne de souvenirs m’est revenue en pleine tronche, notamment celui de ma première écoute. C’était en 1998, dans la caisse de mon père, j’avais onze ans. Le duo venait alors de sortir Suprême NTM, leur quatrième et dernier album studio. Instantanément, j’ai été captivée. Par leur plume, leur flow, leur rage. Même si l’insoutenable réalité qu’ils dénonçaient n’était pas forcément la mienne.
Plus tard, en grandissant, mes ouïes se sont penchées sur leurs précédents opus (Paris sous les bombes, J’appuie sur la gâchette, Authentik) et cela n’a fait que confirmer ce que je pensais : Bruno Lopes et Didier Morville sont des putains de poètes des temps modernes. Jamais aucun groupe de rap français ne m’a autant percutée de plein fouet. Aussi, quand j’ai appris qu’ils remontaient sur scène, à Bercy, pour trois soirs, j’ai couru au premier guichet venu. Comme beaucoup d’autres, d’ailleurs : 45 000 places se sont vendues en l’espace de trois jours ! Un engouement tel que douze dates supplémentaires, à Paris et en province, on été ajoutées. Ambiance…
Paris-Bercy / Le 20 septembre 2008
Quand, vers 20 heures, j’ai pénétré dans l’arène, un large sourire s’est incrusté sur ma face. Primo parce que l’air était déjà saturé d’électricité, les spectateurs, fébriles, trépignaient, tapaient du pied. Deuxio parce qu’un épais nuage de fumée flottait dans la salle, narguant les services de sécurité, impuissants (oui, je l’avoue, je le concède : je deviens jouasse quand il est possible de flouer la loi Evin). Un groupe de dancehall – j’ai oublié leur blase – est ensuite venu
nous chauffer puis ce fut au tour du rappeur Sefyu de jouer l’hors d’oeuvre. Pas grand chose à dire si ce n’est que je préfère sur cédé.A base de popopopop
A 21h45, les spotlights se sont enfin éteints laissant place aux feulements de Joeystarr, aka Jaguarr Gorgone. Un vent de folie a alors balayé Bercy puis l’ultraculte Seine-Saint-Denis Style a retenti. Kool Shen et son compère ont déboulé dans une orgie de lumières, face à une foule complètement galvanisée.
Plus en forme que jamais, malgré leurs quarante berges passées, les deux lascars du 9-3 m’ont happée en deux minutes chrono. Dès le début, non seulement leur puissance m’a frappée mais leur complicité retrouvée aussi (à moins qu’ils se soient inscrits en loucedé dans un quelconque conservatoire d’art dramatique, je suis en effet persuadée que cette reformation est sincère et qu’elle n’a été motivée que par une seule chose ou presque : le kif).
Un show à l’américaine
Pendant plus de deux heures, les tubes se sont enchaînés à un rythme affolant : On est encore là, That’s my people, Pass, Pass le Oinj, Qu’est-ce qu’on attend, Pose ton gun, La Fièvre… Une performance d’athlète entrecoupée par la venue d’invités castés par NTM. Le beatboxeur Eklips et le gros MC Big Ali se sont ainsi produits sur scène. Tout comme une poignée de danseuses ultra chaudes (Ma Benz) et un band venu tout droit de Londres (basse/guitare/batterie). Ces guests ont réellement donné une âme supplémentaire au show bien que celui-ci soit déjà suffisamment survolté…
Lorsque les lumières se sont rallumées, après plusieurs rappels, j’ai touché ma joue. Elle était brûlante. Comme si je venais de me prendre une bonne claque dans laggle. Une mornifle musicale ! Je ne sais pas comment les fans ultimes, ceux qui étaient là leurs débuts, ont perçu l’événement. En tout cas, moi, ce 20 septembre restera longtemps gravé dans mon cervelet. C’était LE concert à ne pas rater…
Si toi aussi, tu as réservé ta place, tu verras : ILS SONT ENCORE LA !
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