« Chérie, tu as vu ma plaquette de pilule ? » Depuis des années, on nous annonce régulièrement que cette phrase futuriste fera bientôt partie de nos quotidiens. Et si cette fois, c’était vraiment le cas ? Une équipe de scientifiques américains aurait identifié un moyen efficace, non invasif et temporaire de bloquer les spermatozoïdes masculins. Présenté sous forme de pilule, ce contraceptif devra cependant faire l’objet d’essais cliniques sur des mâles humains et non plus sur des souris, comme c’était le cas jusqu’à maintenant.
Une pilule contraceptive masculine non hormonale
Des chercheurs de la Cornell University (New-York) ont mis au point une pilule contraceptive dont le principe est d’inhiber les fonctions de l’adénylate cyclase soluble (sAC). Cet enzyme, présent dans la plupart des cellules du corps humain, jouerait un rôle important dans la mobilité des spermatozoïdes. Les scientifiques ont administré ce contraceptif à des souris mâles et ont constaté que dans les deux heures qui suivaient la prise, les spermatozoïdes des animaux étaient totalement immobilisés et qu’aucune grossesse ne survenait après accouplement.
Ce contraceptif oral n’est pas hormonal et n’a qu’un effet temporaire : 24 heures après l’expérience, les souris mâles avaient retrouvé leur taux de fécondité habituel. Le résultat s’est confirmé tout au long des six semaines de recherche, sans effets indésirables.
Les scientifiques ont publié leurs recherches dans la revue scientifique Nature et y voient déjà une véritable révolution scientifique :
Cette technologie innovante, à la demande et non hormonale (…) [jamais] envisagée auparavant a le potentiel d’assurer l’équité entre les sexes et, comme l’avènement de la contraception orale pour les femmes, de révolutionner la planification familiale.
Extrait de l’étude publiée sur la revue scientifique en ligne nature.com
Contraception masculine : pourquoi ça coince ?
À l’heure actuelle, il n’existe que deux moyens de contraception pour les hommes validés par l’ANSM : le préservatif et la contraception définitive, c’est-à-dire la vasectomie. Certaines méthodes comme les anneaux contraceptifs et les slips chauffants font de nombreux adeptes. Cependant, ils ne sont pas homologués en France et ne peuvent donc pas être considérés comme des méthodes de contraception « officielles ».
Il y a quelques semaines, nous avions abordé la question avec Martin Winckler, médecin et militant féministe. Pour expliquer le peu d’investissement dans la recherche de moyens contraceptifs pour les hommes, il évoquait plusieurs pistes et notamment la difficulté de mener des essais cliniques auprès de cette population. Il est éthiquement compliqué de recenser le nombre avéré de partenaires et d’établir ainsi des résultats fiables. Toujours selon le militant, il était factuellement plus simple d’arrêter la fertilité des femmes, effective seulement quelques jours par mois, que celle des hommes, permanente. Il rappelait pour finir que, quoi qu’il arrive, et quel que soit le partenaire en charge de la contraception, l’idée d’une équité contraceptive serait illusoire. Les femmes seront toujours les premières concernées en cas de grossesse indésirée et devront en payer les conséquences physiques.
Pour autant, de nombreux hommes s’orientent aujourd’hui vers des solutions plus égalitaires et moins contraignantes pour leurs compagnes qui, elles, acceptent depuis des décennies les effets secondaires des contraceptifs hormonaux. Si cette pilule fonctionne aussi sur les mâles humains, elle pourrait alors soulager beaucoup de femmes…
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