Quand on a un utérus et qu’on veut prendre une contraception non-définitive, le choix n’est pas toujours aisé.
Les hormones (pilule, implant ou encore DIU hormonal) peuvent sévèrement dérégler le corps, la libido, et même présenter un risque pour la santé.
Les options sans hormones (DIU cuivre notamment) ne sont pas toujours sans effets secondaires, surtout en cas de menstruations douloureuses…
Une nouvelle contraception sans hormones : le gel Amphora
J’ai découvert le gel Amphora via un article du très sérieux Bloomberg.
Ce produit développé par la firme Evofem est un nouveau contraceptif en développement qui fonctionne de façon mécanique, donc sans hormones !
Amphora est un gel qui peut être appliqué par la femme, à l’intérieur de son vagin, jusqu’à 1h avant la pénétration.
Sa fonction est de maintenir le pH du vagin entre 3.5 et 4.5, afin qu’il devienne un environnement hostile pour les spermatozoïdes.
Evofem précise :
« Amphora est une nouvelle méthode de contraception sans hormones créée pour stabiliser le pH du vagin afin d’inhiber la mobilité des spermatozoïdes et de former une couche de gel recouvrant le vagin et le col de l’utérus, empêchant les spermatozoïdes d’atteindre un ovule. »
Ce pH est également nocif pour des pathogènes impliqués dans la transmission de certaines IST et MST. Donc Amphora pourrait protéger des contaminations, et pas seulement d’une grossesse non désirée.
Le gel est composé d’acide lactique, de l’acide citrique et de bitartrate de potassium, comme l’indique le site Pharmaceutical Technology : pas besoin d’hormones !
La contraception sans hormones Amphora est-elle efficace ?
Selon Reuters :
« Une étude sur environ 1400 femmes en bonne santé ayant entre 18 et 35 ans a indiqué qu’Amphora a un taux d’efficacité de 86% quand il s’agit d’éviter une grossesse, et aucun effet secondaire n’a été observé. »
L’étude a été menée pendant 7 cycles menstruels.
Comparons avec d’autres méthodes non-hormonales, selon Choisir sa Contraception :
« S’il est parfaitement utilisé, le préservatif ne connaît que 2% d’échecs. Mais dans la vie courante, les échecs peuvent être plus importants, allant jusqu’à 15% pour le préservatif masculin. »
« Correctement utilisé, le préservatif féminin est efficace à 95%. Mais, si on prend en compte les erreurs d’utilisation (problème de pose notamment), son efficacité peut être réduite à 79%. »
« Les DIU sont d’une très grande efficacité : ils sont efficaces à environ 99%. Comme les erreurs de manipulation n’existent pas en dehors du moment de la pose, l’efficacité de ce moyen de contraception ne dépend pas de l’utilisatrice. »
D’autres études, en cours, visent à estimer l’efficacité d’Amphora pour prévenir la transmission de la chlamydia, de la gonorrhée, ainsi que les risques de vaginose bactérienne, une infection génitale très courante.
La contraception sans hormones Amphora sera-t-elle bientôt disponible ?
Evofem a levé, au début de l’été 2019, 80 millions de dollars dans l’optique de mettre Amphora sur le marché américain à l’horizon 2020.
La commercialisation en-dehors des États-Unis serait quant à elle confiée à « des partenaires hautement qualifiés », comme le rapporte la San Diego Union-Tribune.
Selon Bloomberg, Amphora coûterait environ autant qu’une pilule contraceptive de grande marque, c’est-à-dire… entre 140$ et 170$ par mois.
God bless la Sécu, hein.
Si le sujet du coût des dépenses de santé outre-Atlantique et de l’intérêt financier derrière le développement de solutions innovantes t’intéresse, tu devrais d’ailleurs lire tout l’article de Bloomberg (en anglais) : Better Birth Control Could Exist, But It Wouldn’t Pay for Big Pharma (Une meilleure contraception pourrait exister, mais elle ne rapporte pas assez pour Big Pharma).
La contraception sans hormones Amphora, ça te tente ?
En écrivant cet article, je me suis demandé si je serais prête à adopter Amphora.
Pour être tout à fait transparente, j’ai la chance de très bien supporter mon DIU cuivre, donc je ne suis pas forcée d’utiliser des hormones. Ce n’est pas le cas de tout le monde.
Cependant, je dois quand même le changer tous les 5 ans, et il a accentué un peu la douleur de mes crampes menstruelles (sans que ce ne soit ingérable non plus).
Alors, serais-je partante pour utiliser Amphora ?
Pas avec un nouveau partenaire, ça c’est sûr : le gel ne protège pas du SIDA. C’est capote obligatoire jusqu’au dépistage des deux intéressés, oui oui oui !
Mais avec un amant régulier, ou avec mon mec, ferais-je confiance à un gel invisible pour me protéger d’une grossesse non-désirée ?
J’avoue, je doute…
Mon DIU, je le sens ; ma pilule, je l’ingère ; les capotes, je les vois. Là, je devrais étaler un gel dans mon vagin et espérer très fort qu’il fonctionne comme prévu.
C’est peut-être juste un cap mental à passer ? Je m’interroge ! Et toi, tu serais prête à utiliser Amphora comme moyen de contraception ?
Nos contenus-phares sur la contraception masculine :
- Tout savoir sur la contraception, quand tu débutes ta vie sexuelle (par Martin Winckler)
- Le podcast Ma contraception et moi
- Marion Séclin et Sophie Riche t’expliquent, en vidéo, les méthodes de contraception : pilule, préservatif et DIU puis autres contraceptifs
- Focus sur la contraception masculine
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
La seule condition est de ne pas dépasser 3 cycles d'affilés (car effets secondaires non connus au-delà).