Le monde (et surtout les Chinois•es) rentre(nt) dans l’année du cochon en 2019 en ce mardi 5 février.
Bonne année lunaire !
Publié le 8 février 2016
En 2016, le monde entrait dans l’année du singe. Cet animal respire le signe de bon augure, comme le prouve le roi Singe !
Donc pour les gens qui viennent de naître (car vous êtes né•es devant madmoiZelle bien sûr), ceux qui vont avoir 12 ans, 24 ou bien 36 (je vous laisse calculer la suite logique)… 2016 était votre année.
Le Nouvel An chinois : lune et cosmologie
En cosmologie chinoise, on distingue également des éléments terre, eau, bois, feu, métal, mais honnêtement, seuls les connaisseurs y prêtent encore attention.
Vous connaissez les défilés dans les quartiers chinois des différentes villes, le fameux XIIIe arrondissement de Paris, les frères Tang et Paris Store (d’ailleurs, il existe un Paris Store à Marseille — non c’est pas logique).
Vous connaissez sûrement les signes du zodiaque chinois puisque vous avez lu Fruits Basket. Mais peut-être pas les dessous de la fête annuelle la plus importante des Chinois•es… Je vais donc vous présenter le nouvel an chinois à la sauce soja (salée, la vraie) !
Déjà, pourquoi le Nouvel An chinois se déroule-t-il en février ?
En fait, selon le calendrier luno-solaire (car les Chinois•es ne font pas les choses à moitié), le début d’une nouvelle année peut arriver entre le 21 janvier et le 20 février, lors de la seconde nouvelle lune depuis le solstice d’hiver. Donc il peut tomber à n’importe quel moment dans cette période-là, et cette année, il s’agit du 8 février.
Les préparatifs : l’avant du Nouvel An chinois
Les Égyptien•ne•s, avant une célébration, devaient préparer une pré-cérémonie d’offrandes ; les Chinois•es suivent les mêmes coutumes. Le plébéien offre aux dieux du riz (gluant de préférence, car ils ont un long chemin à faire et ça doit rester avec eux) ou divers aliments sucrés.
C’est le moment de faire un grand nettoyage de son foyer, de rédiger des vœux et de coller À L’ENVERS des sinogrammes positifs, comme bonheur, fortune, etc. sur les portes. Pour les néophytes, non, ce n’est pas une erreur de les mettre à l’envers ; comme la langue chinoise est compliquée et emplie de tons différents, les mots « arriver » et « renversé » sont des homophones. Donc on espère que ce qu’on souhaite (encore une fois, bonheur, fortune, etc.) arrive !
Des lanternes rouges s’accrochent également, pour effrayer les créatures.
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Le réveillon du Nouvel An chinois
Si on est à Paris, on va dans le XIIIème arrondissement, dans les dizaines de restaurants chinois qui affichent complets avec leurs menus uniques qui coûtent les yeux de la tête (et toujours un plat que tu détestes), où l’ambiance de folie vous ferait croire que les années 90 battent toujours leur grâce à la boule à facettes et au duo de chanteurs qui reprennent des airs de karaoké (comme à un mariage asiatique, me direz-vous) devant un clip qui n’a rien à voir avec la chanson !
On peut aussi rester chez soi. Quelqu’un (à comprendre la grand-mère aidée de sa fille, normalement, car la Chine fonctionne toujours selon le système patriarcal) cuisine pour les 36 000 membres de la triade, pour les personnes de la communauté chinoise du coin, ou tout simplement pour la famille — ça suffit amplement la plupart du temps.
Mais surtout, pour respecter les croyances, habillez-vous en rouge, couleur porte-bonheur par excellence. De préférence au niveau des sous-vêtements — pour le reste, ça vous regarde. En plus de ça, vous augmentez vos chances de bonne fortune si l’un de vos vêtements est neuf !
La nourriture du Nouvel An chinois
Là, ça ne rigole pas. Pour une question de chance, il faut normalement 8 plats, car c’est un numéro fétiche dans le pays du centre, et la soupe ne compte pas. Parmi les divers mets, un seul central est bien typique : les raviolis ! Pékinois, hein, pas les raviolis à la vapeur aux crevettes ou autres, qui sont des entrées.
Attention : les raviolis chinois, ce ne sont pas des gyozas que vous trouvez au restaurant japonais, mais des jiaozis. Leur pâte, notamment, est un peu plus épaisse.
Pour faire plaisir à grand-mère qui a passé des heures en cuisine, il faut en manger le plus possible (et même quand vous en pouvez plus, faut se forcer pour un dernier) ! Les Asiatiques dînent tôt, vers 18h, mais on essaye de s’adapter quand on vit à l’étranger.
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L’alcool au Nouvel An chinois
Il y a tout un rituel autour de l’alcool. Il faut savoir que quand les Chinois•es boivent, ils et elles boivent toujours cul sec — eh non, ce n’est pas un mythe ! Même quand c’est du vin rouge faut le terminer, et parfois, le verre est bien rempli. Quand un•e Français•e dit « tchin-tchin » (le fameux bisou-bisou), un•e Chinois•e dit littéralement… « cul sec ».
Au Nouvel An, c’est encore pire, car le verre doit être rempli à ras bord et être descendu d’un seul trait pour une question de bonne fortune !
La boisson traditionnelle reste l’« alcool blanc », une eau-de-vie dont le goût se rapproche d’un mélange de saké et de vodka (non, je n’ai jamais tenté ce mix, mais pourquoi pas). Mais la bière est devenue la boisson la plus commune à table. Eh oui, les bouteilles se descendent cul-sec aussi !
T’as triché, il en reste !
Puis il faut savoir qu’on ne boit JAMAIS tout seul (sauf quand on a passé trop de temps à l’étranger). Non, on trinque forcément avec quelqu’un pour des motifs plus ou moins légitimes : « oh, tu viens de te marier, félicitations, trinquons ! », « oh, on porte tous les trois une chemise verte, trinquons ! »… vous l’aurez compris, toute excuse est bonne pour boire !
Les étrennes, petites enveloppes rouges du Nouvel An chinois
Traditionnellement, les anniversaires individuels occupent une importance bien moindre que le Nouvel An ! C’est le moment où les enfants reçoivent des sous, parfois pour l’année entière car ils n’ont pas d’argent de poche. Je dis « enfants » pour désigner ceux qui ne gagnent pas d’argent pour subvenir à leurs besoins, c’est-à-dire, les gens célibataires (malencontreux, mais véridique)…
D’autres familles sont encore plus strictes, et il s’agit vraiment de la majorité — bien qu’avec l’ancienne loi de l’enfant unique (oui, elle a été abrogée) tant qu’il n’y avait pas d’autre enfant dans la famille, les aînés continuaient d’offrir les petites enveloppes rouges.
Ces fameuses enveloppes rouges, les proches ne vous les donnent pas « gratuitement », non, non ! Il faut scander la bonne année, les honorer et les féliciter (si vous voulez vous mettre à genoux, libre à vous, ça arrive), leur souhaiter chance et fortune.
Ensuite seulement vous entrez en possession des précieuses étrennes. Pour l’anecdote, la technologie est tellement avancée en Chine maintenant que les gens s’échangent des enveloppes directement sur leur application WeChat (vu que Facebook est censuré).
Feu d’artifice et gueule de bois
Les Chinois•es rentrent le plus souvent au bled, chez leurs ancêtres, pour le Nouvel An. Les grandes villes paraissent alors désertes, car la majorité de la main-d’œuvre vient de la province. En plus, il faut savoir que pour le Nouvel An, l’employé•e lambda dispose de sept jours entiers ; c’est férié. Et là, vous vous dites : oh, c’est cool, une semaine complète ?
Sauf que concrètement, les Chinois•es n’ont que 11 jours de congés payés (dans la réalité, ça dépend de l’ancienneté dans l’entreprise et en vérité, personne ne les prend car c’est mal vu) et de deux autres semaines, parsemées au fil des jours fériés nationaux.
Quand minuit approche, le feu de joie commence et les rues se voient prises d’assaut avec des feux d’artifice, des pétards en tous genres (même si de nos jours, le gouvernement les interdit dans les grandes métropoles pour le danger que ça cause)… Les festivités continuent jusqu’au bout de la nuit.
Le but est de rester éveillé le plus longtemps possible : c’est gage de longévité ! Une émission à la Patrick Sébastien aide à maintenir l’éveil et dure jusqu’au petit matin.
Le lendemain, après avoir calmé sa gueule de bois,, il est l’heure de… souhaiter la bonne année à tout le monde !
Aux membres de votre famille, bien sûr, mais aussi à TOUTES vos connaissances.
N’oubliez surtout pas vos supérieur•es hiérarchiques, qui décident de votre prime, hein. Les danses de dragon pointent aussi le bout de leur nez et encombrent les rues.
Et comme vous avez trop mangé la veille, vous pouvez vous calmer avec un repas végétarien. Bonne année tout le monde !
À lire aussi : Ma découverte de la Chine et ses paradoxes — Carte postale
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source : https://chine.in/fun/signechinois/index.php?year=2019