— Article initialement publié le 3 janvier 2011
La pression. La perspective d’avoir quelque chose de prévu le 31 décembre au soir est devenu source d’angoisse inépuisable depuis qu’Arthur et ses acolytes noyés sous une vague de fond de teint Prisunic ont leur émission pré-enregistrée diffusée sur TF1 pour le réveillon.
Rien ne m’est personnellement plus agréable que de m’enfoncer dans mon fauteuil sous mon snuggie (mon plaid, certifié meilleure invention depuis le doliprane), un verre de vin à la main et quelques grammes de bon tabac dans ma pipe en regardant un Clint Eastwood (ou un Scott Eastwood).
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Rien ne m’est plus agréable que de m’enfoncer dans mon fauteuil sous un plaid.
Dans un monde idéal (entendez : sans foi ni loi) je me posterais à ma fenêtre dès le premier des douze coups de minuit, attendant le moindre klaxon de gogole intoxiqué pour balancer des œufs avec une fronde construite à partir d’un slip sale.
Tout le problème réside dans un concept qui ne profite qu’aux boîtes de nuit et qui pourrait se résumer à : « l’obligation de faire la fête ».
Si vous ne vous prêtez pas au jeu, les autres êtres humains vous lanceront des œillades presque mouillées, leur cœur nourri par une profonde pitié comme si vous veniez de leur annoncer que vous étiez en phase terminale d’hémorroïdes.
Qu’est-ce donc que cette dictature ? Pourquoi aller s’enfermer dans une maison de campagne où vous serez tributaire de la voiture et donc de celui-qui-ne-boit-pas-mais-qui-finit-par-boire-quand-même, obligeant tout le monde à camper dans le froid et la bouse de vache ?
Pourquoi se réfugier dans une discothèque qui facture pour l’occasion l’entrée à 20 euros (VINGT EUROS ! Bon sang mais c’est pas parce que je suis bourré que j’oublie que c’est la crise !) ?
Pourquoi se forcer à aller à une soirée où on ne connait que le teckel de Marie-Josiane et se retrouver à embrasser des inconnus qui ont des auréoles sous les bras ?
Pourquoi se forcer à aller à une soirée où on ne connaît personne ?
Comme toutes mes critiques depuis 1989, mon expérience en la matière m’a permis d’élaborer un constat définitif et sans appel : le réveillon du Nouvel An c’est comme la fête de la musique, toujours raté.
Cas classique de soirée de Nouvel An qui tourne au fiasco
19h00 : Vous vous êtes pomponnée, avez enfilé une robe à sequins Zara, osé les escarpins casse-gueule, et sorti le décolleté patiné d’huile pailletée. Vous êtes prête à finir avec le string sur la tête.
19h30 : Vous arrivez dans l’appartement de la grand-mère d’un gars que vous ne connaissez pas. Aux murs sont accrochées des broderies représentant Gavroche les yeux anormalement grands.
20h00 : Vous commencez par le diptyque apéro-foie gras. Les garçons portent des cravates noir brillant et les filles des collants 15 DEN, et tout le monde met son manteau pour aller fumer sur le balcon.
21h00 : Tout le monde est pété. Normal, c’est le Nouvel An très bientôt.
21h15 : Quelqu’un vient de casser un cadre où un énième Gavroche était salement brodé.
21h30 : L’entrée est servie. Des groupes se forment à table et vous vous retrouvez coincée entre un mec de vingt ans qui fait les mêmes jeux de mots que votre vieil oncle retraité et une fille qui a un cou de poulet.
21h32 : Les bruits de succion pour avaler les huîtres citronnées commencent à vous taper sur le système. Ça, et les gens qui éclatent de rire grassement sans raison apparente.
22h00 :
Votre bas est filé.
22h15 : L’entrée principale arrive.
22h17 : Les patates sont froides et pas assez cuites. Combien vous avez donné pour participer à ce repas déjà ?
22h30 : Vous regardez votre montre.
23h05 : Tout le monde allume sa clope à l’intérieur.
23h45 : Des ronds de vin rouge constellent le moindre meuble, même celui de la salle de bain.
00h00 : Je rêve où ce moche vient de me lécher l’oreille pour me souhaiter bonne année ?
00h15 : Vous êtes contre le binge drinking, mais là vous étiez obligée.
00h25 : Le dessert arrive.
00h45 : Votre moitié mate avec les yeux de l’amour le moche à la langue râpeuse.
00h56 : Vous n’avez reçu qu’un texto, envoyé par votre père à tout son répertoire.
02h01 : Quelqu’un a vomi sur le balcon.
02h25 : L’hôte découvre le vomi mais personne ne veut se dénoncer. Vous êtes partagée entre la révolte et l’indifférence (ils passent Beyoncé en même temps)
02h57 : En dansant, vous vous êtes renversée du jus de goyave sur la robe et les confettis se collent dessus. Vous ne pouvez pas aller dans la salle de bains pour nettoyer vos sequins parce que des gens se sont enfermés à l’intérieur (sûrement pas pour vérifier l’état de la chasse d’eau).
03h52 : Vous finissez par rentrer à pied, sous les regards consternés de la police éparpillée dans la ville pour éviter tout débordement.
12h08 : Au réveil, flashback : c’est vous qui avez vomi sur le balcon.
Après moult réveillonnades foireuses, nous pouvons donc dresser un bilan :
Probabilité pour que le Pr. Bobby Freckles remette ça le 31 décembre
Et quand vous penserez que vous êtes enfin à 360 jours de subir la prochaine flopée de « A l’année prochaine ! », il vous faudra entamer les « Bonne Année » et autres « Non, non, je n’ai pas pris de résolution cette année, je n’arrive jamais à les tenir ».
Tandis que les éternels retardataires vous affirmeront que nous avons, selon une règle inexpliquée et tacite, jusqu’au 31 janvier pour souhaiter une joyeuse année (et pour ton anniversaire j’ai 30 jours de délai aussi, fourbe renard que tu es ?).
Deux points positifs cependant : les astrologues qui n’osent vous plomber le moral d’entrée de jeu et qui vous livrent un horoscope plein de promesses de fécondation, et de mirifiques évènements (même si vous espérer juste avoir votre bac de français) et les galettes des rois (à la frangipane, cela va de soi, les brioches n’étant pas des vraies galettes des rois).
La prochaine fois, je vous parlerai des gens qui ne vous disent pas quand vous avez un bout de salade coincé entre les dents (et qui vous laisse par la même occasion vous humilier en public).
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