Au tribunal de Chester, au Royaume-Uni, le procès du footballeur français Benjamin Mendy et de Louis Saha Matturie, proche du joueur, se poursuit. Face aux prises de paroles de deux nouvelles victimes présumées, la défense du footballeur — qui nie tous les chefs d’accusation à son encontre — se déploie, et se montre révélatrice de la manière dont on traite le discours des victimes de violences sexuelles.
Deux témoignages supplémentaires de violences sexuelles
Ce mardi 23 août, le témoignage de la troisième victime présumée a été entendu par le tribunal. Les faits d’agression sexuelle qu’elle relate font écho aux prises de parole précédentes : ils auraient eu lieu en 2021, au sein du domicile de Mendy. Lors d’une soirée organisée par celui-ci, elle décrit qu’il lui aurait touché la vulve sans son consentement alors qu’elle se déplaçait dans la maison. Il lui aurait ensuite fait plusieurs gestes et commentaires sexuels.
Le lendemain, c’est une quatrième victime qui déroule son récit des faits. Toujours lors d’une soirée dans sa résidence principale, durant l’été 2021, elle rapporte que le footballeur l’aurait isolée du reste des invités avant d‘insister pour qu’elle ait un rapport sexuel avec lui. Elle décrit un « débat avec un mur de brique » : elle lui aurait expliqué par de nombreuses raisons son refus de coucher avec lui, auxquelles il aurait répondu par des pressions (notamment que personne ne lui adresserait la parole si elle refusait ses avances, rapporte l’Internaute), avant de la violer.
« Je ne pouvais plus rien faire d’autre », a-t-elle déclaré lors de son témoignage. D’après le procureur, ce soir-là, Mendy aurait violé deux autres femmes.
La défense de Benjamin Mendy s’organise
Depuis 2019 au Royaume-Uni, les enquêteurs peuvent demander aux victimes de viol un accès aux données de leurs téléphones, et donc de leurs recherches et échanges. Une mesure décriée par certaines associations féministes au moment de son adoption, craignant que cela ne décourage les femmes de porter plainte, par peur d’être décrédibilisées à cause de certain de leurs messages.
Au tribunal de Chester, ces enjeux se font visibles. Outre-manche en effet, lors des procès en pénal, c’est un jury qui détermine de la culpabilité ou non de l’accusé. Les plaignantes sont entendues en tant que témoins et non en tant que partie civile, et ne sont donc pas représentées par des avocats. Elles sont toutefois soumises à la contre-expertise de l’avocat de la défense.
Dans le cas de Mendy, représenté par Eleanor Laws, les données téléphoniques de victimes reviennent très souvent dans les interrogatoires. Ainsi, l’une d’entre elles est interrogée sur un message qu’elle aurait envoyé à une amie avant de se rendre chez Benjamin Mendy, mentionnant le fait de « choper un footballeur pour l’hiver ». Une autre, sur ses échanges avec d’autres victimes présumées.
La quatrième victime, quant à elle, a particulièrement été questionnée sur une recherche Google qu’elle aurait effectuée depuis son portable : avant de porter plainte, elle aurait tapé sur le moteur de recherche « How much is Benjamin Mendy worth ? ». En Français, combien « vaut » Benjamin Mendy, à combien s’estime sa fortune. Elle a ensuite été interrogée sur une éventuelle velléité de compensation financière.
Autant de questions qui se posent, lors d’un procès dont l’objet est de déterminer la culpabilité d’un accusé, qui bénéficie de la présomption d’innocence. Mais elles témoignent aussi de la prégnance, dans nos sociétés patriarcales, du stéréotype de la femme « vénale » motivée par l’argent et du soupçon de complot pour « ruiner des carrières ».
Autant de préjugés qui pèsent sur les victimes de viol, et sur la manière dont elles sont traitées par les médias et par la justice.
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Crédit photo : Sky Sport News / Capture d’écran YouTube
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