L’annonce avait suscité des craintes vives et des protestations : en annonçant sa manifestation contre les violences sexistes et sexuelles le même jour que la journée du souvenir trans, le TDoR, qui commémore les victimes de la transphobie, Nous Toutes faisait courir le risque d’invisibiliser les actions menées par les associations en ce jour particulièrement important pour la communauté trans.
Comme le rappelle Act Up-Paris, qui organise une marche commémorative et revendicative ce samedi 20 novembre à Paris, il ne s’agit pas que d’honorer la mémoire des personnes victimes de crimes de haine transphobe, mais de se souvenir de toutes celles et ceux qui ont été violentées par un système qui broie les personnes trans et les empêche de vivre :
« Les agressions, violences, meurtres et assassinats transphobes sont en hausse, comme les suicides : la transphobie d’État pousse certain,e,s d’entre nous à attenter à leurs jours. Les barrières administratives, la psychiatrisation constante, les difficultés d’accès à un logement, à un emploi constituent une spirale infernale dont nous ne parvenons pas tou,te,s à nous extraire. »
Un engagement pris auprès des organisations trans
Le collectif transféministe Toutes des femmes a choisi d’être présent à la manifestation parisienne de Nous Toutes, et d’en profiter pour appeler les manifestantes présentes à se joindre aussi au rassemblement organisé pour le TDoR par l’association Acceptess T qui aura lieu le soir même.
« C’est la journée que Nous Toutes a choisi pour sa manifestation », rappelle Jill Maud Royer, membre du collectif, qui a demandé à Nous Toutes de prendre ses responsabilités en tant qu’organisatrice de la marche « en faisant en sorte que les transphobes n’aient pas leur place dans cette manifestation-là. »
Le collectif Toutes des femmes a en effet échangé avec Nous Toutes et a pu obtenir l’engagement que le service d’ordre de la manifestation sera intransigeant avec tout type de pancartes ou slogans transphobes qui pourraient survenir durant la manifestation.
Un service d’ordre qui ne laissera pas passer la transphobie
« On va expressément former le service d’ordre et les prévenir de potentiels attaques et de propos transphobes », confirme à Madmoizelle Marylie, de Nous Toutes. « Il sera mobilisé là dessus, pour que ces pancartes n’aient pas leur place, tout comme des pancartes racistes. »
Une façon de rattraper le coup après l’annonce de la manifestation qui avait indigné la communauté trans ?
« On nous a fait le reproche de vouloir invisibilsier le TDoR, ce qui n’était pas du tout notre intention », affirme la représentante de Nous Toutes, qui ajoute :
« On ne pouvait pas non plus invisibiliser la journée mondiale des droits de l’enfant [qui se tient elle aussi le 20 novembre, ndlr]. On a donc choisi de faire une manifestation qui dure moins longtemps avec un parcours moins long, pour permettre aux manifestantes de se rendre au rassemblement du TDoR. »
Nous Toutes prévoit aussi l’intervention d’une activiste trans lors des prises de paroles de fin de marche. En outre, parmi les désormais traditionnelles pancartes distribuées aux manifestantes pour créer une marée violette, l’une sera sur la transphobie.
En amenant Nous Toutes à se positionner contre la transphobie, Jill-Maud Royer constate avec satisfaction « une prise de conscience dans le mouvement féministe mainstream » concernant les enjeux transféministes et la présence de discours excluant les femmes trans.
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Crédit photo : Maëlle Le Corre
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