Le drag fait partie intégrante de la communauté LGBTQ+ et de son histoire, mais il ne faut pas pour autant confondre drag et transidentité : si certaines drag queens sont des personnes trans, d’autres sont des hommes cisgenres, pas forcément homosexuels, qui se produisent en drag selon une démarche artistique — en chantant, dansant, en faisant du play-back ou du stand-up, en devenant mannequin, en se produisant dans des cabarets…
RuPaul’s Drag Race est une compétition télévisée de drag créée par la star du milieu RuPaul en 2009.
Thaïlande, Royaume-Uni, Chili, ou bien encore l’Espagne : il n’y a bien qu’en France qu’une version locale de l’émission RuPaul’s Drag Race se fait désirer. « Cela va se faire », prédit pourtant d’une voix assurée Ghost Elektra, drag queen parisienne et productrice dans l’évènementiel.
Car oui, des producteurs français ont bel et bien racheté les droits d’adaptation du show américain, créé et présenté depuis 2009 outre-Atlantique par RuPaul. Le couturier Jean-Paul Gaultier a confirmé, au micro de la radio RTL, avoir été approché pour faire partie de l’équipe de la version française.
Encore faut-il passer outre la frilosité des chaînes… L’animatrice Laurence Boccolini, grande fan du show, avait exprimé son souhait d’en faire partie, mais « Les chaînes françaises ne sont pas prêtes à faire ça, c’est bien dommage », avait-elle soufflé, interrogée sur ce sujet par Daphné Bürki fin 2020.
Qu’importe : pour beaucoup, l’adaptation française de RuPaul’s Drag Race n’est qu’une question de temps. « Cela pourrait être une très belle exposition pour permettre aux drag queens françaises de toucher un public plus large et par la suite, d’avoir de belles opportunités de carrière », souligne la performeuse Ghost Elektra.
Drag Contest : moins de blabla, plus de drag
Ouvrez donc Instagram et abonnez-vous : un RuPaul’s Drag Race français existe déjà ! Depuis 2020, le Drag Contest rassemble des artistes « de partout en France voir même du Canada » pour une compétition virtuelle, indique son animatrice.
La troisième édition, qui se tiendra à partir du 6 octobre prochain, réunira une fois de plus douze candidates (« Peu importe leur genre ou leur âge », précise Ghost Elektra) qui s’affronteront chaque semaine sur un thème imposé.
« J’évoluais déjà autour du monde du drag mais j’ai réellement franchi le pas en regardant l’émission de RuPaul », se souvient la présentatrice du Drag Contest.
« C’est en regardant des artistes comme Sharon Needles (la gagnante de la saison 4) que j’ai réalisé que le drag pouvait être autre chose que du glamour et des paillettes. L’esthétisme pouvait être différent et varié. »
Retrouver l’esprit du RuPaul des débuts
La performeuse regrette cependant une baisse en qualité de l’émission, et la main des producteurs qu’elle juge trop lourde depuis des années — un sentiment partagé par un grand nombre de fans.
« Pour être honnête, je suis blasée depuis plusieurs saisons. L’émission de RuPaul a apporté énormément, mais elle mériterait d’être plus organique, plus naturelle… Dans le milieu, on sait pertinemment que la production a déjà son top 4, avant même le début de la compétition. »
« Les compétitions de drag queen existent depuis des décennies », rappelle Ghost Elektra, mais « avec le temps, l’émission de RuPaul a laissé une place de plus en plus grande au sensationnalisme ».
Le programme originel tente tout de même de maintenir un certain équilibre. Piliers de l’émission, RuPaul et sa comparse Michelle Visage égrènent au fil des épisodes de précieux conseils pour les participantes. Mais toutes les adaptations ne sont pas logées à la même enseigne : « dans la version canadienne, une jurée seulement appartenait à la communauté drag », regrette l’artiste parisienne.
« En France, j’espère que les producteurs trouveront une chaîne qui met en lumière l’art du drag au lieu de capitaliser sur un art qu’ils ne comprennent pas, qu’ils ne respectent pas. Le drag demande de l’effort, de l’argent et de l’énergie : il faut que cela se voit à la télévision. »
La participation du couturier de renom Jean-Paul Gaultier enverrait un bon signal d’après Ghost Elektra.
« Il ne fait pas forcément partie du mouvement mais il connaît son histoire. Cela lui donne une légitimité. Si on veut vraiment respecter les drag queens, il faut qu’elles soient jugées par des gens qui s’y connaissent, pas par le dernier musicien à la mode. »
Surtout que « mine de rien, en France, nous avons une grande histoire du drag qui n’appartient qu’à nous : on n’est pas le pays de la mode pour rien ! », exulte l’artiste. « Nous avons des filles qui font ce travail depuis 10, 20 ans dans des cabarets… j’espère qu’elles seront représentées. »
Si la chaîne se porte garante d’une représentation respectueuse du drag à la française, « on sera là pour soutenir le programme », promettent les drag queens de l’Hexagone. À bon entendeur…
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