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Source : Pexels / Karolina Grabowska
Règlement de comptes

Nour, 3 300 € par mois et 3 enfants : « Je pioche régulièrement dans mon épargne sans réussir à la renflouer »

Comment gérer avec son ex les dépenses liées aux enfants après une séparation ? Quelle organisation financière quand on est une famille recomposée ? Voici quelques-unes des questions auxquelles nous nous attaquons cette semaine dans Règlement de comptes.

Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant… et féministe, par certains aspects ! Dans Règlement de comptes, des personnes en tout genre épluchent leur budget, nous parlent de leur organisation financière en couple ou en solo, et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Nour* qui a accepté de décortiquer ses comptes pour nous.

  • Prénom : Nour*
  • Âge : 42 ans
  • Profession : directrice d’un centre de formation
  • Salaire net avant prélèvement à la source : 2 361 €
  • Salaire net après prélèvement à la source :  2 361 €
  • Personnes (ou animaux) vivant sous le même toit : 3 enfants, un chien, un chat et son compagnon deux à trois jours par semaine
  • Lieu de vie : Redon (Ille-et-Vilaine)

La situation et les revenus de Nour

Nour a 42 ans. Divorcée depuis un peu plus de 4 ans, elle est en couple depuis ce même nombre d’années avec un homme qui ne vit pas avec elle. « Mais il vient deux à trois jours par semaine chez moi ». Ses trois enfants de 15, 11 et 8 ans sont en pleine garde chez elle depuis un an « après avoir été en garde alternée pendant 3 ans »

Ensemble, ils vivent à Redon, en Ill-et-Vilaine, dans une maison dont ils sont locataires depuis 6 mois. Auparavant, Nour était propriétaire avec son ex-conjoint, avant de déménager à Redon avec ses enfants en août 2022 .

« Nous vivions alors dans une autre maison mais qui était trop petite et sans jardin. Nous avons donc rapidement déménagé, ce qui a engendré de nouveaux frais, et un loyer un peu plus important. Mais aujourd’hui, j’ai 5 chambres et un grand jardin. »

Nour occupe depuis un an et demi le poste de directrice d’un « petit centre de formation »

« C’est un métier que j’ai exercé pendant douze ans, avant de faire un burn-out et de me mettre à mon compte pendant quatre ans dans le domaine de la communication et de l’immobilier. Je suis revenue à ce métier car c’est un poste polyvalent dans lequel on ne s’ennuie jamais. J’aime avoir des responsabilités, travailler dans le domaine associatif et contribuer à donner du sens à la réorientation professionnelle des personnes. J’ai, cette fois, une petite équipe, avec une super ambiance, et un cadre de travail très roots, donc une grande souplesse dans mon organisation. »

Pour cet emploi, qu’elle exerce à temps partiel (80 %), elle touche un salaire net de 2 361 €

RDC_NOUR_SALAIRE

« Je pense que je suis plutôt bien payée car si j’étais à temps plein, mon salaire serait de 3 000 € net. Dans le secteur associatif, même sur des postes à responsabilités, les salaires ne montent pas vite. J’ai négocié mon salaire au début. Je m’estime plutôt chanceuse d’avoir ce salaire, même si je galère forcément plus qu’un couple. Je finis quand même assez souvent à découvert depuis que je suis en garde pleine car avec l’inflation, la pension alimentaire ne couvre pas forcément les dépenses que je réalise pour les enfants. »

De plus, Nour reconnaît que même si elle aime son travail, il lui arrive de prendre parfois un peu trop de place dans sa vie. 

« Il est difficile de vraiment faire un 80 % quand on est sur des postes de direction. Je suis très sollicitée sur les temps où je ne travaille pas.  La charge mentale est importante, et comme j’ai tendance à beaucoup (trop) m’impliquer dans ce que je fais, je dois faire attention à ne pas retomber dans les travers qui m’ont conduit à un premier burn-out. »

En tant que parent solo, en plus de son salaire, Nour touche 579 € par mois d’allocations familiales et de complément familial. Elle bénéficie aussi d’une pension alimentaire de 360 € (120 € par enfant), versée par son ex-conjoint pour subvenir aux besoins des enfants. 

RDC_NOUR_REVENUS

Le rapport à l’argent de Nour et son organisation financière

Nour a grandi auprès de parents professeurs qui ont un rapport à l’argent diamétralement opposé. Si son père « avait un bon salaire en tant qu’agrégé » et a donc « une bonne retraite calculée sur les dernières années », il n’avait pas d’épargne pour autant car était « très dépensier ».

« Ma mère était derrière lui pour faire les comptes. Elle fait très attention aux dépenses liées à l’alimentation etc. Cela a toujours été un sujet de dispute entre eux. Mais dans l’ensemble, les comptes sont toujours restés à flot grâce à ma mère. »

Nour, de son côté, se situe « un peu entre les deux »

« Je n’ai jamais vraiment trop regardé à la dépense, et cela ne m’inquiète pas trop d’avoir un petit découvert. Depuis que je suis seule, cela arrive beaucoup moins souvent que quand j’étais en couple. De manière générale, je ne m’inquiète jamais outre mesure pour l’argent. Sauf depuis quelques temps car je me dis qu’il ne reste que trois ans avant que ma grande rentre en études supérieures. »

La quarantenaire a récemment dû piocher dans son épargne pour certaines grosses dépenses, comme les achats de mobilier et électroménager suite à ses déménagements. 

« Mais cette épargne est maigre et donc je dois absolument éviter de m’en servir dans les mois qui viennent. Heureusement, ce sont des dépenses qui ne reviendront pas pour le moment. »

Côté organisation, Nour dispose d’un compte courant personnel sur lequel sont versés tous ses revenus. Elle a cependant conservé avec son ex-conjoint un compte joint pour les dépenses liées aux enfants qui ne rentrent pas dans la pension alimentaire, comme le coût de scolarisation dans un établissement privé ou les activités extrascolaires. 

« Nous faisons chacun un virement d’un montant de 250 € que j’ai déterminé en prenant en compte ce type de dépenses à l’année, plus les imprévus liés aux enfants. »

Par ailleurs, Nour ne dispose pas pour le moment de compte joint avec son nouveau compagnon, mais il lui arrive de participer « de temps en temps aux dépenses de la maison », comme les courses de la semaine. « Et c’est plus souvent lui qui paye le resto quand nous y allons tous les deux. »

Les dépenses de Nour

Pour la maison en location qu’elle occupe avec ses 3 enfants, Nour paye un loyer mensuel de 730 €. Il s’agit de son principal poste de dépenses fixes. 

Suivent les factures courantes : 426 € par mois pour « l’eau, le gaz, l’électricité et 3 heures de ménage par semaine »

« Je pourrais réduire cette dépense pour une femme de ménage. Mais moralement, j’en ai besoin ! Car je n’arriverai pas à tenir ma maison correctement si elle n’était pas là. »

Les assurances (tout risque habitation, véhicule, scolaire…) lui reviennent à 95 € par mois et les frais bancaires à 15 €. 

Nour règle aussi 77 € par mois pour deux abonnements téléphoniques, un abonnement Internet et Netflix. 

Les transports pèsent sur son budget : en moyenne 500 € par mois pour sa voiture en leasing (260 €), l’essence et les billets de trains aller-retour de ses enfants lorsqu’ils vont chez leur père. 

RDC_NOUR_DÉPENSES

« L’année dernière, j’étais à 1 100 € par mois de dépenses alimentaires »

Nour estime le budget alimentaire mensuel de sa famille à 750 € par mois. Il passe essentiellement chez Lidl « parce que c’est moins cher et qu’il y a moins de tentations »

Nour complète aussi avec Picard pour les produits surgelés, le U Express au plus près de chez elle quand il lui manque un produit et le marché le samedi matin pour faire le plein de fruits et de légumes. 

« Sur certains, cela vaut vraiment le coût car c’est bien meilleur. Mais sur d’autres, je suis parfois déçue car c’est beaucoup plus cher que chez Lidl et parfois pas forcément meilleur. Ce n’est pas évident d’être dans le soutien des producteurs locaux quand on voit certains prix.  Il fut un temps, avant le covid, où j’avais commencé à aller dans les magasins bio. Mais j’ai vite arrêté. Financièrement, ce n’était pas tenable. »

Nour a conscience que ce poste budgétaire est élevé. 

« J’ai commencé à le réduire depuis quelques semaines. Je me suis aperçue que sur la dernière année scolaire, j’étais à 1 100 € de dépenses entre les courses en supermarché et les restaurants, dont pas mal de fast food. Et quand on est quatre ou cinq, ça monte vite. C’est aussi en m’apercevant du coût de mes courses que j’ai demandé à mon compagnon de commencer à contribuer un peu. »

À ces frais, s’ajoutent aussi le budget cantine des 3 enfants (250 € par mois) et toutes les dépenses liées à ces derniers, qui lui reviennent en moyenne à 400 € par mois. Cela comprend « les vêtements, les jours, les livres, et surtout les 250 € versés sur le compte joint pour leur scolarisation et les activités »

« J’ai aussi réduit le budget livres, notamment pour enfants. C’était un gros budget pour moi car j’ai du mal à emprunter les livres. J’aime que la bibliothèque soit fournie et qu’on puisse relire les livres. J’ai aussi réduit dernièrement mon forfait téléphone. »

Les dépenses dites « féminines », estimées à 45 €, dont la moitié est destinée à sa fille adolescente pour les protections périodiques, le maquillage et les soins pour cheveux. 

« Pour ma part, je n’ai pas besoin de protections étant sous pilule microdosée, qui est totalement remboursée par la Sécurité sociale. Et je ne me maquille pas. J’achète un pot de crème Lancôme tous les six mois à 70 €. »

Le reste des produits d’hygiène et de beauté pour elle et ses deux autres enfants est estimé à 10 ou 15 € par mois et passe dans le budget courses. 

Les autres dépenses de Nour comprennent la nourriture pour les animaux (40 € par mois) et 110 € de frais de santé non pris en charge par l’Assurance maladie. 

« J’ai eu pas mal de soucis de santé cette année et j’ai consulté des thérapeutes non remboursés. Donc j’espère pouvoir réduire cette dépense une fois que cela ira mieux. 

J’espère également réduire mes dépenses énergétiques car la maison que je loue actuellement est bien mieux isolée que la dernière. J’ai un chauffe-eau solaire, et une cheminée en complément du gaz de ville. »

Les dépenses loisirs de Nour

En tant que mère de 3 enfants, Nour a surtout des loisirs liés à eux, comme le sport et la musique. 

« Nous avons eu droit à 125 € d’aides avec les pass sport/culture. Le budget pour cette année va être en moyenne de 50 € par mois, que je divise par deux avec mon ex. Nous allons rarement au cinéma, dans des musées ou dans des parcs. C’est vraiment exceptionnel. Donc notre loisir le plus régulier va plutôt consister à aller se balader à pied ou à vélo sur le canal de Nantes à Brest, ou jouer dans le jardin ou à des jeux de société. »

Le budget loisirs, estimé à 300 €, est surtout dédié aux restaurants en famille et aux vacances. 

Les dépenses en vêtements sont quant à elles estimées à 75 € par mois, principalement pour les enfants. 

L’épargne et les projets d’avenir de Nour

Mises bout à bout, toutes ces dépenses dépassent les rentrées d’argent de Nour : elle est en solde négatif de 318 €

« Cette différence a été prise tout le long de l’année sur mon épargne liée à la vente de ma maison. Cette année, j’ai pour objectif de ne plus y toucher, voire de la renforcer. »

Comme elle n’arrive pas à économiser à l’heure actuelle, Nour entend bien faire des économies en réduisant ses dépenses alimentaires. 

« J’aimerais pouvoir épargner pour les études de mes enfants car je sais que je pourrai difficilement compter sur mon ex mari pour ça ; et c’est quelque chose qui m’inquiète. Je commence déjà à voir si les enfants pourront être boursiers, mais je sais qu’on sera sur une tranche où ils n’auront quasiment rien. »

Nour réussit néanmoins à alimenter régulièrement les livrets A des enfants, grâce à l’argent qu’elle partage encore avec son ex-mari. 

« L’objectif est qu’ils aient la même somme arrivée à l’âge de 18 ans, autour de 1 800 €, ce qui n’est pas grand-chose, en tout cas pas suffisant pour couvrir des dépenses liées à la poursuite d’études ! »

La fille aînée de Nour a aussi un compte jeune sur lequel elle verse 20 € d’argent de poche par mois. 

Pour être plus sereine d’un point de vue financier, Nour se dit qu’il serait sans doute plus simple que son nouveau compagnon emménage avec elle

« Il est évident que cela nous soulagerait, car même si je perdais une partie des allocations familiales, mon compagnon gagne environ le même salaire que moi donc ce serait beaucoup plus confortable. Mais cela ne doit pas être une raison pour vivre ensemble. Pour l’instant, c’est au jour le jour. »

Côté professionnel, elle va bientôt suivre une formation pour devenir consultante en bilan de compétences à son compte

« Cela me permettra d’avoir une activité en parallèle en complément de mon travail actuel. Mais pour cela, il faut que mes enfants grandissent, ou que mon ex mari arrive à s’organiser pour venir habiter dans la même ville (ce qu’il essaye de faire ces derniers temps…) afin que nous repassions en garde alternée et que je puisse avoir plus de temps pour moi et pour développer mon activité. »

Merci à Nour de nous avoir ouvert ses comptes !

* Le prénom a été modifié.

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Les Commentaires

3
Avatar de Alba Persephone
5 octobre 2023 à 16h10
Alba Persephone
Ce n'est pas bien précisé pour le compagnon actuel combien il participe pour les courses mais on peut imaginer que cela correspond à sa consommation.
Par contre, la participation de son ex conjoint à la pension alimentaire me choque beaucoup, c'est énormément faible comparé aux dépenses qu'elle réalise pour ses enfants.
On ne sait pas si c'est parce qu'il a bien magouille ou si c'est que ses ressources sont faibles mais je ne trouve pas normal qu'on ne tienne pas compte de ses ressources à elle car au final c'est elle qui trinque !
7
Voir les 3 commentaires

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