Les quelques flocons suspendus aux arbres, le matin avant 7 heure, ne laissent aucun doute sur la période de l’année. Noël et le nouvel an sont en effet à nos portes, prêts à recouvrir nos tables de délices en tous genres.
Et vous le savez, qui dit fin d’année dit rétrospective des meilleurs programme des chaines et plateformes de SVoD !
Voici quelles séries se sont frayé un chemin jusque dans nos cœurs en 2021.
Scenes from a marriage, sur OCS
Avant d’être un huis-clos progressiste porté par Jessica Chastain et Oscar Isaac, Scenes From a Marriage, ou Scènes de la vie conjugale de son titre français, est une série en six épisodes d’Ingmar Bergman, un réalisateur et scénariste suédois, sortie en 1973 à la télévision publique suédoise puis condensée en un seul et même (long) film.
Un programme qui était déjà, à l’époque, à des années lumière de faire l’éloge du mariage, du moins d’un point de vue institutionnel, et explorait le quotidien d’un couple dont l’homme admettait avoir une relation extra-conjugale.
Dans la version de 2021 créée par Hagai Levi, l’humeur est également au pessimisme. Mais elles sont nombreuses, les différences avec l’œuvre originale. Et pour commencer, les rôles, au sein du foyer, se sont inversés.
Cette année, c’est le mari qui reste à la maison s’occuper de sa fille, et l’épouse qui travaille dur dans la tech, ramène le plus d’argent, et entretient une relation adultère.
Une série en huis-clos portée par Jessica Chastain, Oscar Isaac et Shirley Rumierk, particulièrement bien réalisée, qui dispense un frisson de pessimisme mais demeure un véritable spectacle pour qui aime le contemplatif.
Voir Scenes from a Marriage sur OCS
Mare of Easttown, sur OCS
Cette année, il n’y a pas à dire, HBO a dominé le marché des séries.
Mare of Eattown, bien qu’elle n’ait pas joui du succès qu’elle méritait, a su piquer la curiosité de ses abonnés, notamment grâce à sa tête d’affiche : j’ai nommé Kate Winslet en personne.
Ce programme signé Brad Ingelsby se déroule dans une petite ville de Pennsylvanie où Mare est flic.
Dans son quartier, tout le monde se connait, se fréquente, passe des soirées ensemble. Alors quand le corps d’une adolescente est retrouvé sans vie dans la forêt, c’est toute la ville qui spécule, prend peur et surtout feu.
Dans le chaos, Mare tente de mener son enquête tout en se laissant une chance de recommencer sa vie après qu’un drame terrible a précipité ses dernières années dans la tragédie.
Kate Winslet, absolument extraordinaire, donne toute son ampleur à un programme dont on sait déjà qu’en dépit de sa fin un peu décevante, on se rappellera longtemps.
Maid, sur Netflix
Maid, c’est la série sociale qui a foudroyé le cœur des abonnés Netflix cette année, notamment grâce à Molly Smith Metzler (scénariste de Shameless, Casual, et Orange Is the New Black) qui officie également comme productrice exécutive.
Ici, elle filme Alex, une jeune femme qui fuit la violence de son compagnon, et s’installe dans une ville inconnue pour redémarrer sa vie avec sa fille unique.
Seulement, elle n’a pas de qualification, pas d’endroit où laisser sa fille pendant la journée, pas d’argent pour payer une crèche, pas de domicile et une mère avec qui elle ne s’entend pas.
Bref, Alex a besoin de solutions, et vite.
La seule sur le marché ? Travailler comme femme de ménage et servir dans des maisons qu’elle ne pourrait jamais s’offrir elle-même.
Une intrigue proche de la réalité de nombreuses femmes, qui est d’ailleurs inspirée d’une histoire vraie — celle de Stephanie Land, dont les mémoires intitulées Maid: Hard Work, Low Pay, and a Mother’s Will to Survive ont figuré parmi les best-sellers du New York Times en janvier 2019.
Découpé en 10 longs épisodes, ce récit n’a rien à envier aux films de Ken Loach et s’impose comme le programme social absolument indispensable de l’année.
It’s a Sin, sur Canal+
Il n’aura fallu que 5 épisodes à It’s a sin pour convaincre son monde et se faire une place dans le cœur des amateurs de séries.
Rien d’étonnant quand on sait que derrière ce programme se cache Russell T Davies, l’homme de Years and Years, le meilleur programme de 2019.
Adepte de thématiques sociales, il nous a cette année présenté Ritchie, Roscoe et Colin, trois personnes qui entament leur vie d’adultes dans le Londres de 1981 où le virus du SIDA se propage.
Une fresque saisissante et profondément humaniste sur la communauté gay des années 80, qui a marqué les abonnés de Canal+ et a été plusieurs fois nommée aux Golden Globes 2022.
The White Lotus, sur OCS
En juillet, la planète série n’avait plus qu’un titre à la bouche : The White Lotus. Une série écrite par Mike White, qui a vite su convaincre le public et surtout la quasi-intégralité des critiques mondiaux.
Il faut dire qu’elle en a sous le pied, cette comédie amère en 12 épisodes, dont la singularité peut dérouter, voire mettre franchement mal à l’aise.
Elle se passe au White Lotus, un hôtel archi-luxe situé à Hawaï où débarquent plusieurs vacanciers.
Il y a d’abord un couple fraichement marié, dans l’homme est le pire des égoïstes de la planète, une famille dysfonctionnelle dont le père est persuadé d’avoir un cancer des testicules, et enfin une dame hypocondriaque d’un certain âge qui doit disperser les cendres de sa mère dans l’océan.
Tout se petit groupe (campé par Sydney Sweeney, Alexandra Daddario, Jake Lacy, Murray Bartlett, Connie Britton et Steve Zahn) évolue sous l’égide de Armond, le gérant de l’hôtel qui a quelques petits soucis d’addiction à l’alcool et à la drogue.
Sur des plages de sable fin, les personnages apprennent doucement qu’on a beau partir, on emmène toujours nos problèmes avec nous.
The White Lotus, c’est une farce délicieusement cruelle sur fond de meurtre qui n’épargne aucun de ses personnages et remue le couteau dans la plaie de chacun.
En thérapie, sur ARTE
Impossible de réaliser cette sélection des meilleures séries de l’année sans y ajouter une production française.
D’autant que l’Hexagone a mainte fois démontré, ces dernières années, qu’elle était une créatrice de contenus très sérieuse, qui réussit même à s’imposer à l’international, notamment avec Dix pour cent, qui vient d’être récompensée aux International Emmy Awards.
Sortie le 4 février, En thérapie est en réalité l’adaptation d’une série israélienne nommée BeTipul, qui a joui d’un beau succès dans son pays de diffusion jusqu’à inspirer des adaptations dans le monde entier.
La version française, créée par Eric Toledano, Olivier Nakache et Laetitia Gonzalez, n’a rien à envier à sa génitrice, et brille de par sa ressemblance à l’œuvre originale tout en explorant les retombées d’un drame français : les attentas. du 13 novembre.
Sans doute l’une des séries qui nous a le plus foutu un coup de poing en plein bide cette année.
Succession, saison 3, sur OCS
Ça bouge pas, Succession est toujours la meilleure série que vous ne regardez pas.
Depuis maintenant trois saisons, ce drame aux accents de comédie cynique (ou est-ce l’inverse ?) déroule l’intrigue shakespearienne de la fratrie Roy : Kendall, Shiobhan et Roman, enfants du milliardaire Logan, un tyran les gardant à tout prix sous sa coupe. L’un d’entre eux va-t-il hériter de l’empire médiatique du paternel ? Et à quel prix ?
Entre critique acerbe du système médiatico-politique américain, tragédie grecque, guest stars 5 étoiles et punchlines plus acérées qu’un éclat de miroir, Succession saison 3 n’attend que de vous fasciner. Et elle est déjà bien en lice pour les Emmy 2022, évidemment.
Foundation, sur Apple TV+
Avec l’adaptation en série des cinq nouvelles composant le premier volet du monument littéraire d’Isaac Asimov, Foundation, la plateforme Apple TV+ frappe très fort.
Créé par David S. Goyer et Josh Friedman, ce nouveau programme en 10 épisodes est un OVNI télévisuel, dont l’incompréhensibilité n’a d’égale que sa splendeur.
Foundation se déroule dans l’empire galactique dirigé par la dynastie génétique des clones de l’empereur Cléon Ier (déjà, c’est pas simple), qui sont au nombre de trois : un adolescent, un homme dans la force de l’âge et un vieillard.
Quand le professeur Hari Seldon — tantôt considéré comme un charlatan, tantôt comme un génie à abattre — prédit (via des mathématiques particulièrement compliquées) la chute de l’empire et ses dirigeants, il se voit exilé sur Terminus, une planète désolée aux confins de la Voie lactée.
C’est là que Seldon, aidé de quelques-uns de ses fidèles, bâtit la Fondation, destinée à préserver le savoir de la civilisation, et à calculer le nombre d’années que durera le chaos provoqué par l’effondrement de l’empire.
En somme, vous l’aurez compris, Foundation est une série de science-fiction qui a pour enjeu la sauvegarde de sa galaxie et la remise en cause de son système social et politique, comprenant moult guerres de pouvoir.
Ici, ce qui fascine, ce sont les voyages d’un décor à un autre, de la capitale Trantor aux steppes brûlantes, qu’opèrent merveilleusement les épisodes — parvenant à nous faire absolument oublier que certaines zones de l’intrigue demeurent parfaitement obscures pour qui n’a pas lu Isaac Asimov.
Foundation est une fresque spatiale sans précédent, dans la lignée du magnifique Dune de Denis Villeneuve, qui, sans crier gare, nous a séduite de bout en bout.
Dopesick, sur Disney+
Produite par Hulu et diffusée sur Star, la chaine « adultes » de Disney+, Dopesick est une plongée terrifiante dans la commercialisation d’un produit qui a conduit à la fameuse crise des opioïdes aux États-Unis.
Au début du 21è siècle, un médicament anti-douleur, l’OxyContin, se vend en effet comme des petits pains.
Prescrit pour tout et n’importe quoi, du plus léger mal de crâne à une inflammation du genoux, ce cachet « miracle » — normalement destiné à des personnes qui souffrent de cancer phase terminale — est fortement commercialisé, et son usage terriblement banalisé.
Et pour cause, sa consommation repose sur un pourcentage fallacieux, servant d’argument de vente aux VRP du groupe Purdue qui martèlent tel un slogan :
« Moins d’1% des patients qui utilisent l’OxyContin souffrent d’addiction à ce médicament ».
Pourcentage bel et bien mensonger puisque des centaines de milliers d’Américains et d’Américaines se retrouvent vite accro à l’OxyContin, au point pour certains d’en consommer plus que de raison.
Ainsi, les États-Unis assistent à une terrible augmentation des overdoses, sous le regard indifférent d’une entreprise pharmaceutique qui s’en met plein les fouilles.
Cette entreprise justement — Dopesick a ceci de passionnant qu’elle donne à voir aussi bien les dessins des grands manitous de Purdue que de ses détracteurs — n’a qu’une idée en tête : dépasser le milliard de dollars de recettes, quitte à sacrifier ses patients.
Une série qu’on a trouvé trop classique dans sa forme pou la garder en mémoire pendant encore dix ans, mais toutefois assez puissante et dénonciatrice pour qu’elle intègre cette sélection.
Voilà, c’est tout pour cette année. Oh, on aurait pu aussi vous citer Squid Game et autres Chronique des Bridgerton mais on est persuadé que vous les avez déjà vues en long, en large et en travers.
Alors laissez une chance aux séries ci-dessus qui, si vous ne les avez pas déjà bingées, devrait refaire votre hiver.
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Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
(Oui, vous l'avez oublié, je me permets de le rajouter rama: )