Le saviez-tu ? Les individus féminins seraient également dotés de poils !
Permettez-moi ce brin d’ironie (si peu) pour vous présenter le compte Instagram @nospoils, créé il y a peu par Claire Sarfati.
Dans le sillage de comptes comme @tasjoui sur l’orgasme féminin ou @balancetapeur au sujet de la vulnérabilité
, cet espace de discussion entend libérer la parole autour des tracas pileux du quotidien qui restent bien souvent tabous.
Les femmes aussi ont des poils
L’idée est née des contradictions qui se bousculaient dans la tête de Claire, une femme partagée entre son habitude de s’épiler, sa peur du regard des autres et son envie d’accepter son corps tel qu’il est :
« Cela fait un moment que l’épilation est pour moi source d’une espèce de lutte interne : à chaque fois que je m’épile (que ce soit seule ou chez l’esthéticienne) cela me met presque en colère contre moi-même.
J’ai des poils : pourquoi faudrait-il que je les enlève ? Et à quel prix ? Ça coûte cher, ça fait mal, ça demande de l’organisation…
Sans parler du fait que je ne peux m’empêcher de penser qu’à la seconde où j’ai fini de m’épiler, mes poils sont déjà en train de repousser, ce qui rend toute l’opération encore plus absurde.
Et pourtant je m’épile, et à ce jour je n’ai pas prévu d’arrêter, parce que je n’aime pas mes poils : je les trouve franchement disgracieux et je suis mal à l’aise face au regard des autres lorsqu’ils sont visibles.
Eh oui, on ne met pas fin à toute une vie de conditionnement en une seconde… »
Parler des poils pour se détendre le bulbe
S’emmêler les poils pubiens dans nos propres paradoxes, c’est le quotidien des humains… mais ça va mieux quand on en parle !
Claire a donc créé le compte Instagram @nospoils pour ouvrir la discussion et partager des témoignages autour des idées reçues, des difficultés et des victoires autour de la pilosité.
Pour elle, le sujet mérite tout simplement d’être traité, pour faire entendre des voix différentes des injonctions multiples qui pèsent sur le poil :
« Je sais que je ne suis pas la seule à me poser toutes ces questions – qui concernent d’ailleurs aussi certains hommes – et que le choix de garder ou non ses poils devrait être personnel mais qu’il est en réalité éminemment politique.
C’est pour cela que j’ai eu envie de créer un lieu où on pourrait discuter de tout ça. J’ai donc décidé de lancer ce compte, non pas pour dire à qui que ce soit quoi faire de ses poils, mais simplement pour ouvrir cette discussion que je trouve nécessaire.
L’idée est aussi de rappeler à tout le monde une réalité qu’on semble oublier : les femmes sont naturellement poilues ! C’est bête, mais ça vaut le coup d’être dit.
Et si au passage les témoignages des un.es peuvent aider les autres à se sentir à l’aise avec leurs poils et donc avec leur corps, alors j’aurais tout gagné ! »
Et toi, comment ça se passe avec tes poils et toussa ? Raconte-moi en commentaires et témoigne sur le compte @nospoils !
À lire aussi : Pourquoi tu t’es épilée, toi, la première fois ?
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Les Commentaires
À ce que j'ai vu, les comptes Instagram français sont un peu moins sujets aux trolls que ceux anglais, où y'a littéralement des dizaines d'hommes qui s'abonnent pour venir clasher toute publication féministe (imaginez la quantité de haine qu'il faut avoir pour s'adonner à ça quand on a probablement une vie à côté - parce que ce ne sont pas tous des illettrés pas super éduqués, malheureusement). On peut abandonner toute idée de discussion rationnelle et civilisée dans ces publications.
Ça fait du bien de voir qu'on peut permettre aux femmes et aux jeunes filles d'avoir le point de vue de femmes qui ont les mêmes insécurités qu'elles à ce niveau-là. Non, se débarrasser des injonctions à la beauté comme l'épilation n'est pas facile, c'est normal que ça fasse peur, c'est normal d'avoir peur du regard des gens, et oui naturellement le corps féminin a différentes nuances de pilosité, et aucune n'est dégoûtante ou sale. Il y a un monde entre savoir en théorie que tu n'as aucune obligation de t'épiler, et réussir à vivre ta vie sans stress si tu n'as pas envie de t'épiler, et je trouve qu'en dehors des ''plateformes'' spécialisées comme les forums Madz ou des vidéos d'artistes, des articles, des choses qu'il faut aller chercher par soi-même quoi, il n'y a pas vraiment de moyens de se sentir soutenue ou comprise durant la ''transition''. Ça ne facilite pas les choses, tout particulièrement pour les adolescentes, et je suis heureuse que ces discussions centrées apparaissent sur des plateformes ''fourre-tout'' comme Instagram. En plus, si on a de la chance, vu qu'à peu près tout le monde dans les dernières générations d'ados/jeunes adultes se retrouvent là-dessus, on pourra peut-être rendre ces réflexions intéressantes pour nos hommes/garçons.
Je pense à tout ça parce que je ne me suis jamais sentie super interpelée par ces injonctions (sauf pour mes aisselles, je trouve ça vraiment moche le poil à cet endroit sur moi), pas même durant mon adolescence, premièrement parce que j'ai une morphologie très fine et petite, et que j'ai toujours associé mes poils au fait qu'avec eux j'ai moins l'air d'une gamine... et deuxièmement parce que c'était facile pour moi vu que je n'ai pas une pilosité garnie et que mes poils sont très blonds. Who cares que je porte des shorts en ne m'épilant pas les jambes si on ne voit presque rien, sauf sous un certain angle en plein soleil? On ne m'a jamais, jamais embêtée avec ça... mais du coup je n'étais pas vraiment de bon conseil pour mes amies qui avaient toutes une pilosité plus abondante et plus foncée que la mienne. Je sais qu'à l'époque ma situation était vue par elles comme quelque chose d'un peu unique, genre je peux me le permettre parce que la génétique m'a fait ce cadeau et c'est tout (techniquement ce n'est pas totalement faux), pour elles c'est différent. Les (très rares) filles qui ne s'épilaient pas étaient soit crades, soit bien plus courageuses qu'elles, et personne ne parlait jamais de l'entre-deux, du sentiment de gêne ou de malaise, du combat intérieur que ça peut être d'accepter d'être vue en société dans un état totalement méprisé par les gens.
Pour faire avancer un peu les choses, on ne peut pas sensibiliser que par les discours, les gens ont besoin de discuter entre eux pour se comprendre et savoir qu'ils ne sont pas seuls, pas moins courageux, pas plus stupides ou sales que les autres. Tout le monde a du poil, et entretenir son corps en le gardant naturel de différentes manières n'est pas réservé aux femmes qui ont ''gagné'' la lotto de la génétique la plus près des standards de beauté occidentaux, ou encore aux super-héroïnes qui n'ont peur d'absolument rien et encore moins des jugements des gens (ce qui est un mythe, on s'entend).
Du coup, mes fils sont encore jeunes, mais ils savent que les femmes peuvent choisir de s'épiler ou pas et que c'est correct, parce qu'ils me voient faire, et je suis satisfaite à l'idée que le jour où ils seront assez vieux pour rejoindre les réseaux sociaux, il y aura de plus en plus de lieux de discussion comme ces pages Insta pour leur faire voir les choses du point de vue des femmes, leur ouvrir la discussion en dehors du cercle familial et les rendre beaucoup plus doux et tolérants que je ne doute pas qu'ils seront déjà (oui je me lance des fleurs, j'ai le droit des fois :cretin.