— Article initialement publié le 21 août 2014
Hier soir, j’ai vu Nos étoiles contraires sur grand écran et laisse-moi te dire que je suis encore toute chose. Ça faisait un petit moment que j’attendais la sortie du film en salles ; je guettais chaque bande-annonce et les affiches dans le métro étaient de petites tortures. Enfin, je suis délivrée… mais pas indemne.
Il n’est jamais facile de faire confiance à une adaptation, surtout quand on aime vraiment le livre. La méfiance prend souvent le dessus car l’imaginaire que développe la lecture est une des rares choses qui nous restera toujours propre.
Difficile, parfois, d’accepter le choix du casting, les prises de position… Pourtant, il arrive que le résultat soit à la hauteur des attentes, ou du moins qu’il rassure.
Nos étoiles contraires a-t-il réussi sa délicate métamorphose à l’écran ?
Nos étoiles contraires : l’histoire d’amour sur fond de chimio
Rares sont les bouquins pour adolescents qui osent transcrire la vie comme elle est, sans fard, sans poudre aux yeux. Le best-seller de John Green parle d’une histoire d’amour non sur fond de pétales de rose, mais entre les trajets à l’hôpital et la peur de disparaître soudainement.
Hazel Grace Lancaster est une jeune fille de seize ans. Ses poumons sont très faibles et elle survit grâce à une canule et un traitement dont on ne connaît pas bien les effets secondaires. Alors qu’elle passe ses journées à regarder Top Model USA et à lire frénétiquement son roman préféré, sa mère décide de la faire participer à un groupe de soutien. Là, Hazel rencontre Augustus Waters, en rémission d’une ostéosarcome et beaucoup trop charismatique pour être ignoré.
Présenté comme ça, le synopsis semble prendre tous les clichés les plus cucul et les mixer pour en faire une purée infâme. Crois-moi, en tant que spectatrice dédaigneuse des histoires façon Coeur grenadine, je sais ce que c’est. Là où John Green sauve la mise, c’est dans le traitement de la situation et dans son style très simple et moderne. Shakespeare pouvait se permettre de faire dans le pompeux du temps de Roméo et Juliette, mais les temps ont changé !
Des personnages authentiques dans Nos étoiles contraires
Cette simplicité mène à une construction réaliste des personnages. Hazel et Augustus sont comme le couple que tu formais avec ton voisin d’amphi, à peu de chose près. Ce sont des ados comme les autres… qui souffrent d’un cancer.
Augustus est un garçon avec beaucoup d’humour, qui prend tout à la dérision et n’a peur que d’une chose : être oublié. Hazel est une jeune fille intelligente et sensible. Elle voue une sorte de culte spirituel à son écrivain préféré, Peter Van Houten, auteur d’Une Impériale Affliction.
Isaac, le meilleur ami de Gus, est lui aussi malade et nage dans un amour fusionnel pour une jolie fille aux seins malléables. Les parents de l’héroïne tiennent aussi une place très importante dans l’histoire.
Niveau casting, je n’ai jamais eu de doutes : Shailene Woodley fait une merveilleuse Hazel Grace. Sa prestation est d’une justesse troublante, sa beauté est celle de la jolie fille que tu as croisée dans la rue ce matin, réelle et loin des canons hollywoodiens aussi travaillés qu’inaccessibles.
est lui aussi très convaincant. Il a réussi à capter toutes les émotions de son personnage, de l’assurance à la peur en passant par la détresse et la déchéance face à sa mort imminente. C’est loin d’être le plus facile à jouer quand on est un jeune acteur, mais il s’en sort avec talent.
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Mais celle qui a obtenu mon entière admiration, c’est Laura Dern (oui, celle de Jurassic Park) dans le rôle de la maman d’Hazel. J’ai retenu mes larmes à chacun de ses passages à l’écran, ou presque. Elle est si juste, dans cette tâche horrible qui est de se préparer à enterrer sa fille, à chercher l’optimisme là où il n’existe plus, qu’elle m’a totalement bouleversée dans le livre comme dans le film.
Cette authenticité, c’est sans aucun doute la grande force du film, celle qui lui donne un sens encore plus fort, et qui bouleverse tout sur son passage.
Éclats de rire dans un océan de morve devant Nos étoiles contraires
L’autre point positif de Nos étoiles contraires, c’est qu’il a beau traiter un sujet sombre, il n’est pas dénué d’humour. Gus y est pour beaucoup dans certaines scènes, mais l’humour parfois un peu noir d’Hazel et l’omniprésence de sa voix-off promettent des éclats de rire plutôt agréables… et en toutes circonstances !
Pourtant, tu auras beau lire ce que tu veux pour te rassurer, te concentrer sur un point à droite de l’écran en clignant des yeux, on a là un film triste. Tu risques de pleurer, de rire, voire de rire en pleurant. Moi qui m’était promis de ne pas craquer (à savoir, exploser en sanglots) devant le générique de fin, je me suis effondrée sur l’épaule de mon copain (qui ne faisait pas non plus le malin).
Oui, Nos étoiles contraires est un film qui te fera te sentir en vie… mais il ne te donnera pas plus confiance en elle, malheureusement. J’ai d’ailleurs aimé le fait qu’aucune grande morale ne soit imposée au spectateur. Non, personne n’est « toujours fort devant la maladie ». Personne n’est là pour te dire « Yolo, profite à fond, on sait jamais ». La vie est simplement telle qu’elle est.
Une bonne adaptation au cinéma de Nos étoiles contraires ?
Nos étoiles contraires est un film qui trouve résolument sa place en 2014. Il y a cette petite patte qui donne un côté faussement indé : le voyage à Amsterdam, un poil hipster, qui change quand même de Paris, Venise ou Tokyo, l’utilisation massive des SMS, la BO pop/folk pile dans l’air du temps…
Josh Boone a, à mon sens, fait du bon travail avec le livre de John Green. Il a réussi à trouver des acteurs à la hauteur de leurs personnages. L’esprit et la finesse de l’oeuvre originale sont bien là.
Je critiquerai quand même l’aspect (inévitable, sans doute) poli et lissé de l’histoire… Alors que certains détails sont bien appuyés, d’autres ont tout simplement disparu. Pas de traces de Caroline Mathers ou de la petite annonce pour vendre la balançoire… Certains aspects qui rendent le récit encore plus durs ont été omis (la phase terminale d’Augustus est quand même beaucoup plus « light » à l’écran). J’imagine que le rendu devait être accessible au (très) grand public et minimiser le pathos. Tout ne peut jamais être parfait et, j’avoue que pour cette fois, je m’en suis plutôt contentée.
Des critiques… critiquables
Les principales critiques qui sont adressées au film estiment qu’il s’agit d’un long-métrage pour gamines dépressives mais un peu en rut, et qu’il est tire-larmes au possible.
Je trouve justement que tout le monde peut se retrouver dans cette belle histoire, parents, adolescents comme jeunes adultes (la preuve). Aux autres, je répondrai que quand on va voir une comédie, on s’attend à rire ; devant un film d’épouvante on veut avoir peur, et ce n’est donc pas pour rien qu’il y a une catégorie « drame » sur AlloCiné !
Nos étoiles contraires est une histoire d’amour difficile, où l’existence ne tient qu’à un fil trop fin pour être renforcé. Mais c’est aussi une belle preuve que la vie, c’est pas si mal au fond, quoi qu’on pense, quoi qu’il arrive.
En tout cas, mon cœur bat un peu plus fort depuis hier soir.
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