Sept témoignages, trois plaintes, mais aucune condamnation. Ce mercredi 11 octobre, le parquet de Paris a classé sans suite l’enquête préliminaire à l’encontre de Norman Thavaud, accusé de viols, d’agression sexuelle, et de corruption de mineurs. Selon le parquet, les infractions seraient « insuffisamment caractérisées », a révélé BFMTV. Il avait été placé en garde à vue le 5 décembre 2022.
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Lors de cette enquête, sept jeunes femmes ont été entendues par la brigade de protection des mineurs, dont trois qui ont porté plainte. Elles ont expliqué avoir rencontré le youtubeur sur des applications de rencontre, sur les réseaux sociaux ou encore en soirée.
Âgées entre 17 et 19 ans, elles avaient, à l’époque, échangé des messages à caractère sexuel avec le créateur de contenu âgé de 36 ans. Ces conversations ont été suivies par des échanges de photos à caractère sexuel puis pour certaines d’entre elles, par des relations sexuelles.
Toutes ont expliqué aux enquêteurs s’être senties contraintes à avoir ces rapports, car elles étaient sous une forme d’emprise de la part de Norman Thavaud. Ceci du fait de la notoriété du youtubeur, mais également parce qu’il leur annonçait ne pas rester en contact avec elles si elles refusaient d’avoir une relation sexuelle avec lui.
Selon le parquet, le consentement n’a « pas été trompé »
Mais le parquet a écarté la corruption de mineur car « l’âge des jeunes filles n’a jamais été précisé en début de prise de contact, et qu’elles n’avaient pas d’apparence physique ni de discours laissant supposer de la part du mis en cause une particulière attirance pour les enfants ni les corps enfantins », a-t-il rapporté auprès de l’Agence France Presse.
Les qualifications de viols et agression sexuelle n’ont, elles aussi, pas été retenues. Selon le parquet, il « apparaît ainsi que les consentements n’ont pas été trompés, et que la pression de ne pouvoir revoir le mis en cause ou son insistance ne peuvent suffire à caractériser la contrainte (….) les échanges préalables aux rencontres étaient systématiquement sentimentaux et le plus souvent sexualisés et sans ambiguïté ».
Une décision qui pose question sur la non-prise en compte de la différence d’âge entre les plaignantes et le mis en cause, ainsi que sur l’ignorance de la notion d’emprise dans le traitement judiciaire des violences sexuelles. Sur son compte X (ex-Twitter), l’autrice Rose Lamy s’interroge : « Les ados et les enfants prendront acte, et intégreront l’idée que c’est normal qu’un adulte les sexualise, et qu’iels n’auront aucun recours si on les contraint sans violence physique », a-t-elle écrit dans une série de tweets.
Avant de conclure : « La société entière aura bonne conscience et l’intime conviction que la justice française fonctionne. Ils iront même voir Le Consentement [NDLR, adaptation cinématographique du livre de Vanessa Springrora, actuellement en salles] et se diront que vraiment c’était horrible, que c’était une autre époque, que ça n’arriverait plus en 2023. »
En 2021, une enquête d’Urbania avait déjà recueilli le témoignage de Maggie Desmarais, l’une des plaignantes âgée de 16 ans à l’époque, accusant Norman Thavaud d’user de sa notoriété pour obtenir des messages et photos à caractère sexuel. Dans les mois qui ont suivi, elle a affirmé avoir reçu une trentaine de témoignages similaires au sien.
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Les Commentaires
Mais pas étonnée au vu du titre, sans compter qu'il me semble qu'il y avait en plus des victimes d'origine étrangère. Trop coûteux pour la justice française. Et puis après tout, elles l'ont bien cherché, si on se base sur les préjugés.