Emily Nagoski est éducatrice en sexualité, neuropsychologue et auteure du best-seller Come As You Are, un ouvrage qui s’appuie sur les neurosciences pour ramener de la confiance et de la joie dans la sexualité féminine.
Dans ce TED Talk, elle partage une découverte qui explique pourquoi il arrive que notre corps soit excité alors que nous n’avons pas envie de faire l’amour, et réciproquement.
Le TED Talk d’Emily Nagoski sur le désir et le cerveau
Elle raconte avec humour comment les gens l’abordent pour lui poser leurs questions personnelles et explique leur gêne manifeste en pointant les travers de l’éducation sexuelle :
La raison pour laquelle vous êtes gênés est que vous avez passé les vingt premières années de votre vie à apprendre que le sexe est une chose dangereuse et la source dégoûtante d’une honte éternelle, et que si vous n’êtes pas vraiment bon à ça, personne ne vous aimera jamais.
Les confusions autour de la sexualité découlent aussi de notre méconnaissance du fonctionnement du corps. Alors que nous avons l’habitude de parler d’une unique zone dédiée à la récompense dans notre cerveau, mais Emily Nagovsky liste trois systèmes imbriqués mais distincts :
- Celui qui contrôle ce que l’on aime (« Liking ») et qui se défonce aux opiacées. Son fonctionnement, assez basique, a pour but d’identifier ce qui apporte du plaisir ou non : ce stimulus fait me sentir bien donc c’est une bonne chose.
- Celui qui contrôle ce que nous désirons (« Wanting »), imbriqué dans le cerveau émotionnel, et qui nous motive à rechercher les stimulis agréables et fuir les autres. L’auteure souligne que si le système du liking et celui du wanting sont liés, ils ne sont pas identiques.
- Celui qui gère l’apprentissage (« Learning ») qui est illustré par l’expérience de Pavlov. Un chien est conditionné à être nourri quand une cloche sonne et il développe le réflexe de saliver quand la cloche sonne.
Cela signifie-t-il pour autant qu’il a envie de manger la cloche, souligne Emily Nagoski ?
Pourquoi le corps ne suit pas toujours nos envies
Distinguer ces trois systèmes donne un cadre théorique pour expliquer le phénomène de la non-concordance du désir.
Cette non-concordance correspond à une absence de lien entre la réponse physiologique et notre expérience subjective du plaisir et du désir.
Elle peut se retrouver dans tous nos systèmes de motivation, y compris sexuel.
C’est le cas lorsque nous sommes excités physiquement alors que nous n’avons pas envie de faire l’amour, ou quand, à l’inverse, nous aimerions avoir un rapport sexuel mais que le corps ne suit pas.
Emily Nagoski explique ainsi que le sang peut affluer dans les parties génitales en réponse à un stimuli, bien que notre système subjectif du désir n’assimile pas ce stimuli à quelque chose de plaisant.
D’après les recherches de ces trente dernières années, les chances pour que ces deux systèmes concordent ne sont que de 10 à 50 % !
Il est donc fréquent qu’une fille mouille dans une situation qui ne l’excite pas, qu’elle ne lubrifie pas dans une situation qui l’excite, qu’un garçon n’arrive pas à avoir d’érection alors qu’il a envie de faire l’amour ou au contraire, qu’il bande subitement devant un trou de donut.
Comment savoir alors avec certitude ce que désire notre partenaire ? Emily Nagoski n’a qu’un conseil :
Écoutez ses mots, et achetez du lubrifiant.
Même si le corps semble montrer qu’il ou elle veut ou non du sexe, il n’y a que ce qu’elle exprime verbalement qui peut confirmer ce qu’elle souhaite ou pas.
Emily Nagoski fait donc le lien avec la question du consentement et rappelle l’importance de respecter la parole, le « oui » et à plus forte raison le « non » d’un•e partenaire.
Même si le corps semble dire « oui », « non » veut toujours dire « non ».
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Les Commentaires
Donc ok, je m'assurerai qu'il y a toujours une bouteille de lubrifiant dans le coin ! (quoique même avec, le corps qui ne suit pas peut me couper et c'est nul)