Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects… féministe ! Dans notre rubrique Règlement de comptes, des personnes en tout genre viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière (en couple ou solo) et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Noëlie qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom : Noëlie
- Âge : 30 ans
- Métier : infirmière
- Revenu mensuel : 3 900 euros net mensuels à deux
- Famille : Elle, son mari, leur fille de 3 ans et demi et un bébé à naître
- Lieu de vie : Une maison avec un jardin, dans un quartier résidentiel en périphérie d’une grande ville de l’ouest de la France
Les revenus de Noëlie et de son mari
Pour son poste d’infirmière dans une structure privée (une association à but non lucratif), Noëlie touche environ 1 950 euros net par mois, pour une ancienneté de six ans. C’est peu ou prou le même salaire que son mari, développeur informatique, avec qui elle est en couple depuis une douzaine d’années.
À eux deux, ils touchent donc 3 900 euros par mois… Et c’est tout. Ils ne recevront des allocations familiales qu’à partir de la naissance de leur deuxième enfant.
« Je m’estime raisonnablement payée, mais c’est un minimum au vu de mes compétences, mes diplômes, et de l’économie actuelle. Pour moi, le SMIC est une somme honteusement basse et personne ne devrait recevoir moins de 1 500 euros mensuels nets (en province). »
Noëlie, 30 ans
L’organisation financière de la famille
Comme pas mal de couples, Noëlie et son mari ont des comptes perso ET un compte commun. Ce dernier sert pour toutes les dépenses du quotidien liées à la maison ou à leur enfant, mais aussi à la contraception !
Le couple a pris la décision depuis plusieurs années d’alimenter le compte au prorata de leurs salaires :
« Pendant quatre ans, je gagnais 400 euros mensuels de plus que mon mari, je déposais donc une somme plus conséquente que lui sur le compte commun. Puis mon mari a eu un temps de congé parental total, donc j’assumais un plus gros pourcentage encore, puis un temps de chômage. À chaque changement de situation, nous refaisons les comptes. Pour nous ce n’est pas l’égalité, mais l’équité qui prime dans les dépenses du ménage. »
Noëlie, 30 ans
Aujourd’hui, leurs revenus sont alignés, donc ils versent la même somme sur le compte commun tous les mois, mais l’arrivée de leur deuxième enfant risque de bouleverser à la fois leurs revenus et leurs dépenses.
« Nous avons fait le choix d’allonger ma présence à la maison bien au-delà des dix semaines du congé maternité légal. J’ai l’intention de prendre un congé parental total de huit mois, soit autant de temps à vivre avec une importante baisse de revenus pour moi (la CAF verse une prestation, la PREPARE, à hauteur de 398€ mensuels).
Nous rediscuterons après la naissance de la part de chacun dans le budget du compte commun, en fonction des revenus, mais aussi des nouvelles dépenses que ce bébé engendrera (bien que niveau équipement, iel récupérera la majorité des accessoires et vêtements de son aînée). L’avantage, c’est que nous n’aurons pas à nous soucier de frais de garde, ni de garderie ou périscolaire pour sa sœur, durant ces quelques mois. »
Noëlie, 30 ans
Après ce congé parental de quelques mois, la jeune femme a prévu de reprendre le travail en confiant son bébé à une crèche quand iel aura un an. Le couple a d’ailleurs déjà fait une préinscription dans deux crèches près de chez eux.
Logement, transport, alimentation : les principales dépenses de la famille
L’essentiel des dépenses de la famille est consacré à leur logement. Le couple rembourse chaque mois 950 euros d’un prêt immobilier consacré à l’achat de leur maison avec jardin, installée dans un quartier résidentiel d’une grande ville de l’Ouest de la France.
À cette mensualité, viennent s’ajouter 120 euros de facture d’électricité et 30 euros de facture d’eau, ainsi que 120 euros de taxe foncière. Noëlie estime par ailleurs qu’ils dépensent chaque année environ 8 000 euros pour faire des travaux d’entretien et de rénovation dans leur maison, soit 700 euros par mois en moyenne.
« Nous avons acheté notre maison en 2016, avec un endettement sur 25 ans. Le remboursement mensuel du crédit immobilier est supérieur à notre ancien loyer de 200 euros environ, ce fut donc un calcul serré à négocier dans nos habitudes. Cependant, notre maison nous rapprochait de nos jobs respectifs, donc nous avions moins de frais d’essence (deux voitures à l’époque) et elle n’est pas plus consommatrice en termes de charges (notre appartement était une passoire thermique).
L’alourdissement du budget s’est fait sur les taxes foncières et d’habitation à l’époque (environ 1500 € annuels à ajouter aux dépenses). Aujourd’hui, cinq ans plus tard et une situation salariale différente, nous ne regrettons pas cet achat. »
Noëlie, 30 ans
Comme l’explique Noëlie, le couple n’a aujourd’hui plus qu’une seule voiture, utilisée par la jeune femme pour aller travailler ou faire des courses. Son mari est, lui, passé au vélo pour aller bosser (à 11km de leur domicile) ou pour déposer/récupérer leur fille à l’école (4,5 km).
« Dans notre quartier hélas, il n’y a pas grand-chose d’accessible à pied, alors qu’il s’agit de mon moyen de déplacement favori. Il nous arrive aussi épisodiquement d’utiliser les transports en commun de la métropole. »
Noëlie, 30 ans
Au total, le couple estime consacrer environ 105 euros de son budget au transport (carburant, entretien voiture et vélo, transport en commun…). Un montant augmenté par le coût de l’assurance du véhicule (et de la maison) d’environ 88 euros par mois.
Côté alimentation, la famille dépense environ 500 euros par mois, auxquels viennent s’ajouter 30 euros versés à la pharmacie ou pour l’achat de croquettes pour leur chat.
Je suis vigilante : je compare les offres, je regarde les prix au kilo, je cherche à acheter d’occasion (c’est une sacrée charge mentale d’ailleurs que je suis la seule à porter pour le coup) donc j’ai l’impression que l’on fait déjà beaucoup pour réduire nos postes de dépense et je n’envisage pas d’en faire plus.
Noëlie, 30 ans
Les autres dépenses de la famille
Leur fille étant entrée à l’école maternelle publique, le couple n’a pour l’instant pas de frais de garde d’enfant, à part 75 euros de cantine par mois et une dizaine d’euros pour quelques heures de périscolaire, quand leurs plannings de travail se chevauchent.
Noëlie pense qu’elle consacre aussi un budget d’environ 50 euros à vêtir et chausser sa fille, et plutôt 30 euros pour chacun des adultes.
Le couple dépense enfin 98 euros mensuellement pour Internet, deux forfaits téléphoniques et un abonnement à Netflix, et estime ses dépenses « loisirs » à 300 euros par mois, même si chacun n’a pas forcément une vision très claire des dépenses de l’autre.
Chacun a son jardin secret sur son propre compte et l’on ne se demande pas comment on dépense le reste de nos salaires. Par exemple, je ne dis pas à mon mari ma facture d’esthéticienne, mais s’il me la demande, je répondrai sans soucis.
Noëlie, 30 ans
Dans l’année, le couple part en vacances de temps en temps, mais reste très raisonnable en termes de dépenses. Noëlie estime qu’ils n’y consacrent pas plus de 1 500 € par an (trajets, location, loisirs sur place, etc).
L’épargne de la famille et le rapport à l’argent
Une fois sa participation versée sur le compte commun, Noëlie place 100 euros par mois d’épargne sur un livret et conserve le reste de son salaire sur son compte courant personnel.
« Mon compte me sert à payer les dépenses liées à ma voiture, mes vêtements, mon matériel perso, mes frais de santé (hors contraception). Lorsque je reçois une prime au travail, je la conserve entièrement pour moi (idem pour mon mari). »
Noëlie, 30 ans
Le couple a aussi ouvert un livret à leur fille à sa naissance pour y placer les chèques que leur entourage leur a donnés pour elle, et à chacun de ses anniversaires, ils lui versent une somme cadeau.
Noëlie et son mari ne se sont jamais disputés à propos d’argent et la jeune femme estime qu’ils ont un rapport à l’argent un peu différent, mais complémentaire :
« Nous avons un fonctionnement un peu différent, mais complémentaire : il est moteur pour oser acheter, je suis la voix de la raison s’il s’enflamme. On ne s’est jamais retrouvés dans la situation à ne pas pouvoir payer une facture ou des courses.
J’ai été élevée dans l’hyper-économie, j’en conserve un tempérament prudent et économe, mais j’ai aussi appris à me faire plaisir et à savoir dépenser de grosses sommes sans me ronger les ongles au sang. »
Merci à Noëlie de nous avoir ouvert ses comptes !
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Crédit photo : Cedric Fauntleroy / Pexels
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