Les adaptations du livre vers l’écran, c’est toujours compliqué. C’est une mission suicide de vouloir contenter tout le monde. Chacun s’est déjà fait sa propre idée et, que ce soit le casting ou la mise en scène, rien ne sera forcément comme on l’imaginait. L’adaptation cinématographique d’un livre est un casse-tête, celle d’un jeux vidéo est un enfer…
Alors imagine un peu devoir faire un film en te basant sur des récits bibliques. Lève la tête, regarde le monument auquel tu vas te mesurer, et pleure un bon coup.
Bonne chance.
En voulant adapter la Genèse via l’histoire du patriarche Noé, Darren Aronofsky prend un gros risque. Alors, est-ce que son Arche prend l’eau ?
Noé, la critique (garantie sans spoilers)
Je suis partie voir Noé en tant qu’athée non baptisée et non initiée au christianisme. Je ne suis que très peu tentée par la religion, donc je n’appréhendais pas du tout le film comme une adaptation littérale du mythe (que je connaissais peu, finalement).
J’ai été agréablement surprise de voir que ce passage de la Bible a été traité de la manière dont j’avais envie de la voir : comme de la science-fiction. J’avais peur de tomber dans le kitsch d’un dieu barbu créant les hommes en lançant des éclairs, confortablement calé entre deux nuages, de me retrouver face à une mise en scène digne de La Bible expliquée aux enfants, ne laissant aucune place à l’imaginaire et à la supposition. Heureusement, Darren Aronofsky n’a pas cédé à la tentation du ridicule ! Dieu merci, si j’ose dire.
Noé, c’est l’histoire d’une famille qui vit, solitaire, dans un environnement sommaire, menant une existence frugale. Pour eux, le respect de la nature est primordial.
Noé est le seul à pouvoir communiquer avec Dieu, via des rêves angoissants à base de flashs et de sueur. Ce dernier prévoit de détruire la race humaine, devenue mauvaise depuis le péché d’Adam et Ève. Il souhaite épargner uniquement Noé, sa femme et leurs trois enfants.
Le patriarche est donc sommé de construire une immense arche afin de sauver les animaux du déluge purificateur. Pas de bol : Tubal-Caïn (la figure humaniste) préfèrerait pouvoir mettre ses fesses et celles de ses hommes dans le bateau de fortune plutôt que de crever la bouche ouverte.
De façon assez surprenante, la scène de l’inondation arrive assez tôt. Une interrogation naît alors : c’est bien beau, mais il reste encore une heure de film, donc il se passe quoi quand tout ce petit monde est dans l’Arche ? Alors que le film est en mode action pure, avec un petit goût d’heroic fantasy dans un premier temps, il se concentre davantage sur la psychologie des personnages et sur le débat — certes un peu manichéen — de l’humanité contre la décision de Dieu dans la seconde partie.
Ce que j’ai trouvé particulièrement intéressant avec cette histoire, c’est le parallèle entre ces deux visions : l’homme sensé et sage, obéissant à des ordres qu’il sait être bons et divins… ou la dégénérescence totale de ce même homme et son effondrement dans la folie. Car oui, on peut se demander si Noé n’est pas tout simplement en train de devenir un Jack Torrance en puissance
.
Le synopsis est simple mais a tout de même été largement étoffé par rapport à la Bible. Les personnages ont été (re)pensés et développés. Je pense notamment au rôle de Naameh, la femme de Noé, un ajout passionnant, et le personnage le plus intéressant et humain selon moi. La prestation des acteurs principaux est impeccable et donne de la profondeur au long-métrage (mention spéciale à Emma Watson qui reste adorable même quand elle chiale sa mère pendant trois jours d’affilée).
Autre aspect non négligeable : la photographie du film est une merveille. C’est juste assez saturé pour que le spectateur y voie un paysage de science-fiction, sans trop en faire pour tomber dans la caricature. Certaines séquences sont tout bonnement magnifiques. Et si certains pensent avoir malencontreusement zappé sur National Geographic, je suis bien triste pour eux.
Je donne quand même un -1 pour les images de synthèse utilisées à outrance : ok, recréer des animaux préhistoriques à la main, c’est compliqué, mais de là à numériser des oiseaux et des nourrissons…
Noé a presque tous les codes du blockbuster dans les veines. Du casting luxueux au thème épique, en passant par les punchlines un peu faciles, ce pourrait presque être un Gladiator humide. Pourtant, il oscille toujours entre le traitement grand public et plus indépendant.
Là où un mastodonte catastrophe à gros budget intégrerait des blagues ou des moments de détente, Noé laisse le spectateur dans un brouillard maussade. Je lui ai presque trouvé un petit côté à la Lars Von Triern pour tout vous dire. J’ai trouvé dans ce film une atmosphère unique et dérangeante, que j’apprécie toujours chez Darren Aronofsky (qui était derrière Requiem for a dream, tout de même).
Quand je vais au cinéma, je veux que le film me provoque une émotion, quelle qu’elle soit. C’est chose faite avec Noé !
Russell Crowe et Jennifer Connelly en interview
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Les Commentaires
Oui les protecteurs y sont. Mais personnellement je ne te le conseille pas, j'ai détesté ce film !!!
Et je suis athée donc c'est pas une question de respecter ou non l'histoire biblique qui me chiffonne, mais il y a quand même beaucoup, beaucoup TROP de moments complètements WTF qui n'apportent absolument rien au film !
Et moi qui adore la science fiction et qui allait voir le film justement pour ça (Et pour Emma Watson :shifty, je trouve qu'elle s'incruste très mal dedans, on dirait qu'on l'a rajouté là juste parce que la science fiction ça plait aux gens… Et contrairement à la critique j'ai trouvé les images de synthèses DEGUEULASSES ! Ils ont un peu trop abusé du fond vert… Ca fait cheap !
Voila globalement un gros nanard qui en plus a une ambiance glauque tout du long !