Prenez un chapeau (haut de forme, de préférence). Écrivez tous les poncifs de la littérature policière qui vous passent par la tête sur des bouts de papiers et jetez-les-y. Secouez le chapeau. Choisissez au pif trois options.
Vous avez tiré « disparition mystérieuse », « changement d’identité » et « course poursuite en forêt » ?
Merveilleux, vous avez dorénavant une matière suffisante pour élaborer un roman à la Harlan Coben. Et même une série.
Pas besoin de chercher plus loin !
Harlan Coben, conteur d’histoires lugubres inégales
Vous allez dire qu’on est mauvaise langue et vous n’aurez pas tort.
On tient donc à rétablir la vérité : il en faut du talent, de la rigueur et de l’opiniâtreté pour écrire 30 bouquins (et superviser leur adaptation).
Pour cela, on attribue notre plus beau « amen » à Harlan Coben, qui mérite tout notre respect et notre admiration.
Cependant, et parce qu’on a passé un week-end affreux devant les épisodes de Ne t’éloigne pas, série adaptée du livre éponyme sorti en 2012 sur Netflix, on en a un peu ras-la-casquette des intrigues d’Harlan Coben.
Il faut dire que l’auteur de 60 ans, né dans le New Jersey, est plus que prolixe et met un point d’honneur à ratisser les contrées du polar en long, en large et en travers, jusqu’à épuiser les possibilités qui s’offrent à lui.
Ce qui lui a parfois permis d’accoucher de monuments comme Une chance de trop, considéré comme son meilleur roman, ou Ne le dis à personne, qui a été adapté au cinéma par Guillaume Canet et a rencontré un très beau succès — l’auteur est même le premier à avoir récolté trois des prix majeurs de la littérature policière aux États-Unis : le prix Edgar-Allan-Poe, le prix Shamus et le prix Anthony.
Seulement voilà… l’écrivain, légèrement obsessionnel, a une fâcheuse tendance à tourner en rond.
Ainsi, on a vu Safe, Intimidation et Ne t’éloigne pas, et Disparu à jamais, quatre séries inspirées de ses œuvres (toutes disponibles sur Netflix) et on a eu la rigoureuse impression d’avoir regardé quatre fois le même programme.
Ne t’éloigne pas, une intrigue cousue de fil blanc
Ça commence par une fête, un cocktail, des femmes qui dansent et une disparition dans un bois.
Ça enchaîne sur la vie en apparence parfaite de Megan, une femme sur le point d’épouser le père de ses trois enfants, qui reçoit une carte vierge destinée à une certaine Cassie (han, en fait Megan a changé d’identité).
Ça continue sur l’enquête que mènent deux flics (dont l’une ressemble sérieusement à Valérie Damidot) sur la disparition d’un jeune homme de 20 ans dont le signe distinctif est un collier hideux.
Évidemment, ces trois trames sont liées, et s’entrechoquent dans un gloubi-boulga mal dégrossi, contenant justement tous les éléments que vous avez vous même sortis de votre chapeau au début de cet article : une femme qui n’est pas celle qu’elle prétend être, un môme disparu et une forêt sombre, le tout sur fond de flashbacks servis à la louche à potage.
En somme, et même si le pitch du programme n’est pas sans attraits, Ne t’éloigne pas ressemble cruellement aux autres séries Netflix inspirées d’Harlan Coben, qui brassent les mêmes thématiques et enjeux mais avec d’autres personnages et d’autres acteurs.
Autant dire que quand on en a vu une, on les a toutes vues.
Rien d’étonnant, car en réalité Netflix et Harlan Coben ont signé ensemble un contrat les liant sur non pas une, non pas deux, non pas trois, mais bien QUATORZE adaptations des bouquins de l’auteur.
Autant dire qu’on va en souper !
Le casting sauve la mise de Ne t’éloigne pas
Heureusement, et parce qu’il faut bien voir le verre à moitié plein, surtout en période de crise sanitaire déprimante, il y a du bon dans Ne t’éloigne pas réalisé par Daniel O’Hara et scénarisé par Danny Brocklehurst
À commencer par son casting, composé d’actrices et acteurs britanniques de talent comme Cush Jumbo (The Good Fight), Richard Armitage (Le Hobbit : la bataille des cinq armées), Jo Joyner (Shakespeare & Hathaway – Private Investigators) et James Nesbitt (Five Minutes of Heaven) qui, de justesse, sauvent le navire du naufrage.
Seuls d’excellents comédiens pouvaient donner un peu de corps aux personnages frustres de Cassie, Ray, Broome et Erin, dont l’épaisseur est proche d’une feuille de papier Canson.
C’est tout ce qu’on retiendra d’un programme qu’on a l’impression désagréable d’avoir vu mille fois. Ça, et le générique, qui semble tout droit venu d’un téléfilm France 2 des années 2000 !
Reste à voir si les prochaines adaptations des œuvres de Harlan Coben par Netflix réussiront à nous réconcilier avec son sens de la dramaturgie…
Voir Ne t’éloigne pas sur Netflix
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Les Commentaires
En revanche ça ne m'a pas du tout donné envie de lire du Coben