Le 31 juillet dernier, une jeune femme de 31 ans, habitante de Osny (Val-d’Oise) contacte la police, car son ex-compagnon la menace de mort en bas de son immeuble. Sauf que comme le révèle franceinfo, le policier qui la prend en charge ne prend pas au sérieux sa requête. Quand elle lui rapporte que son ex-compagnon va la tuer, le policier lui répond un « non », « dont on devine le ton ironique à la lecture du PV de retranscription », indique franceinfo.
Alors que la victime lance à l’homme qui la menace en bas de son immeuble « Commence pas à crier mon nom en bas de chez moi, casse pas les couilles Issa », le gardien de la paix dit à la victime, avant de raccrocher : « Et tu parles mal grosse merde. Alors tu m’étonnes qu’il te menace. Et rappelez plus, démerdez-vous avec. »
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Une heure et demie plus tard, la victime rappelle le 17. Elle tombe sur un interlocuteur qui semble la prendre plus au sérieux. Mais en réalité, il s’agit du même policier, qui a fait mine d’ignorer l’appel précédent. Alors que la victime se plaint d’avoir été insultée et de s’être fait raccrocher au nez, il répond : « Ah bon, il vous a insultée ? (…) Démerdez-vous grosse merde, ça m’étonnerait. »
Après l’avoir alerté sur la main courante qu’elle avait déposée contre son ex-compagnon, expliquant que « ça ne sert à rien », il s’impatiente : « Ouais bon, vous allez au commissariat, vous faites une plainte contre votre ami qui vous harcèle là, d’accord ? (…) Voilà, c’est tout. » Et « pour le policier, je sais pas, faites un courrier aussi », balaie-t-il.
Le lendemain de ces appels, la victime a été rouée de coups par son ex-compagnon.
Une interdiction d’exercer
Ce policier, âgé de 48 ans, a été cité à comparaitre mercredi 8 mars devant le tribunal correctionnel de Pontoise pour « omission de porter secours », et a été condamné à huit mois de prison avec sursis probatoire.
Il a été entendu lors d’une audience ouverte à la demande du parquet de Pontoise. Au cours de cette audition, il explique ne pas avoir pris au sérieux cet appel car il avait l’impression que la victime parlait « avec le sourire ». « Une femme en danger n’est pas agressive en général avec l’individu qui la menace », a-t-il déclaré.
En plus de sa condamnation, le policier a interdiction d’exercer la profession de policier pendant dix-huit mois et d’une obligation d’indemniser la victime. Il dispose de dix jours pour faire appel.
Jugé en comparution immédiate pour violences aggravées, en novembre 2022, Issa B., ex-compagnon de la victime, a été condamné à quatre ans de prison, dont trois ferme, a précisé l’avocate de la victime à franceinfo.
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est victime de violences conjugales, ou si vous voulez tout simplement vous informer davantage sur le sujet :
- Le 3919 et le site gouvernemental Arrêtons les violences
- Notre article pratique Mon copain m’a frappée : comment réagir, que faire quand on est victime de violences dans son couple ?
- L’association En avant toute(s) et son tchat d’aide disponible sur Comment on s’aime ?
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