J’avais déjà croisé ce garçon plusieurs fois, comme ça, mais sans jamais vraiment discuter avec lui.
On n’a pas spécialement de connaissances en commun, donc on se voit ici et là, on se demande si ça va, je mate discrètement son bouli venu d’un autre monde, et puis voilà.
Et puis je sais pas trop comment, un jour, on s’est fait une blague, et elle a continué par messages. C’était un vendredi matin, et le vendredi soir on en parlait encore. De cette blague, et d’autres trucs.
Une douce rencontre avec mon crush
Ça a continué quelques jours, jusqu’à ce qu’on se mette d’accord sur un soir à venir qui serait dédié à la descente de quelques bières. Il a proposé que ça se passe juste en bas de chez lui, et qu’on monte dans son appart si besoin.
J’me suis dit, eh, le type est direct ! J’lui ai dit eh, t’es un type direct, il m’a dit oui, je suis comme ça.
On a continué à parler, du réveil au coucher, sans jamais s’arrêter. On enchaînait les sujets de conversation stupides, on se faisait des blagues suggestives, on imaginait le château dans lequel on vivrait quand on serait riches.
Personne ne semblait vraiment jouer au jeu typique du chat et de la souris, de « qui arrêtera de répondre en premier, et qui relancera ». Ça m’a fait un bien fou.
On s’est croisés plusieurs fois, se lançant des petits sourires discrets avec des yeux pétillants. J’avais des petits papillons, j’avais toujours envie de voir son nom s’afficher sur mon écran, j’avais hâte d’arriver au jour J, j’étais enthousiaste.
Ça ne m’arrive pas tous les jours, de bien aimer un garçon pour de vrai, un truc de type ça se sent dans mon corps que je kiffe ce qui se passe, ça se sent dans ma tête qu’il y a un risque que je m’attache.
Il y a bien un moment où je me suis dit : « Ce mec est beaucoup trop joli pour être célibataire ». Mais j’ai laissé cette pensée s’effriter dans un coin de ma tête sans y prêter trop attention.
On a continué cette petite danse deux semaines avant de se voir en tête-à-tête. Deux semaines de conversation non-stop, de sous-entendus, de rires stupides et de ricanements secrets.
Mon premier rendez-vous avec mon crush
Lundi arrive, enfin. On se rejoint en fin d’après-midi dans le bar du coin, et tout doucement mais aussi très vite, le temps passe. Et tout est chouette.
On va chez lui se commander à manger, mais j’ai presque oublié que j’avais faim parce qu’on parle de mille choses.
C’est un humain sympa, en plus d’avoir un faciès agréable à regarder. Il est intéressant, il pose des questions, il écoute avec attention mes déambulations verbales ultra-longues.
Entre les choses auxquelles on aspire, le maintien de nos liens familiaux malgré la distance, et quatorze anecdotes idiotes qui durent toutes beaucoup trop longtemps, je prends mes aises sur son canapé.
Je suis bien, là, en bonne compagnie, j’ai hâte qu’on arrive aux bisous mais je profite de cette découverte en rigolant beaucoup trop.
J’aime bien apprendre qui il est, ce qu’il a vécu, la musique qui fait battre son coeur.
Et puis arrive 1 heure du matin.
À 1 heure du matin, après tout ça, il m’a dit :
« Bon, il est 1 heure du matin, je vais aller me coucher ».
Il est 1 heure du matin, je suis chez lui, il va aller se coucher. Vous avez bien lu.
Mon crush est… en couple ?!
Armée de 100 % de mon courage, j’ai attendu d’être à mi-chemin entre chez lui et chez moi pour lui écrire que je m’étais visiblement plantée sur ses intentions, mais que j’avais passé une excellente soirée.
Il m’a répondu :
« Ah mais j’ai une copine ! Je pensais que tu savais. »
D’OÙ SORT CETTE PERSONNE DONT TU N’AS JAMAIS PARLÉ, CRÉTIN ? SUIS-JE MÉDIUM ?
Le choc initial pas du tout passé, un peu titubante (rappelez-vous des bières), je me suis permis de l’informer qu’il était un peu un petit con, et que le fait qu’il n’ait pas pensé une seule fois à en parler pendant 2 semaines me gonflait pas mal.
On en a beaucoup parlé le lendemain. Il a été hyper à l’écoute, désolé, et confus.
Il n’a pas essayé de se trouver d’excuses, il a juste dit qu’il était désolé, il a voulu en savoir plus sur mon ressenti, sur ce qui avait rendu son comportement ambigu (j’avais quelques exemples, t’inquiète).
Et puis la conversation a repris son cours, naturellement.
Je n’en veux pas à mon crush…
Plot twist : cette personne que j’estimais être un humain sympathique est… en effet un humain sympathique.
Ça rend compliqué la potentialité de lui en vouloir beaucoup, même si la frustration me démange pas mal, et même si c’était vraiment casse-gueule comme moment.
Du coup, étant maintenant deux personnes au fait des mêmes minuscules détails de type « engagement préalable » et « nature de la relation envisagée », on a continué à se parler, se découvrir.
Sans rien attendre de précis.
…mais pourquoi ne pas dire qu’on est en couple ?!
J’ai l’impression que c’est courant, ce phénomène. Ce type (ou cette meuf, ce comportement grossier n’est pas genré) qui va te parler :
- De ses projets d’avenir les plus fous
- De sa relation compliquée avec sa cousine par alliance
- De sa recette préférée de gnocchis faits maison
- De sa nouvelle paire de sneakers qui est trop belle mais lui fait une cloque au petit orteil
Avant de mentionner SA MEUF. Qu’il n’amènera sur le tapis que quand il n’aura, pour ainsi dire, plus vraiment le choix.
Le moment de ta déconvenue venu, il t’assure qu’il n’était pas mal intentionné, qu’il était sûr que tu savais, qu’il a bien dû la mentionner à un moment, non ? (Non).
Qu’il est vraiment désolé que tu n’aies pas compris qu’il était, certes, disponible à toute heure du jour et de la nuit pour te raconter ses secrets les plus secrets, MAIS aussi en couple exclusif, enfin voyons c’est évident.
On n’OUBLIE pas de mentionner qu’on a déjà un ou une partenaire. Personne n’est dupe, mec. T’as joué au con et c’est moi qui ai perdu.
Le célibat est assez dur comme ça
C’est moi qui suis déboussolée, qui me sens injustement honteuse, c’est moi qui remet en doute tout ce que j’ai vu, et moi qui perds un peu plus confiance. En moi, et en de futurs partenaires potentiels.
C’est déjà tellement dur d’évoluer dans ce satané monde de célibataires, de se comprendre, de réussir à voir les signaux (positifs ou négatifs) et d’agir en fonction !
C’est pas forcément super nécessaire de rajouter un niveau de difficulté comme celui-ci, si vous voulez mon avis.
Déjà peu confiante de base, à ce rythme je vais finir par me faire nonne…
Et puis c’est un peu épuisant de devoir être en alerte constamment. On dirait que plus j’avance, plus je croise de nouveaux spécimens de mecs ignares qui n’ont aucune idée des conséquences de leurs actions !
Qu’ils soient de type fuckboy classique, d’une incapacité déconcertante à communiquer, d’un irrespect inattendu, ou, du coup, secrètement en couple.
N’en jetez plus ! C’est quoi le prochain piège ? Le prochain risque ? On se met trop de bâtons dans les roues là.
Aux gens en couple qui « oublient » de le dire…
Je voudrais donc clôturer ce petit récit (qui finit « bien », étant donné qu’au lieu de me faire soulever, j’ai gagné un énième ami que j’ai envie de déshabiller) par une demande officielle aux mecs (et aux meufs) tentés par l’idée de passer leur couple sous silence : MERCI DE NE PAS.
C’est sympa de se faire mousser, de flatter son égo, de vérifier qu’on plaît encore et de jouer à flirter. Mais en face y a des gens qui vous aiment bien, qui ont hâte de toucher vos pecs, peut-être, et/ou de refaire le monde avec vous.
Si vous avez envie de créer une connexion avec quelqu’un, rien ne vous en empêche, assurez-vous juste que tout le monde soit en possession de TOUTES LES INFORMATIONS histoire d’avancer dans la même direction !
Merci et bisous.
À lire aussi : Comment je suis tombée amoureuse du mec auquel j’ai mis un râteau
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Les Commentaires
Et je rejoins mes VDD, quand tu es en couple, tu fais des trucs ensemble. Pas forcément en étant collé par la hanche 24h/24h, mais passer plusieurs heures (jours ?) à discuter de ta vie avec quelqu'un sans JAMAIS mentionner un "on" ou un "nous", ça pause question pour moi. Plus sur la nature de la relation que le monsieur entretient avec sa copine, que sur ses intentions envers l'autrice du billet, mais ça traduit quelque chose.