Le 16 décembre 2017
Ah, la magie de Noël ! Ses retrouvailles en famille, ses traditions et surtout les histoires qui entourent cette période. Et parmi ces histoires, un personnage revient sans cesse…
Il est un peu vieux, carrément gentil, et il offre des cadeaux à tous les enfants sages de la Terre : le Père Noël.
C’est bien mignon tout ça, sauf que bien des adultes ne se contentent pas de parler de Papa Noël comme d’un personnage imaginaire. NON, ils en parlent comme d’un vrai truc qui existe vraiment, auquel il faut CROIRE.
Mes parents m’ont toujours dit que ce type n’existait pas. J’ai grandi dans une école où tout le monde y croyait.
Même si les intentions de mes aïeux étaient bonnes, je vous le dis maintenant que je suis adulte : cette enfance lucide tournait parfois au cauchemar.
Est-il inutile de croire au Père Noël ?
Ne vous méprenez pas, je suis contente de ne pas avoir été embarquée dans cette supercherie. Mes parents ont voulu transmettre à moi ainsi qu’à mes frères la valeur de l’honnêteté, et ils ont réussi.
Comprenez qu’il leur semblait un peu contradictoire dans un même temps de :
- Nous dire que « mentir, c’est mal »
- Nous mentir pendant des années en nous soutenant qu’un mec allait descendre du ciel (faisant au passage un gros doigt aux lois de la gravité) pour nous offrir la Gameboy Color de nos rêves.
Ça se tient.
D’ailleurs j’avoue aujourd’hui beaucoup m’interroger sur tous les efforts que font certaines personnes autour de moi pour faire perdurer cette croyance le plus longtemps possible auprès des gamins qu’ils croisent.
Pour quoi faire ? Pour qu’ils connaissent la magie de Noël ? Je trouve ça étrange. On peut passer un bon moment sans être persuadé qu’un personnage existe.
Ne pas croire au Père Noël ne m’a pas empêché d’apprendre des chants de Noël à l’école, ni d’écouter en rêvant des contes de Noël, ni encore de faire un gros dîner familial annuel avec un échange de cadeaux…
En revanche, cela m’a mise dans une position bien inconfortable : être la seule d’une classe de maternelle à connaître la vérité sur le papi qui offre des cadeaux.
Être la seule à ne pas croire au Père Noël
Donc me voilà à 3 ou 4 ans à l’école. Mes parents m’ont souvent répété que « mentir, c’est mal », alors je prends ce que me disent les gens, surtout les adultes, comme vérité. Pourquoi diraient-ils n’importe quoi ?
Là, je me rends compte que tous mes petits camarades autour de moi pensent que le Père Noël existe. Je leur dis qu’ils se trompent, et eux se liguent contre moi pour m’affirmer que je raconte n’importe quoi.
Comme je trouve ça injuste, et que je SAIS que c’est la vérité, je vais chercher la maitresse pour qu’elle tranche.
Et devant tous mes camarades, elle me donne tort en expliquant que le Père Noël existe. Elle ne laisse alors aucun doute : il vit au Pôle Nord et ne va pas tarder à nous rendre visite pendant notre sommeil.
Je trouve qu’elle est un peu bête de répandre cette idée totalement fausse (je me rends bien compte qu’elle ment, elle m’a fait un clin d’oeil), mais je comprends qu’il ne sert à rien de lutter.
Je vais devoir patienter des années pour que mes copains-copines se rendent compte d’eux-mêmes de cette bêtise. En attendant, je me sens bien seule…
Mes parents m’auraient-ils menti ?
L’un des trucs qui m’a le plus insupporté dans mon enfance, c’était les adultes qui me demandaient d’une voix niaise ce que j’avais « commandé au Père Noël » — déjà, le ton neuneu me donnait l’impression d’être prise pour une idiote, mais le Père Noël, c’était le pompon sur la Garonne.
Une fois, j’ai donc répondu de manière super chill à un adulte que son sacré bonhomme dans le ciel n’existait pas, que c’était mes parents, et il a continué à me soutenir que je me trompais, que le Père Noël existait.
Il n’y a rien de plus rageant que de savoir qu’on a raison mais de ne pas être écoutée. C’était mon quotidien de gamine autour de la période de Noël, et par moment, j’en suis venue à me demander si mes parents ne m’avaient pas menti !
Imaginez : l’intégralité de mes camarades, des parents d’élèves, des médecins, bref, des gens que je côtoyais semblaient y croire, à ce foutu Père Noël… Alors au bout d’un moment, j’ai élaboré la théorie suivante : en fait, le Père Noël existe, mais va savoir pourquoi, il s’est fâché avec ma famille. Alors il va bien partout, mais plus chez moi, c’est pour ça que mes parents offrent mes cadeaux pour compenser.
Après tout, ma copine Laura m’avait juré avoir un jour vu le traîneau du Père Noël passer dans le ciel. Et les copines, ça ne ment pas.
Je n’ai convaincu personne d’arrêter de croire au Père Noël
Nous en arrivons donc à ce point crucial : est-ce que j’ai gâché le Noël de mes petits camarades ?
Eh bien… certes, ils étaient au courant que je pensais que le Père Noël n’existait pas — et au mieux, ils se fichaient de mon avis, au pire, ils me prenaient pour une illuminée. Mais personne n’a jamais arrêté de croire à cause de moi.
La foi, ça ne s’explique pas, vous même vous savez.
En fait, j’avais surtout l’impression de faire plus chier les parents que les autres enfants. Du haut de mes 6 ans, je me rendais bien compte que c’était les vieux qui étaient plus attachés au fait de croire que les gosses.
D’ailleurs aucun de mes p’tits potos n’a été particulièrement touché d’apprendre la vérité.
Honnêtement, je pense que si j’ai si « mal vécu » (nous ne parlons pas non plus d’un traumatisme) le fait de ne pas croire au Père Noël, c’est parce que les adultes tenaient à ce que j’y croie aussi.
Pourtant, ils auraient pu s’occuper de leur cul plutôt, non ?
À lire aussi : Non je ne fête pas Noël, oui je suis heureuse quand même, promis c’est possible
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Les Commentaires
Le pire ? Au Royaume-Uni, des journalistes ont demandé à des enfants si une femme pourrait faire le travail du père Noël. Les réponses étaient effarantes de sexisme.
- Elle ne pourrait pas à la fois faire son travail et s’occuper de son bébé.
Elle engagerait un.e nounou, comme beaucoup de femmes modernes.
- Elle se perdrait dans le ciel.
Comme si on n’avait pas inventé le GPS ! (grâce à Hedy Lamarr, au passage)
- La hotte serait trop lourde pour elle.
Parce qu’elle n’est pas déjà trop lourde pour n’importe quel homme ?
Franchement, j’aimerais bien voir un jour à l’écran ou en livre l’histoire d’une femme père Noël. Il y a cette histoire où une fille se porte candidate, il en faudrait plus.