Enfant, j’ai détesté être une enfant.
Ado, j’ai détesté être une ado.
Il n’y a qu’aujourd’hui, maintenant que je suis adulte, que je kiffe un peu mon statut.
Entendons-nous bien : je ne peux pas blairer les impôts, les histoires d’assurances auxquelles je bite rien et acheter des timbres au tabac (d’ailleurs souvent, je panique et j’achète un jeu à gratter à la place).
Mais si je mets de côté les éléments relous de la vie active, je dois admettre que c’est quand même le kif de mener sa barque comme on l’entend, sans avoir à demander la permission à qui que ce soit pour faire quoi que ce soit.
L’école et la discipline, un enfer
Toute ma vie, je me suis sentie prise en otage par les études et j’ai DÉTESTÉ ÇA.
Je n’ai jamais pigé pourquoi je devais rendre des comptes à mes profs sur mes heures de présence (sachant que bon, c’était un peu de ma life dont il s’agissait), et surtout pourquoi je devais respecter leurs délais souvent abusés.
« Tiens, voilà une dissertation en 14 parties à faire pour demain 8h. »
Ah et donc tu pouvais pas me filer l’info avant ? T’as cru que je bossais POUR TA MÈRE ?
Toute ma vie je me suis retenue d’objecter ça à un prof mais bon j’ai quand même pas été élevée chez les truites alors je me suis retenue.
La scolarité a donc été un enfer pour moi, du début à la fin.
Quand j’écris que j’ai détesté être étudiante, je veux dire en réalité que j’ai détesté TOUTE l’école de bout en bout. De mon premier jour à la maternelle dont je me souviens encore, jusqu’à ma dernière heure d’études supérieures.
Pour plusieurs raisons mais surtout pour les injonctions permanentes à une discipline que j’estimais un peu surfaite :
« Le protège-cahier noir, c’est pour les mathématiques ! »
Mais pourquoi ça peut pas être pour l’espagnol putain ? Donnez-moi au moins une explication logique. C’est MA VIE bordel, laissez-moi y mettre les couleurs que je veux. INFERNAAAAAAAAAL.
Bref, je considérais la discipline comme un truc un peu random qui servait surtout à nous les péter menu.
Le collège et le lycée, pas davantage de liberté
Après la maternelle et la primaire sont venues les années collège.
L’enfer demeurait approximativement le même puisqu’il fallait toujours attendre qu’on nous donne l’autorisation d’aller boire, pisser, aller à l’infirmerie, manger un goûter ou même rentrer chez soi quand les profs n’étaient pas là.
D’aucun diront que j’ai un problème avec l’autorité, mais c’est faux. J’ai un problème avec la privation de liberté des jeunes.
Personnellement, je pense qu’à 15 ans on peut prendre soi-même la décision… de MANGER UN GOÛTER, bordel.
Heureusement, la période du lycée est vite arrivée et avec elle son lot plus large de possibilités.
Cependant, la mécanique classique de l’éducation s’appliquait toujours : se lever ultra-tôt pour être claquée en classe, avoir trop d’heures de cours et des devoirs à la pelle, se faire remonter les bretelles quand on avait pas eu le temps de les faire.
J’avais toujours l’impression que tout ça n’était que du vent car j’en étais persuadée : mon cerveau ne retenait pas ¼ des informations qu’on me divulguait.
Je me sentais couler sous la masse infâme de chiffres, de dates, de figures de style et de noms. Mais bon, j’ai fini par passer les années et par avoir mon bac.
Après le bac, les études supérieures
Une fois mon diplôme en poche, un autre enfer, encore plus grand, m’a ouvert ses portes : l’école supérieure.
QUELLE ANGOIIIIIIIIISSE.
Je dois préciser qu’après le bac, j’ai passé un an à voyager et à travailler pour ne pas replonger tout de suite dans les études et avoir enfin des vacances bien méritées après 15 ans d’école (beaucoup trop d’années bordel).
Cette année était censée agir en épiphanie. J’avais 12 mois pour me découvrir une vocation, mais 12 mois c’est bien peu.
Alors, par dépit, je suis rentrée dans une école de traduction où je me suis emmerdée sec pendant 3 ans.
Les 3 pires années de ma vie d’ailleurs, dans un environnement qui ne me correspondait pas, avec des élèves très différents de moi.
Mais qu’est-ce qui m’a tant déplu dans les études supérieures ?
J’ai détesté être étudiante car je me suis trompée de voie
Lorsque j’ai entamé mes études supérieures, un fait m’a sauté au visage : je n’étais pas à ma place.
Ou du moins, je me sentais pas à ma place dans cet environnement ultra-compétitif où tout le monde veut être le meilleur.
Moi aussi j’aime la compet, mais le problème c’était que les domaines dans lesquels il fallait briller ne m’intéressaient pas ! Je me suis tout simplement trompée d’orientation.
Pendant 3 ans j’ai subi des cours dont je n’avais rien à carrer. La géopolitique en allemand me filait des ulcères au cerveau et la traduction de manuels techniques en anglais me donnait le cafard.
Décidément, je n’avais rien à faire là. Pire encore, je ne me voyais pas exercer les métiers auxquels on me formait.
Tandis qu’autour de moi, il n’y avait que des élèves dont la traduction était la vocation. Ils travaillaient dur, étaient appliqués, intéressés, brillants.
Et moi… je me sentais comme le vilain petit canard.
J’ai détesté être étudiante car je n’aime pas subir de la pression
Obéir à un professeur m’a toujours été compliqué.
Pourtant je respecte beaucoup ce métier, j’ai même pensé l’exercer. Mais j’ai eu du mal à supporter qu’on me donne des délais en permanence et qu’on me mette la pression.
Pourquoi apprendre devrait-il être à ce point là désagréable ? Pourquoi la culture devrait-elle être répandue comme on donne une corvée ?
Parce que clairement, pour moi, m’obliger à pondre une rédaction dans une langue qui n’est pas la mienne en 48h, c’est me filer une corvée, et me dégoûter de l’activité en bonus.
Alors oui je sais, l’école doit nous former pour l’« après ». Pour l’impitoyable monde du travail.
Mais de tous les tafs que j’ai eus, je n’ai jamais ressenti une pression, une boule au ventre similaires à celles que j’ai eues pendant toute ma scolarité.
J’ai détesté être étudiante parce que j’étais sans cesse infantilisée
Comme je te le disais plus haut, j’ai détesté être une enfant parce qu’on me ramenait tout le temps à mon statut de mioche.
Alors me faire traiter comme une gosse de 5 ans quand j’en avais 21, ça me semblait au-dessus de mes forces.
Dans le supérieur, j’ai du coup eu quelques altercations avec des professeurs qui me parlaient comme si j’étais aussi haute qu’un tabouret Monoprix.
Et il y a peu de choses qui me donnent autant envie de donner des coups de pieds à des radiateurs…
Aujourd’hui encore, dans le monde du travail, l’infantilisation est une notion qui m’exaspère.
Je déteste qu’on me fasse remarquer mes erreurs et qu’on appuie dessus, quand le simple fait d’en avoir fait une m’empêche déjà de fermer l’œil la nuit.
Je suis suffisamment sévère avec moi-même pour ne pas subir le courroux de ma hiérarchie. En gros, je me réprimande très bien toute seule.
Mais bon, aujourd’hui je suis payée pour effectuer un travail, alors quand je merde il est normal que le couperet tombe.
J’ai détesté être étudiante car ça ne rapporte pas un rond
Eh oui, apprendre un métier via l’école, ça ne rapporte pas un clou.
Et ça, eh ben c’est bien relou du cul.
Dépendre encore financièrement de ses parents à 20 piges ou prendre un travail à côté de l’école, on va pas se le cacher, c’est le truc le plus chiant.
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Pour avoir un peu de sous en poche, j’ai personnellement travaillé comme baby-sitter, mais surtout comme vendeuse de bijoux dans des grands magasins.
Il y a laaaaargement pire. Mais se coltiner des journées de 8h à l’école, 2h de devoirs le soir et tafer le week-end, c’est éreintant.
J’ai plus tard eu l’impression de commencer ma vie active avec un lourd bagage de fatigue et de stress. Ça n’est pas l’idéal !
Changer d’attitude vis-à-vis de l’enseignement
Heureusement, les études sont derrière moi maintenant.
J’ai une licence et un Master en poche mais tu sais quoi ? Je ne me souviens pas des ¾ des leçons qu’on a essayé de m’apprendre, car je n’ai pas envisagé les études sous le bon angle.
J’ai passé toutes ces années à me courroucer d’un rien, quand j’aurais pu me réjouir d’avoir ne serait-ce que la chance d’avoir accès à l’éducation.
Et aujourd’hui, je regrette un peu mon attitude face aux études parce que j’ai des carences qui me complexent. Je suis nulle en histoire, par exemple.
Alors maintenant, à 27 ans, je lis des bouquins pour me rattraper, je traîne sur des sites pour choper des informations de ci, de là.
Si j’avais été de meilleure volonté à l’école, je n’aurais pas à rattraper mon retard aujourd’hui.
C’est un peu dommage, mais ça m’aura donné une bonne leçon.
Désormais, même lorsqu’un sujet ne m’intéresse pas de prime abord, j’essaie tout de même d’écouter ce qu’on me dit à son propos pour ne pas risquer de regretter plus tard.
Parce que la culture, quelle qu’elle soit, est précieuse !
J’aurais au moins tiré cet enseignement des mes décennies d’études…
Et toi douce lectrice, amoureuse des cours ou plutôt réfractaire à l’enseignement national ?
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Les Commentaires
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Je trouve ce commentaire particulièrement violent et franchement blessant. Le prof bashing a encore de belles heures devant lui.
Je suis prof (de français) depuis huit ans maintenant, au collège, et certes il y a pleins de choses à revoir tant elles sont imparfaites. Pour autant, nous ne sommes plus les profs d'autrefois: on pratique la pédagogie de projet, on organise des sorties, des ateliers, on insiste sur le fait que le par coeur est inutile, on organise des semaines interdisciplinaires et de mon côté en français j'essaie de les pousser à s'intéresser à l'art, au cinéma, ai monde qui les entoure. Oui il y a aussi les sempiternelles grammaire et conjugaison mais ça reste une partie mineure du travail. Alors merci de ne pas mettre tous les enseignants dans le même panier. On est pas tous des bourreurs de crâne sans empathie ou conscience des limites du systèmes. Certains d'entre nous se défoncent même pour les élèves et enseigner différemment.