Les beaux jours arrivent (du moins on l’espère) : c’est l’occasion de vous faire partager mon expérience de vacances un peu particulière. Chaque été, je pars pour un séjour dans un camp naturiste. Et c’est vraiment chouette !
Être naturiste, c’est quoi ?
Dans naturisme, il y a nature : nous avons donc l’idée et la volonté de nous rapprocher d’elle, de nous y ressourcer – non, nous ne faisons pas de câlins aux arbres, enfin pas souvent. Oui, le naturiste se trimballe les fesses à l’air, et en plus il le vit bien !
Attention toutefois à ne pas confondre naturisme et nudisme : ce dernier n’a pas de rapport avec la verdure, il s’agit juste de bronzer sans marques de maillot !
Le naturisme se pratique en club. Il y en a des très fréquentés avec de nombreuses installations (piscine, magasins, restaurants…), et d’autres plus « simples » et basiques.
Cela dépend donc de ce que l’on cherche : personnellement, je trouve que faire son shopping dans une supérette n’est pas franchement en accord avec les principes du naturisme. On gagne en fonctionnalité mais on perd en authenticité.
La nudité mise à part, tout se passe comme dans les campings « lambda » et les autres centres de vacances proches de la nature : quand j’étais petite, je passais mes journées à vadrouiller dans la vallée et à construire des cabanes.
Maintenant, je vois surtout mes copains avec lesquels je me prélasse au soleil parce qu’on est de grosses feignasses. Je vais aussi à la piscine, au sauna et au hammam, et on fait du ping-pong et du baby-foot.
Le naturisme et moi
Je suis naturiste depuis toujours : pour moi, c’est une affaire de famille. Ce sont mes grands-parents qui, tels des pionniers, se sont lancés pour la première fois dans l’affaire, et toute la petite famille a suivi.
J’ai donc passé une grande partie de mes étés dans un petit camp naturiste près de Paris. C’était un peu comme ma deuxième maison ! J’y ai fait mes plus grosses bêtises, et rencontré mes plus vieux amis.
C’est là-bas que j’ai appris à faire du vélo, et mes plus chouettes souvenirs y sont ancrés (sortez les violons). J’aime mon club même s’il macère un peu dans son jus (c’est un petit centre qui n’a beaucoup changé avec le temps).
J’admets que cette impression de grande famille et de sécurité peut être trompeuse : il y a des mauvaises personnes partout, et il m’est arrivé de signaler des comportements inappropriés.
Une fois, nous avons attrapé un homme extérieur au club qui filmait en caméra cachée. Il peut aussi y avoir des hommes qui ont des érections à la piscine ou à la plage.
Ces comportements sont à signaler au maître-nageur — il y a une très forte solidarité dans les camps naturistes, surtout dans les petits clubs.
Un pour tous et tous pour un !
Le naturisme et le rapport au corps
Quand on en parle comme ça, on oublierait presque que tout le monde est à poil. Être nu fait partie du quotidien ; à dix ans, j’avais vu plus de chibres différents qu’une actrice porno, et pourtant tout va bien dans ma tête.
Par contre, l’adolescence est un passage compliqué. J’ai été une ado hyper complexée, et pendant plusieurs années j’ai passé mes étés aussi emmitouflée qu’une skieuse du dimanche.
Aujourd’hui ça va un peu mieux, même si j’appréhende le prochain séjour car mes grand-parents vont découvrir mes tatouages…
Le centre où je me rends est surtout fréquenté par le troisième, voire quatrième âge, et par des familles ; il n’y a donc pas beaucoup de canons de beauté aux lignes parfaites. J’ai vu des corps beaux, vieux, flasques, ratatinés, gros, maigres…
Et même si ça ne m’a pas empêchée d’être jalouse du corps des autres, j’ai tout de même pu apercevoir une diversité humaine qu’on ne voit pas dans les magazines. Moi et mon gras, on est normaux, ok ?
Je me suis surtout rendu compte qu’un corps nu présenté dans toute sa simplicité n’est pas particulièrement érotique : l’excitation, au contraire, naît plutôt de la pudeur et du secret.
Il n’y a donc rien de sexuel dans le naturisme, ce n’est pas une partouze perpétuelle, mais simplement la possibilité d’assumer son corps, de se libérer des diktats qui nous sont toujours imposés… Et puis se balader sans soutif, c’est le top !
Le naturisme et le regard des autres
J’ai longtemps gardé secret le fait d’être naturiste, parce que j’avais peur d’être confrontée à des réactions du type : « Bouh, des gens tous nus, des sexes ! Cachez ce sein que je ne saurais voir, Christine Boutin présidente ! ».
Je sais que ma sœur, qui elle en parlait librement, a subi des remarques déplacées de la part d’une de ses enseignantes, mais ce ne fut pas mon cas. Mes ami·es sont au courant, et il y en a même une qui est venue tester une semaine avec moi.
Je ne sais pas si elle retentera un jour, mais cela reste un souvenir sympathique : elle a apprécié l’expérience, même si la première fois qu’on se déshabille est un moment délicat.
On se sent un peu comme ça.
J’en parle assez facilement, mais pas à tout le monde : certaines personnes ne comprennent pas très bien et peuvent se faire de fausses idées, me regarder comme si j’étais un monstre, une personne déviante.
En tout cas, le naturisme est quelque chose que je ne veux pas perdre : même si cela devient plus occasionnel à l’avenir, j’ai bien l’intention de continuer à passer des vacances à poil !
En conclusion, le naturisme est une expérience que je vous conseille, même si vous n’êtes pas très à l’aise avec votre corps ; cela ne peut que vous aider à vous accepter.
Choisissez bien l’endroit où vous souhaitez aller, et surtout sachez que tout le monde se fiche que vous ayez des vergetures ou un sein plus gros que l’autre. Venez comme vous êtes, comme disait l’autre !
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