Quand j’étais petite, je pratiquais la danse moderne et la natation. J’avais un bon niveau dans ces deux sports. En quatrième, par curiosité, ma mère m’amena à un gala de natation synchronisée. Et j’ai eu le déclic. C’était LE sport qui réunissait mes deux passions, et qui en plus se pratiquait en loisir et non en compétition dans ce club !
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Des premières séances intensives
Dès la rentrée suivante, j’étais inscrite. J’ai passé les tests d’admission. Il suffisait simplement de connaître trois nages : le crawl, la brasse et le dos crawlé. Ensuite il a fallu acheter l’équipement nécessaire : le maillot de bain, les lunettes de plongées, mais surtout le pince-nez, chose que je n’avais jamais utilisée avant.
Vint le jour du premier entraînement. Cela représentait deux heures par semaine, divisées en une partie de nage sportive et une seconde de préparation du ballet, la danse sous l’eau. La première année j’étais dans un groupe de huit filles, constitué de premières et deuxièmes années.
Les premières séances furent compliquées, car il m’a fallu tout apprendre, du rétropédalage à la maîtrise de l’apnée. Le rétropédalage est le mouvement de jambes qui permet aux nageuses de se tenir la tête et le buste hors de l’eau. Pour cela, on doit se mettre dans une position assise et ne bouger que les mollets en faisant des ronds (une jambe dans le sens horaire et l’autre dans le sens inverse), et en gardant les pieds fléchis afin de brasser un maximum d’eau.
Notre entraîneuse nous a ensuite annoncé sur quelles musiques nous allions nager, et nous avons commencé à apprendre notre ballet.
Un ballet se compose de deux parties : il y a la plage, c’est-à-dire la danse introductive que l’on fait au bord du bassin, et le reste que nous passons ensuite dans l’eau. Pour la plage, nos entraîneuses nous laissaient faire ce que l’on voulait (tout en donnant leur point de vue, évidemment).
Au niveau des mouvements qui composent le ballet, on passait d’abord des semaines à les apprendre parfaitement à sec, avant de pouvoir les tester dans le bassin. Les gens qui passaient à côté de nous devaient donc un peu nous prendre pour des idiotes à agiter comme ça nos bras dans tous les sens, au bord des bassins !
Une fois le ballet bien maîtrisé par chacune d’entre nous, nous pouvions enfin entrer dans l’eau. Sauf que cette étape-là, en général, c’est une catastrophe. On perd nos repères, on se mélange, on n’est pas synchro parce qu’on compte toutes les temps différemment… C’est là que les entraîneuses nous remontaient les bretelles et qu’il y avait une mise au point : on déterminait qui aurait assez de souffle pour compter sous l’eau, qui y dirigerait l’avancée du groupe, etc.
Un bon aperçu de la pratique.
Ce sport est très exigeant, y compris psychologiquement : tant qu’on n’arrive pas à réaliser une figure, on s’acharne jusqu’à la réussir. Les remarques de nos entraîneuses étaient également difficiles à encaisser ; même en faisant de notre mieux, on avait toujours des critiques percutantes de leur part. Il faut travailler sans relâche pour avoir des résultats.
C’est aussi très exigeant physiquement, car l’entraînement sportif est vraiment fatiguant. Commencer toutes les séances par des dizaines et des dizaines de longueurs, ça fait tout bizarre au début. Et il y a l’après, avec tous les muscles qui tirent le lendemain…
C’est pour ça qu’il faut être exigeante envers soi-même, mais aussi envers ses coéquipières car si l’une n’est pas en forme, ça aura un impact sur la prestation du groupe entier. Il faut donc venir à l’entraînement en bonne forme physique et mentale, prête à tout déchirer.
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Le gala final
Petit à petit, au fil de l’année, tout se concrétisait, et le gala arrivait souvent à grands pas, ce qui exigeait de choisir un maillot. Dans notre club, on avait toutes le même style : un maillot noir simple sur lequel on cousait du tissu et des perles, suivant le motif choisi par le groupe. Bien souvent, ce sont les parents qui s’y collent !
J’adorais ce moment, car je me sentais comme une mannequin lors des essayages avec ma mère, quand il fallait prendre les mesures, coudre et découdre les motifs afin d’avoir le maillot parfait…
Deux semaines avant le gala, il y avait les grandes répétitions dans la piscine olympique de la ville. Là, toutes les nageuses étaient réunies, des petites de six ans aux plus âgées, qui avaient la vingtaine passée. C’était un de mes moments préférés car on découvrait tous les ballets, on voyait comment le gala allait s’enchaîner. On s’entraînait pour le défilé d’entrée, classées de la plus petite à la plus grande, en marchant autour du bassin.
Enfin arrivait le jour du gala et son gros stress. Pour le spectacle programmé à 20h, nous devions être à la piscine, déjà coiffées du traditionnel chignon pour 16h, le temps de nous faire maquiller et gélifier. Car oui, pour que notre chignon tienne lorsque nous sommes dans l’eau, nous nous étalons de la gélatine dans les cheveux ! Une fois toutes maquillées, direction les vestiaires pour attendre l’heure H.
Le moment venu, on se mettait en rang dans les douches, la musique commençait et c’était parti ! Pour mon premier gala, j’avais fait l’erreur d’inviter mes amis, ce qui m’a rajouté une pression supplémentaire.
Les ballets passaient, et notre tour arrivait. Nous avancions donc et nous mettions en place. Et les quelques secondes avant que la musique commence, j’étais persuadée que « mais merde, j’ai tout oublié ». Mais finalement le ballet se faisait, on enchaînait les figures et voilà, mon tour était passé, le gala était fini.
La prestation originale d’un duo de nageuses russes aux Jeux Olympiques de 2012.
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Un sport collectif pas comme les autres
L’année suivante, je me suis retrouvée dans un autre groupe, un quatuor. Et c’est cette année-là que je me suis rendue compte que finalement, le plus important dans ce sport c’est la cohésion entre les filles. Parce qu’en fin de compte, le stress et les difficultés rencontrées au cours de l’année sont tellement mieux passés durant cette saison ! C’est d’ailleurs cette année-là que j’ai rencontré ma meilleure amie, avec qui, après plus de cinq ans, j’ai toujours autant de liens forts.
Et c’est avec elle que durant une autre saison j’ai réalisé un duo, en plus d’un nouveau quatuor avec toujours les mêmes filles. Pour le duo, nos entraîneuses nous laissaient construire le ballet de A à Z, choisir la musique, la plage, la chorégraphie et le maillot. Ce fut un bazar monstre pour nous, ne sachant pas par où commencer, mais finalement nous avons réussi à tout monter à temps, et à le combiner avec le quatuor.
Je parle de mon expérience au passé, car notre club a malheureusement dû arrêter cette activité, et entamant mes études de médecine dans une autre ville, je n’ai pas pu me réinscrire dans un autre club. J’ai donc arrêté après quatre ans de pratique.
Et ça me manque énormément. Même en allant simplement nager, je ne retrouve pas le bonheur que je pouvais ressentir lors de mes entraînements.
Je conseillerais donc ce sport à toutes celles qui ont un bon niveau de natation, même si elles n’ont pas fait de danse ou de gym avant. Par contre il faut être un minimum souple, parce que même si la souplesse se travaille, si une personne arrive raide comme un balai, cela va être compliqué de réaliser certaines figures !
Mais je voudrais surtout conseiller la natation synchronisée aux hommes qui pourraient lire cet article, parce qu’on oublie souvent que ce sport n’est pas exclusivement féminin, et on voit trop peu de mecs dans nos équipes !
Pour aller plus loin…
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On a hâte de vous lire !
Les Commentaires
Si tu aimes bien, vas voir sur leur chaîne Youtube (il me semble qu'elles en ont une: ça s'appelle Le Chant des Sirènes, et elles font des trucs vraiment chouettes, elles ont toutes un bon niveau et généralement c'est toujours plus moderne que ce qu'on peut voir en compéition