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NaNoWriMo, journal de bord d’un échec programmé #2 — Autosabotage et mauvaises critiques

Voilà 12 jours que le NaNoWriMo a commencé. On a pris le train en marche avec les milliers d’autres apprentis auteurs du challenge, et on a vite été confrontée à nos premiers démons.

Vous le savez si vous avez de quelconques velléités d’autrice : avoir une idée de bouquin, c’est facile — à la portée de tout le monde ou presque. Aller au bout de son idée, vachement moins.

Une seconde semaine de NaNoWriMo sous le signe de la déception

Ainsi, comme toute jeune autrice wannabe, j’ai dans mes filets une grosse dizaine de pitchs qui feraient, d’après moi, de bons romans.

Mais le problème, c’est que la réalité vient très vite toquer à la porte de nos ambitions personnelles : écrire, ça demande une rigueur folle, de la volonté et surtout une capacité à passer plusieurs heures par jour à questionner ses propres aptitudes.

Personnellement, quand je me relis, j’ai souvent envie de péter mon ordi et d’abandonner mon livre, parce que le résultat n’est pas à la hauteur de mes exigences.

En fait, je crois que la qualité la plus importante pour écrire tous les jours, c’est l’humilité. Se dire que ce qu’on fait est peut-être très moyen, mais que ça n’est pas grave. L’important, c’est de raconter l’histoire qui nous tient à coeur, pas de gagner le Goncourt.

L’humilité, c’est sans doute ce qui m’a le plus fait défaut pendant cette seconde semaine de NaNoWriMo, où mes ambitions à produire du « beau » m’ont empêché d’écrire du « bien » et du « fun » et ou des critiques m’ont littéralement paralysée…

NaNoWriMo semaine 2 : se mettre en condition pour écrire

Cette semaine, et pour optimiser mes chances de vraiment tenir le rythme du challenge d’écriture NaNoWriMo qui consiste à écrire un bouquin en un mois, je suis rentrée passer trois jours chez ma mère, en banlieue parisienne, où il n’y a AUCUNE DISTRACTION POSSIBLE.

Pas de boutiques stylées, pas de cinéma proche, pas de théâtre avec une programmation sympa, peu de bars cool. J’allais donc être vraiment obligée d’écrire.

Le tout dans un contexte chouette car, vous-même vous savez, l’intérêt de passer du temps chez sa mère, c’est souvent de se faire gaver comme une oie aux frais de la princesse.

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L’humeur de cette personne est l’opposée de la mienne cette semaine

Ainsi, je suis rentrée à Levallois avec la certitude de trouver un grand appartement propre (le mien était un bordel sans nom m’empêchant d’avoir les idées claires), des chaussons fourrés de laine pour un confort maximal, un bureau avec du papier, des stylos (inexistants en mes terres personnelles), un ENCRIER, et bien sûr un frigo rempli.

Pendant trois jours, ma mère m’a cuisiné de bons petits plats, m’a emmené au marché choisir un flan pour quatre personnes d’un meilleur artisan de France… Bref, elle m’a dorlotée, réduisant ainsi le nombre d’actions que je devais réaliser à 0 à part : ÉCRIRE.

Le samedi, je me suis donc levée tôt, galvanisée par l’idée de n’avoir rien d’autre à faire que de me consacrer au challenge pendant une durée que j’avais fixé à au moins six heures.

Un thé brûlant sur le bureau, j’ai ouvert mon ordinateur, et j’ai tapé avec force conviction de 9 heures à midi. Pendant ma pause déjeuner, j’ai lu la moitié d’un roman de mon autrice préférée, histoire de remplir mon cerveau de pleins et de déliés, et puis je me suis remise au travail — un peu avinée par la bouteille que j’avais descendu avec mon beau-père à table.

Là, j’ai relu ce que j’avais écrit le matin même. Et d’après mes propres critères, ça n’était pas franchement brillant. Les phrases étaient trop simples, les dialogues pauvres en humour…

Bref, ça ne me plaisait pas.

Réécrire au lieu d’écrire : l’erreur classique à éviter

Ainsi, j’ai passé l’après-midi à réécrire pour magnifier les nouvelles pages d’un manuscrit que j’avais déjà, je le rappelle, commencé à écrire avant le lancement du NaNoWriMo 2021.

Le problème, c’est que le mieux est l’ennemi du bien, et que réécrire pendant longtemps peut empêcher d’avancer dans l’intrigue d’une histoire.

D’ailleurs, il y a quelques années, le célèbre auteur Bernard Werber m’avait conseillé — lors d’un festival de cinéma auquel nous assistions tous deux — de ne pas relire avant d’avoir fini d’écrire un roman en entier.

Il m’avait expliqué :

« Il faut que tu écrives tous les jours sans regarder en arrière. Tu reliras quand tu auras finis le projet en entier. »

Évidemment, j’avais trouvé que c’était le meilleur conseil et m’étais empressée… de ne pas l’appliquer.

Ainsi, après avoir bien commencé le NaNoWriMo, j’ai vite été prise dans le tourbillon de mes mauvaises habitudes et ai réécrit au lieu d’avancer. Mais le pire reste à venir, car cette semaine, l’univers a décidé de tester ma motivation !

Une mauvaise critique peut être blocante

Après un samedi à écrire puis réécrire, je me suis levée dimanche matin avec la motivation d’une lionne.

Je me suis attablée à mon bureau, j’ai avalé une tartine histoire de foutre des miettes plein mon ordi, et j’ai repris le cours de mon manuscrit.

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Après une progression dans l’intrigue dont j’étais franchement fière, j’ai pris le goûter avec ma mère.

Goûter lors duquel, pour je ne sais plus quelle raison, elle m’a parlé de son ex. J’ai ri, en pensant que cet homme était justement l’un des personnages de mon roman, dont j’avais fait une caricature assez méchante, dans le simple but de créer des respirations comiques dans mon bouquin.

J’ai donc proposé à ma mère de lire le chapitre consacré à son ex — un mec assez chouette, marrant et cultivé, que j’ai radicalement transformé en sombre abruti particulièrement laid, idiot et vantard, persuadée de récolter les rires de ma génitrice.

Elle est allée dans sa chambre lire le passage en question, et seulement ce passage. Moi, j’ai attendu son verdict (sans aucun stress, ma mère étant plutôt fan de ce que j’écris d’ordinaire) en regardant un épisode de Succession.

Au bout d’un quart d’heure, ma mère est revenue dans ma chambre, et m’a annoncé tout de go :

« Ça ne va pas te plaire ce que je vais te dire : je n’ai pas trouvé ça bien du tout. J’ai l’impression que ça a été écrit à la va-vite par une collégienne qui veut gagner un prix. »

Je vous passe les dix minutes qui ont suivi — pendant lesquelles elle n’a fait qu’enfoncer le couteau dans la plaie, lisant à voix-haute les passages qu’elle trouvait « ridicules » — car elles ont été très violentes pour moi et m’ont plongée dans une déprime intense.

Remettre le pied à l’étrier après une déconvenue

Choquée par le manque de pincettes qu’avait pris ma mère, j’ai décidé de partir au plus vite de chez elle, retrouver un lieu où je me sentirais de nouveau en sécurité, à l’abri de tout jugement.

Navrée que je prenne ses remarques aussi mal, ma daronne a bien évidemment tenté de me consoler, mais ça n’était pas possible : en jugeant simplement un passage de quatre pages, sans prendre en compte le fait que ce morceau était une caricature, elle avait bloqué quelque chose en moi.

Dans le livre Libérez votre créativité, de Julia Cameron, l’autrice explique qu’il convient de se méfier des critiques des autres. Qu’il faut savoir à qui faire relire pour avoir des retours constructives et non pas se faire lyncher en bonne et due forme.

J’en ai beaucoup voulu à ma mère de ne pas m’expliquer comment m’améliorer, mais de simplement me balancer que mon texte était mauvais. N’importe quelle personne qui travaille mérite qu’on mette les formes lorsqu’on critique le fruit de son labeur !

Ainsi, pendant deux jours, je suis restée prostrée chez moi, à n’écrire que lorsque j’en étais obligée par mon vrai travail, celui de rédactrice ciné. Et j’ai déprimé, incapable de remettre le pied à l’étrier de mon roman — j’ai même ressenti du dégoût à son égard. Comme si l’avis de ma mère était devenu le mien.

Et puis, à force de discussion avec les autres personnes à qui j’avais fait lire les 80 premières pages de ce bouquin, j’ai compris que l’opinion de ma mère n’était qu’un avis parmi d’autres et qu’il fallait que je m’habitue à ce qu’on puisse être hostile vis-à-vis de mon style ou de mon histoire.

Une amie écrivaine m’a conseillé :

« Remets-toi tout de suite en selle, sinon tu ne pourras jamais remonter à cheval ! »

Alors j’ai repris le challenge, et ai continué mon bouquin un peu chaque jour, dans une pénibilité que j’estime maximale.

De la nécessité à s’accrocher

À partir de mercredi, j’ai donc bossé chaque jour pour le NaNoWriMo, sans trop relire ce que j’avais fait avant, et en me promettant de me protéger davantage du regard des autres.

Désormais, je ne ferai relire que lorsque mon projet sera fini, et à des personnes qui me feront des retours construits, avec des conseils et des pistes d’amélioration.

L’avantage du NaNoWriMo, c’est qu’il impose une contrainte de temps, et donc empêche que l’on passe trop de temps à se lamenter sur ses échecs.

Il convient en fait de progresser dans l’écriture coûte que coûte.

Et même si ça n’est pas facile, et que j’ai sauté deux jours dans le planning du concours, je m’accroche et c’est le principal.

D’ailleurs, je ne suis pas la seule ! Depuis que j’ai publié le premier épisode de ce journal de bord d’écriture, la semaine dernière, j’ai reçu plein de messages sur Instagram de personnes qui se sont aussi lancé le défi.

Le nombre crée l’émulation et permet de ne pas se démotiver.

Alors gardons confiance en nous, en nos idées, et continuons à écrire !

À lire aussi : NaNoWriMo 2021 : journal de bord d’un échec programmé ?

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Les Commentaires

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Avatar de Kalindi
12 novembre 2021 à 15h11
Kalindi
Il y a un topic dédié sur le forum, ce serait sympa de le mettre en lien aussi à la fin, au lieu de juste linker le compte Instagram de la rédactrice (qui d'ailleurs n'est pas tout à fait en lien avec le sujet de l'article), vu que le but c'est d'encourager un échange pendant cette période spécifique, et de trouver du soutien
L'idée de mettre mon Insta, c'est que les gens peuvent m'écrire directement en DM pour qu'on fasse des sessions d'écriture IRL.
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Voir les 4 commentaires

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