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NaNoWriMo 2021 : journal de bord d’un échec programmé ?

Comme chaque année, le NaNoWriMo est de retour et vous propose d’écrire un livre en un mois. Cette, année, Kalindi Ramphul se joint à l’exercice, et autant vous dire que c’est pas gagné !

Après des années de procrastination c’est décidé : j’écris un bouquin. Un vrai putain de bouquin qui contient une histoire, des persos, des décors, des dialogues, des plot-twists et tout le toutim (et aussi une couverture moins dégueulasse que les 3/4 des bouquins qui sortent, en tout cas je l’espère).

Un beau bordel qui est pour l’instant en forme de point d’interrogation, dont la seule réponse est l’écriture.

Si vous aussi vous rêvez d’écrire un roman, c’est le moment ou jamais de vous lancer, avec la certitude que vous ne serez pas seule à faire cette traversée du désert.

Car en ce moment, c’est le NaNoWriMo. Un défi auquel je participe, et invite à faire de même.

Mais avant tout, connaissez-vous le concept du NaNoWriMo ?

Le Nanowrimo, qu’est-ce que c’est ?

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Le NaNoWriMo (National Novel Writing Month) est un défi d’écriture à l’échelle mondiale qui a lieu tous les ans depuis 1999. 

Concrètement, toutes les personnes désireuses de se délier les doigts et aimant se fixer des objectifs ambitieux verront en cet événement le challenge qu’elles attendaient. En effet, les participants et participantes doivent produire en l’espace d’un seul mois un texte de 50 000 mots, ce qui équivaut à peu près à un livre d’un peu moins de 200 pages.

Bien sûr, l’enjeu n’étant pas des moindres, le NaNoWriMo met en place tout un dispositif stimulant aussi bien la créativité que la motivation.

Par exemple, la plateforme du site où l’on intègre ses textes au fur et à mesure permet de voir très clairement son avancée et de se satisfaire de ses progrès.

Surtout, la vraie force du challenge, c’est toute la communauté des auteurs et autrices qui se mobilise pour une entraide à l’international, ce qui permet de recevoir des conseils et des encouragements de ses pairs — au cœur d’un tel marathon, ça n’est pas à négliger !

Si l’on évoque régulièrement le format roman pour ce défi, il est en fait possible de rédiger tout ce que l’on veut, aucune restriction n’est de mise.

Que ce soit un roman de tout type et de tout genre, une fanfiction, un essai ou même un mémoire voire une thèse, tout est permis.

L’ambition de l’expérience, c’est simplement de créer toute une émulation de groupe autour de l’écriture et de pimenter un peu son quotidien chaque année !

Celui auquel l’on doit le NaNo, c’est Chris Baty, originaire de San Francisco et auteur de No Plot? No Problem! (« Pas de scénario ? Pas de problème ! »), livre bourré de conseils pour faire rebondir une intrigue à bout de souffle.

Baty a eu l’idée du challenge en 1999, inspiré par l’idée que tout monde a en lui un livre qui mérite d’être écrit, mais que trop de gens ne prennent pas le temps de passer à l’acte.

Comme vous peut-être ?

Mon expérience du NaNoWriMo : l’échec

Quiconque a déjà essayé d’écrire un livre de fiction sait pertinemment que c’est l’ENFER sur terre.

Déjà parce qu’entre ce qu’on a dans la tête et ce qu’on est capable d’écrire sur un ordinateur ou dans un cahier, il y a un monde, voire même un univers de décalage. Les images qui composent notre imaginaire sont terriblement compliquées à décrire sous forme de phrases, et pour cause : écrivain, c’est un métier.

Ensuite parce que l’écriture est un art solitaire, qui se pratique sans l’égide de personne (sauf si l’on a déjà un agent ou un éditeur) et ne repose donc que sur notre seule rigueur personnelle.

Il est donc très facile de se démotiver dès les premiers jours ou les premières pages, constatant les limites de notre talent.

Ce qu’on ignore souvent, c’est que c’est en forgeant qu’on devient forgeron. Autrement dit, plus on écrit, plus on est à même de devenir un jour écrivain.

Un constat qu’il est possible de tirer en seulement quelques semaines. Faites l’expérience de l’écriture quotidienne, comme le suggère Julia Cameron dans ma bible Libérez votre créativité, et vous noterez vite vos progrès.

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Aussi, pour vous aider à écrire chaque jour, rien de tel que l’aventure NaNoWriMo, qui permet de se sentir moins seul face à l’ampleur de la tâche et donne l’agréable sensation de faire partie d’un tout.

Je sais de quoi je parle car j’ai essayé de mener le challenge jusqu’au bout trois fois. Et par trois fois également, j’ai échoué.

La première année, j’ai écrit avec assiduité pendant deux semaines, à force rendez-vous avec d’autres auteurs, avant d’abandonner. La seconde, j’ai réussi à aller plus loin, écrivant chaque jour pendant près de trois semaines, mais là encore, j’ai ployé sous la lassitude.

La troisième fois fut la pire puisque j’ai écrit : un paragraphe.

Mais cette année, je compte bien faire en sorte de briser la malédiction qui me relie au NaNoWriMo en m’y collant sérieusement !

Et j’y crois, car je pars avec des bases plus solides que d’ordinaire…

Le NaNoWriMo 2021, pour m’aider à avancer un roman déjà entamé

Pour vous donner un peu de contexte, j’essaie depuis des années d’écrire un bouquin en entier.

J’en ai d’abord écrit un jusqu’aux deux tiers, de mes 23 ans à mes 26 ans, et puis devant l’énorme nullité du bordel, je l’ai abandonné. Ce qui est franchement la meilleure nouvelle pour moi et pour les éditeurs, qui se seraient crevé les yeux à lire cette daube.

Depuis un an et demi je me suis lancé dans l’écriture d’un autre livre, avec un synopsis parfaitement différent que je trouve cette fois-ci… bon.

Je crois que l’idée est intéressante, que les personnages sont marrants et que le style est plutôt original. Pourquoi celui-ci me plait plus que le précédent ?

Parce que, j’en suis certaine, cette histoire me tient vraiment à cœur contrairement à la première.

Dans ce nouveau roman, je parle du décès de mon père, et j’imagine un road-trip qui succède à son incinération avec tous ses potes, les miens et ma famille. Vous voulez le synopsis en avant-première mondiale ? Le voilà :

« Indira a tout juste 25 ans quand son père meurt d’un cancer des testicules. Le jour de l’incinération, elle convainc ses proches d’entreprendre un roadtrip en autocar jusque dans les Pyrénées pour disperser les cendres du soixantenaire en haut d’un col qu’il montait à vélo. Pannes diverses, prises de bec ineptes, révélations d’adultère et séance de yoga sur l’asphalte par 40°C : Indira s’arrache les cheveux, bien décidée à ne plus jamais réunir ces adultes aussi fous que des hannetons.

Au bord de la rupture nerveuse, elle survit à la loufoquerie généralisée grâce à une étonnante épiphanie : son père n’était pas que le gros misogyne qu’elle s’était imaginé. »

J’espère que vous validez ce pitch.

Aussi, si je suis désormais en accord avec ce que j’écris, c’est parce que j’ai mis un terme à toute velléité de ressembler à Balzac.

J’ai donc embrassé ce que je suis vraiment : non pas une autrice surdouée à l’écriture détaillée et impériale, mais juste une meuf qui aime raconter des histoires drama et loufoques.

Ainsi, cette année, je compte bien me servir du défi NaNoWriMo pour avancer dans ce roman plus rapidement qu’à l’accoutumée.

D’ordinaire, je n’arrive à écrire que quelques pages par semaine, ce qui me demande un effort quasi-sur humain et me plonge deux fois par mois dans les abysses de la déprime (souvent aussi liée à la gueule de bois).

Le défi NaNoWriMo était précisément ce dont j’avais besoin pour me sentir moins seule face à cette traversée du désert.

Je compte ne pas « vraiment » m’inscrire sur la plateforme mais simplement organiser des réunions de travail avec des collègues ou des auteurs croisés au fil des ateliers d’écriture Madmoizelle, et me mettre comme objectif d’écrire TOUS LES JOURS pendant encore 25 jours.

C’est déjà pas mal comme challenge, non ?

Des débuts glorieux, mais quelle sera la suite ?

Cette année, j’ai commencé le NaNoWriMo non pas le 1er novembre comme il est coutume de faire, mais le 4, en réalisant avec pas mal de retard qu’on était plus en octobre.

Ainsi, le soir, en rentrant de ma journée de travail, j’ai écrit trois heures non-stop, après avoir lancé l’idée de sessions d’écriture chaque soir sur Discord, puis je m’y suis remise ce midi, profitant de mes deux heures généreuses de pause déjeuner pour continuer mon récit.

Sitôt que sonnera 18 heures aujourd’hui, je retournerai à mon labeur, avec la sensation délicieuse que partout dans le monde, des milliers d’hommes et de femmes réalisent eux-aussi leur ambition, en démarrant un bouquin ou en reprenant leur manuscrit qui trainait depuis des années dans un placard.

Je fais partie, malheureusement, de ces gens qui commencent toujours tout avec enthousiasme et qui abandonnent souvent en cours de route.

J’ai donc peur de ne pas réussir à tenir ce défi. Je vous tiendrai bien sûr au courant dans ce journal de bord chaque semaine !

Mais une chose est sûre, cette année je ferai tout ce qui est en mon possible pour ne pas me décevoir moi-même.

Si vous vous trouvez actuellement à Paris et que l’idée d’écrire à plusieurs pour le NaNoWriMo vous plait, n’hésitez pas à l’écrire en commentaires ou à me laisser un DM sur Instagram pour me rejoindre en session d’écriture IRL.

NaNoWriMo, c’est une expérience collective, alors plus on est de fous, plus on écrit !

À lire aussi : 3 choses que j’ai apprises sur l’Afghanistan en lisant Là où brillent les étoiles


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Les Commentaires

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Avatar de BravoCharlie
10 novembre 2021 à 10h11
BravoCharlie
Je n'ai jamais écrit de bouquin et n'en ai jamais eu envie. Mais il y a deux choses qui m'intéressent pas mal dans ce que tu écris @Kalindi .
Le premier c'est que tu commences beaucoup de choses avec un tas d'enthousiasme sans jamais ou pas souvent les terminer. Ca m'interpelle parce que je suis aussi dans cet état d'esprit. Certains projets ont abouti, d'autres non. Mais j'en ai toujours retiré pas mal d'enseignements que j'ai positivés avec le temps. J'ai en tout cas pas mal réévalué la notion d'échec, dans le sens où j'arrive de mieux en mieux à identifier pourquoi certaines choses aboutissent d'autres non, quels sont les facteurs qui m'aident à aboutir, quels sont ceux qui me bloquent et surtout: est-ce bien un problème de ne pas aller au bout de ces projets quand ceux-ci perdent parfois de l'intérêt (ce n'est pas toujours la faute à notre volatilité)? Est-ce qu'on retire pas toujours un petit quelque chose d'un projet qu'on abandonne? Une leçon du style 'ça n'a pas abouti pour telles raisons, ah mais donc telle condition de réussite m'est indispensable'.
Et deuxièmement, je trouve important de toujours répéter que le talent n'est pas fondamentalement inné, que ça se travaille souvent, que les écrivains comme les chanteurs, comme beaucoup de professions artistiques (mais pas que) travaillent pour en arriver à un résultat qui parfois ne les satisfait même pas. Dans mon ancien projet pro, j'avais cette tendance à trouver tout le monde autour de moi très naturellement doué, j'en étais admirative à un point ridicule parce que j'en oubliais qu'ils avaient bossé, galéré pour en arriver à ce résultat admirable, là où ma flemme (qui, elle, est bien innée) s'est accroché à ce fantasme du talent sans effort pour mieux contraster avec ma nullité. J'en ai développé un art de l'inachevé rare, me confortant dans mon absence de talent alors que c'était une absence d'investissement et d'effort dont il est bien moins pratique d'en sortir que de compter sur le fait de ne pas être dotée d'un talent dès la naissance.
(et finalement, tu as bouclé cet article, c'est donc bien que tu arrives à achever beaucoup de choses, si on regarde tous les papiers que tu publies).
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