— Article initialement publié le 29 octobre 2015
C’est un travail de longue haleine qui a été mené par le ministère de l’Éducation Nationale pour déployer cette année un véritable plan de lutte contre le harcèlement scolaire.
Souvenez-vous : il n’y a pas si longtemps, le sujet était quasiment tabou. On parlait de « jeux d’enfants », qui au pire, « forgent le caractère ». Comme si être humilié•e par un groupe était une composante saine de la formation et de sa construction identitaire… En 2012, lors d’une première campagne contre le harcèlement scolaire, Jack Parker avait pris la plume pour raconter son histoire, en réponse à une prof qui estimait que ce n’était pas le problème des enseignant•e•s (à lire ci-dessous).
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Mais depuis, la parole s’est rapidement libérée. Les témoignages d’ancien•ne•s harcelé•e•s ont contribué à la prise de conscience collective, à quoi se sont ajoutés le choc et l’émotion, en réaction à plusieurs cas de harcèlement ayant entraîné le suicide de la victime. C’était l’histoire de Marion, la fille de Nora Fraisse, qui s’est donné la mort à treize ans. Une histoire parmi d’autres drames, qui mettent en lumière toute la violence et la souffrance engendrées par le harcèlement scolaire.
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Quatre axes de travail
- Sensibiliser, grâce aux outils développés et mis à disposition sur le site Non Au Harcèlement
- Prévenir, en désamorçant les situations de harcèlement, par l’intervention des adultes mais surtout des élèves eux-mêmes
- Former les adultes à reconnaître les situations de harcèlement, et les élèves volontaires à devenir ambassadeurs et médiateurs auprès de leurs pairs
- Prendre en charge les victimes de harcèlement, via le numéro d’appel gratuit 3020
Retrouvez toutes les ressources sur le site Non Au Harcèlement ![/box]
L’école primaire, cible d’un spot de campagne
Un clip vidéo d’une minute sera largement diffusé à l’occasion de la journée de lutte contre le harcèlement scolaire, le 5 novembre.
Si vous le trouvez un peu simpliste, un peu « évident », c’est normal : sa cible, c’est les enfants du primaire, car c’est bien dès cet âge qu’on peut faire comprendre aux témoins qu’ils ont une part de responsabilité, et que s’ils ne disent rien, s’ils ne font rien, rien ne change.
D’où le slogan de cette campagne : « le harcèlement, si on n’en parle pas, ça ne s’arrête pas ».
En conférence de presse, la ministre a insisté sur la nécessité d’une prise de conscience globale au sein de la société, et de sensibiliser les enfants au plus tôt dans leur scolarité :
« C’est à l’école primaire, dès le plus jeune âge, que débutent les situations de harcèlement. C’est une campagne qui a pour objectif d’inciter les victimes du harcèlement à sortir du silence, car tant qu’on n’en parle pas, le harcèlement dure, mais elle interpelle également les témoins, ceux qui par peur, souvent, n’osent rien dire, ceux qui par leur comportement, souvent, sont complices.
Les jeunes sont indéniablement les meilleurs acteurs de la prévention, mais ils ne peuvent l’être que si nous, adultes, sommes à la hauteur de l’enjeu, or le harcèlement souvent se passe derrière notre dos. En tant que parent, nos enfants ne veulent pas nécessairement nous en parler, par peur ou par honte, tout simplement. Pour un professionnel, de la même façon, il est difficile de distinguer ce qui relève du harcèlement et ce qui relève de la chamaillerie, du simple jeu de cour d’école.
Certains, aussi, dans notre société, continuent de penser que le harcèlement n’est finalement qu’un jeu d’enfant, un passage obligé, voire un passage initiatique pour les élèves.
Quand nous connaissons les drames que le harcèlement peut provoquer, quand nous lisons les témoignages que nous envoient les jeunes, étayés aujourd’hui par des années de recherche sur les conséquences de ce phénomène, il n’est tout simplement plus possible de tenir ce discours de banalisation et de minimisation. »
– Citation extraite de l’intervention de Najat Vallaud-Belkacem lors de la conférence de presse du jeudi 29 octobre, au ministère de l’Éducation Nationale
EnjoyPhoenix, ambassadrice de la réserve citoyenne sur le harcèlement
La mention d’EnjoyPhoenix dans cet article n’est pas déconnectée du sujet qui nous intéresse : la youtubeuse a accepté d’être ambassadrice de la réserve citoyenne sur ce thème du harcèlement scolaire, pour aider à libérer la parole des victimes, à mobiliser les témoins de ces agissements.
https://instagram.com/p/82Z-trKkuM/
Sa participation active à la lutte contre le harcèlement donne une résonance particulière à la campagne de dénigrement et d’humiliation dont elle est la cible. Comme le pointe très justement Nadia Daam sur Slate, difficile de ne pas relever les similitudes entre les « justifications » des critiques dont Marie Lopez est l’objet, et les mécanismes du harcèlement scolaire, qui s’expriment d’ailleurs très largement sur les réseaux sociaux : Ces adultes qui condamnent le harcèlement scolaire… et harcèlent EnjoyPhoenix.
https://twitter.com/zappette/status/657215294289637377
La violence ne résout rien (mais perso, j’ai fav et RT)
Contre le cyber-harcèlement, la guerre a commencé
J’avais assisté, en février déjà, à un atelier de sensibilisation organisé par l’association e-enfance, auprès d’élèves de sixième, au sujet des usages des réseaux sociaux, qui aggravent le harcèlement scolaire en l’amplifiant :
« Le phénomène du harcèlement scolaire peinait déjà à être pris au sérieux par les adultes que l’avènement des réseaux sociaux est venu amplifier le problème. Des « jeux d’enfants » à « il faut bien que jeunesse se passe », l’absence et l’insuffisance de réactions des adultes, des parents aux professeurs en passant par tous les acteurs de la vie scolaire et de la santé, contribuait à enfermer les victimes de harcèlement dans l’isolement.
Désormais, les humiliations, les insultes et les manipulations ne sont plus circonscrites à la cour de l’école : elles s’immiscent dans l’intimité de la chambre d’enfant, à travers les SMS, les emails, les photos et posts moqueurs et haineux envoyés à toute heure du jour et de la nuit. »
Lire la suite : La lutte contre le cyber harcèlement est en bonne voie dans les écoles françaises. Et sur ce sujet, la mobilisation continue dans cette même voie. À nous de nous mobiliser pour amplifier la diffusion des bons messages, et des comportements respectueux à adopter. À nous d’être exemplaires, tout simplement.
Vous pouvez participer à cette campagne, vous aussi, en inscrivant vos comptes Facebook et Twitter au ThunderClap de la ministre pour le 5 novembre, et en partageant une photo avec le hashtag #NonAuHarcèlement, comme Miss Lu et moi-même !
À lire aussi : Harcèlement scolaire : parole aux « harceleuses »
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Les Commentaires
Ce qui serait éventuellement bien aussi, ce serait de penser à proposer un encadrement psychologique aux enfants voire adultes qui ont déjà été victimes de harcèlement. Parce que comme tu le dis bien, ça peut détruire une vie et en tout cas laisser des traumatismes profonds aux victimes, qui ont besoin d'une aide pour les surmonter et pouvoir vivre une vie d'adulte épanouie.
Ca me rappelle une anecdote de mes jeunes années...