Je ne suis pas trop copine avec la télé. Elle a été ma meilleure — et quasiment ma seule — amie durant toute mon adolescence, cette fenêtre biaisée sur le monde extérieur. J’ai passé des heures à vivre la vie de Brenda, d’Hélène ou encore d’Amanda, à forger ma personnalité sur ces modèles et à me dire que la vie, c’était terrible quand même : valait mieux rester sur son canapé.
Depuis, j’ai appris à mettre le nez dehors et à profiter du soleil, des amis (des vrais que je peux toucher et avec qui discuter !), bref… de la vraie vie. Du coup, j’ai un peu du mal à poser mon arrière-train sur mon sofa et à perdre mon temps devant un petit écran (Facebook, Twitter et YouTube sur mon PC, ça compte pas, qu’on soit bien d’accord).
Mais je viens de découvrir une série, mes amies… une série dont je suis absolument et inconditionnellement fan… Une série tellement géniale que je me suis fait un marathon télé de 10h ! (On parle là de 10h consécutives un samedi ensoleillé : pour l’hyperactive que je suis, ça relève du miracle, un tel manque de mouvements.)
Et je me dois de la partager avec vous : on ne peut que vouloir la partager…
My Mad Fat Diary, une série-pansement qui guérit les plaies
C’est une série qui va chercher l’ado torturée en moi, qui lui fait un bon gros câlin, qui lui met du Mercurochrome et fait des bisous magiques sur des blessures bien cachées mais pas vraiment cicatrisées, une série que j’aurais pu écrire tellement c’est ma vie.
Une série sans tabous, courageuse et honnête.
Une série comme on n’en a jamais vu, une série que j’aurais aimé pouvoir regarder quand j’avais 15 ans, quand je me détestais, quand petit à petit je me repliais sur moi-même, quand je créais une armure qui s’est révélée être ma prison et que l’ombre de mes troubles du comportement alimentaire se faisait déjà oppressante.
Une série anglaise malheureusement pas encore diffusée en France, pourtant il serait temps.
Cette série, c’est My Mad Fat Diary, inspirée (librement) du livre du même titre. C’est le journal intime (le vrai) de Rachel Earl, Rae pour les intimes. Rachel était ado dans les années 80-90, vivait dans une petite ville du Linconshire où tout le monde connaît tout le monde, elle était fan de musique et quand elle n’écoutait pas les Stones Roses, la plupart de ses pensées allaient vers la gente masculine.
Sauf que la vie de Rae, c’est pas juste aller au lycée et essayer de rouler des patins… le livre, et la série, commencent à sa sortie d’hôpital psychiatrique.
Rae a été élevée par sa mère, elle n’a jamais connu son père, et surtout Rae est obèse, elle pèse 100 kilos et est victime de toute la stigmatisation qui va avec. Elle souffre entre autres de TCA et s’automutile.
Bon. Dit comme ça, c’est pas très attirant je vous l’accorde.
La preuve : la série est sortie il y a un an, les pubs/bandes-annonces ne m’ont jamais emballée — probablement parce que ça faisait vibrer une corde sensible chez moi, mais aussi parce que je ne voulais pas voir une énième série ridiculisant une grosse. Je vois assez souvent ça au quotidien…
Mes aïeux, que j’avais tort !
Une série réaliste sans être tire-larmes
Je suis tombée sur l’épisode 2 de la deuxième saison il y a une semaine en rentrant du sport. Généralement, je suis si fatiguée qu’après ma douche, je veux juste poser mon popotin sur le canap’ en avalant mes Petits Filous, avant d’aller voir Morphée.
C’était aux alentours de 22h, parce que la série n’est pas vraiment pour les oreilles, ni les yeux d’ailleurs, les plus innocents : vulgarité, sexe, drogues et alcool sont au rendez-vous.
Je suis tombée dessus sans savoir ce que je regardais, et en 10 minutes maximum, j’étais fan. Mais genre fan comme quand j’étais fan des Gsquad, voyez ? Si je le pouvais, j’irais presque m’acheter Fan2
pour récupérer les posters et les mettre au-dessus de mon lit.
Le samedi suivant, pas douchée pas habillée, je m’enfilais tous les épisodes depuis le début, soit 10h devant l’écran. J’ai eu la migraine pendant 3 jours… mais ça valait tellement le coup !
My Mad Fat Diary, c’est une série pour ados et jeunes adultes comme il en existe déjà des centaines. Une fille et son groupe d’amis vont au lycée, essayent de s’intégrer, d’être populaires et de pécho. Embrouilles, intrigues et engueulades sont au programme.
L’histoire se déroule dans les années 90 et l’ambiance de l’époque est très bien rendue, notamment la musique qui est juste excellente. D’ailleurs, la chaîne a mis en ligne des playlists Spotify reprenant la B.O. la série et elles sont SUBLISSIMES ! Ah oui, j’étais moi aussi ado en 96, alors c’est peut-être pas un avis très objectif.
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Une trame classique… dans un contexte qui change des autres séries
Les problématiques abordées ne sont, au premier abord, pas très originales : l’image du corps, l’acceptation de soi (voire de sa sexualité), trouver sa place, apprendre à grandir…
Mais, et c’est là où réside la différence, le personnage principal est une jeune fille de 16 ans, obèse, mentalement fragile, suivie par un psy et profondément vulnérable. Et tout ça nous est montré !
J’aime le fait qu’on retrouve tout le mélodrame et les sujets de prédilection des ados, mais qu’il y ait ce côté plus sombre et sérieux lié aux troubles mentaux. J’aime le fait que ce soit une série où les gens ne sont pas tous riches, lisses, beaux, et parfaitement insipides (admettons : le reste du casting est quand même loin de Mr et Mme tout le monde, l’acteur masculin principal me donne chaud tout partout dans mon corps quand il est à l’écran, et je pense que ce n’est pas juste à cause de la gentillesse et de la maturité de son personnage…).
J’aime passer du fou rire aux larmes en suivant les aventures de Rae et de son groupe d’amis dont j’aimerais tant faire partie. J’aime qu’elle aille à contre-sens de tout ce que nous vend la télé aujourd’hui, qu’elle botte le cul aux idées reçues, qu’elle aille contre les clichés, qu’elle remonte le moral aux filles dont l’IMC est supérieur à la moyenne et qu’elle montre aux mecs qu’ils peuvent aussi être attirés par celles qui ne correspondent pas aux canons de beauté.
J’aime surtout qu’elle aborde ces sujets qui restent si sensibles encore aujourd’hui, qu’elle fasse réflechir sur la honte des personnes malades et le tabou que reste la santé mentale.
Un divertissement thérapeutique : que demander de plus ?
My Mad Fat Diary, c’est une série qu’il FAUT regarder. J’aurais vraiment aimé qu’elle existe quand, il y a 15 ans, j’étais moi aussi une Rae. Aujourd’hui, la visionner c’est presque un peu thérapeutique pour moi. Je pense sincèrement qu’en plus d’être divertissante, elle peut aider d’autres personnes.
C’est une série pour toutes les Rae d’aujourd’hui, pour mes cousines qui sont des jeunes filles en fleur si adorables et qui commencent à se poser des questions, et aussi pour toutes les anciennes Rae qui ont aussi besoin de câlins et bisous magiques.
Je pense qu’il est important de soutenir la diffusion de cette série parce que c’est la première (à ma connaissance) du genre, et qu’en voir d’autres suivre serait excellent pour le bien-être de tout le monde !
Vous avez le temps de rattraper votre retard : on en est au début de la saison 2. Et n’hésitez pas à vocaliser votre amour pour My Mad Fat Diary, parce qu’on ne sait pas encore si une saison 3 est prévue…
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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