Hé mais, on ne serait pas mi-décembre ? Mais si, c’est le moment des départs en vacances de Noël ! Même si pour moi cette période signifie aujourd’hui « se peler les fesses dans l’attente du RER pour aller au boulot », quand j’étais plus jeune, ça voulait surtout dire « rejoindre la famille en Picardie ».
Habitant en région lyonnaise, on partait chaque année pour approximativement six à sept heures de voiture avec mon père, ma mère et mon frère.
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Et pendant ces six à sept heures, il faut s’occuper, parce que c’est long. Du coup, on emmenait tout un stock de CD. De mon temps, au siècle dernier, il n’y avait pas de prises USB dans les voitures. Du coup, il fallait sélectionner ses disques avec soin, car ce serait tout ce qu’on aurait pour l’aller ET le retour.
Petit tour d’horizon de ces CD qui ont bercé notre enfance (et nos voyages en voiture donc), avec la rédac en guest star.
Un bagage culturel pas toujours assumé
Quand on est enfant, si on n’est pas spécialement en conflit avec nos parents, on a plutôt tendance à rejoindre leurs opinions. Du coup, comme ma mère adorait Jean-Jacques Goldman ben… J’aimais aussi. C’est peut-être bien l’artiste qui a le plus squatté notre lecteur CD.
Je connais toutes ses chansons par cœur, du classique Quand la musique est bonne et À nos actes manqués aux obscures Tournent les violons et Vivre cent vies.
Punaise rien qu’en écoutant ça je me souviens de l’odeur des fauteuils de notre Scénic, de la sensation de la ceinture de sécurité et de mon léger mal des transports.
Les paroles sont imprimées, gravées dans mon cerveau à jamais. Je pense que même quand je serai dans une maison de retraite, le cerveau rongé par la vieillesse, je me rappellerai de ces foutues paroles en ayant oublié jusqu’à mon propre prénom. Quand on m’enterrera, mon squelette chantera « Quand la musique est bonne ! Bonne ! Bonne ! Bonne ! »… J’en rajoute là ?
Franchement, bon, Jean-Jacques Goldman ne produit pas nécessairement de la mauvaise musique (qui suis-je pour juger de ce qui est bien et pas bien ?) mais de même que Yannick Noah, Mylène Farmer et Patrick Bruel, ça ne m’a pas tellement permis de briller en société pendant mes années collège et lycée.
Alors que Louise a clairement pu se la péter avec son bagage culturel :
The Police – Best of : je chantais « De doo doo doo, de da da da » et « ROXAAAANE » à tue-tête. Il y avait aussi les Rollings Stones – Some Girls : mes grandes sœurs m’ont raconté une anecdote là-dessus. Je devais avoir trois ou quatre ans et je demandais toujours « la chanson qui fait houhou », le titre Miss You donc.
Pour la petite histoire, mon père était fan de Police et des Rolling Stones aussi. Il y a quelques années, je l’ai même entendu chanter un titre entier de Bob Marley. Mais ce n’était pas lui qui choisissait les CD. Je suis passée à ÇA d’être cool.
Il avait quand même le droit de passer Dido de temps en temps, ça nous calmait tou•tes (en même temps y’a pas plus calme que la musique de Dido).
Zzzzzzz… Hein que quoi ? La suite de l’article ?
Le lecteur CD, des conflits aux négociations
Je vais être honnête avec vous : si j’ai encore du mal à assumer ces chansons que je connais par cœur, de la première à la dernière strophe, ce n’est pas uniquement la faute de mes parents. C’est vrai, ils ne m’ont pas forcée à aimer Lorie et Alizée. Pourtant, j’étais méga ultra fan. J’avais des tas de posters d’elles dans ma chambre.
Alors bien sûr, quand venait le temps redouté des longs voyages en voiture, je ramenais fièrement les CD de mes idoles, au grand dam de toute ma famille. Mon frère et moi, on avait chacun le droit de passer une fois un de nos CD pendant chaque trajet.
Sauf que mon frère a commencé à développer une passion pour le métal. C’est sympa, le métal, quand tu es dans une salle de concert avec une bonne pinte de bière et des potes avec qui faire des bonds. C’est moins sympa dans la voiture avec les parents qui font la tronche parce que ça leur casse les oreilles, pendant que toi tu essaies d’arroser tes fleurs dans Animal Crossing.
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En clair : mauvais endroit, mauvais moment. Mes CD étaient un supplice pour mes parents et mon frère, les disques de mon frère étaient un supplice pour mes parents et moi. Quel que soit l’album, il y avait toujours 75% des personnes dans la voiture qui souffraient.
Pour moi c’est l’occasion de frétiller du bouli et pour mon frère de se frapper la tête contre la portière.
Pour mieux supporter le voyage, mes parents avaient tenté de développer une tactique de défense : ils avaient bidouillé le lecteur CD pour que le son ne sorte que dans les haut-parleurs à l’arrière.
En fait, c’était un gadget : ça ne fonctionnait pas du tout et ça nous niquait encore plus les oreilles. Du coup avec mon frère on devenait fous/folles, et je ne vous raconte même pas l’ambiance une fois arrivé•es au pays de la betterave.
Fanny a eu sensiblement le même problème, et d’un coup, je me sens moins seule :
Mes parents écoutaient n’importe quel album de Michel Jonasz ou de Julien Clerc. Et moi, quand j’ai eu 12 ans, je me suis rebellée et j’ai négocié de passer Let Go d’Avril Lavigne au moins une fois par trajet. Mes parents n’en pouvaient plus. On alternait Avril et Michel. GROSSE AMBIANCE !
Et puis le lecteur CD de la voiture nous a lâché•es et on était fort dépourvu•es quand on s’est retrouvé•es avec juste notre radio pour pleurer. Parce qu’en plus dans notre coin pommé de la Picardie, on ne captait pas grand chose. Du coup, on avait parfois des grincements inaudibles, parfois un gloubi-boulga de plusieurs chansons.
La morale de cette histoire, c’est qu’il vaut mieux éviter de partir à perpet’ les oies à Noël en famille. Vos tympans vous diront merci, votre famille aussi. Et puis on est mieux chez soi, non ?
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Mon père travaillait dans une institution culturelle, il en connaissait donc un rayon en matière de musique. Ils nous avait fait plusieurs compilations (de 1h30 chacune, vu que les K7 duraient 90 min) de chanson française auxquelles il ajoutait quelques chansons en québecois et une en créole haitien, et encore aujourd'hui, ça me fait bizarre d'écouter lesdites chansons autrement que dans le même ordre que celui de la compil. C'était super éclectique, ça allait de Jacques Dutronc à Charles Trenet en passant par Renaud et Georges Brassens. Maintenant, elles figurent en bonne place sous la forme d'une playlist dans ma musicothèque.