J’écoute tout le temps de la musique. Tout le temps. Toute la journée, dehors, en travaillant, en étendant mes slips.
Il m’arrive même de me réveiller en pleine nuit avec une furieuse envie d’écouter une chanson précise (cette nuit, c’était Waltz#2 d’Elliott Smith, par exemple) (parfois c’est Torn de Natalie Imbruglia hein, je suis pas que ambiance musiciens torturés).
https://youtu.be/WL1ly1GMwwc
J’ai des obsessions musicales qui font que j’écoute la même chanson en boucle sur une période donnée.
J’écoute tout le temps de la musique. Toute la journée, dehors, en travaillant, en étendant mes slips.
Et ces fixettes s’imprègnent alors complètement de ce que je vis pendant les jours qui vont avec, si bien que dans ma tête, je peux plus tellement les différencier.
Une vraie BO de la vie, quoi.
Bref j’ai un rapport assez compulsif et omniprésent à la musique (comme plein de gens hein, je dis pas « oh lala regardez comme je suis incroyable et unique ! »). J’en fais même pas, ce qui me laisse du temps pour en écouter encore plus.
Photo de moi dans un univers parallèle où j’aurais réussi à apprendre à jouer de la guitare.
Quand je me suis créé un compte sur Deezer*, j’étais à la fac, en première année.
Je venais d’avoir mon bac, d’emménager dans une ville étudiante, dans mon studio à moi, je me faisais plein de nouveaux copains et je réalisais peu à peu que je n’étais pas QUE la meuf complexée et timide à l’humour chelou que j’avais été tout le temps jusque-là.
*Ceci n’est pas un article sponsorisé, c’est juste la vérité.
Je découvrais qu’on pouvait vivre des trucs super forts et pas seulement dans sa tête. Que je pouvais dîner de Smarties, tomber amoureuse, sécher les cours, gueuler dans la rue, rentrer à 7h du matin et plein de trucs.
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C’est pas un truc qu’on m’avait ou que je m’étais interdit jusque-là.
C’est juste qu’alors que je m’étais collée une étiquette sur la gueule toute mon adolescence, là, je pouvais m’en affranchir. Les gens ne me connaissaient pas, et je n’avais pas peur de faire quelque chose qui pourrait me porter préjudice.
Et alors que j’avais peur de décevoir mes parents sur les toutes petites choses, je réalisais qu’ils n’étaient pas là pour le voir, et que je pouvais faire des conneries (là encore, je m’interdisais de prendre le risque de décevoir mon entourage).
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Je découvrais qu’on pouvait vivre des trucs super forts et pas seulement dans sa tête.
J’me suis lâchée quoi. Et ces deux éléments se sont retrouvés liés et documentés à jamais (ou tout au moins j’espère) au sein d’une playlist, dans laquelle j’ai rangé toutes les chansons, au fur et à mesure, qui marquaient mon quotidien.
Et putain, j’ai pas souvent des bonnes idées, mais celle-ci en est une.
Et je ne peux que vous conseiller — une fois, deux fois, mille fois — de faire pareil. Si vous aimez la musique, bien entendu.
Je connais des gens très bien qui en sont pas fous, mais qui ont plutôt tendance à se remémorer des souvenirs à l’aide d’odeurs (mais bon, c’est moins accessible d’accès. Jean-Baptiste Grenouille a essayé et ça ne s’est pas bien terminé du tout, cette histoire).
Anna Kendrick étant d’accord avec moi (j’sais pas après tout, peut-être elle parle français et lit madmoiZelle).
Enrichir une playlist de ses coups de cœur musicaux du moment, c’est super, pour plein de raisons. Notamment pour…
La joie du souvenir
C’est la raison la plus simple, mais aussi la plus accessible et celle qui met de meilleure humeur.
Franchement, quand on n’a pas trop le moral, lorsqu’on a passé une mauvaise journée parce que Kelly est sortie dans TopChef ou qu’on a malencontreusement eu un renvoi aromatisé à l’ail en rendez-vous pro, ça fait vachement de bien de se replonger le temps de 3mn35 dans des souvenirs très cool du passé.
Sans cette playlist, peut-être que j’aurais plus de mal à me remémorer certaines choses :
- mon emménagement dans mon premier appartement, un tout petit studio dans la même rue que la compagnie de théâtre que je rêvais de rejoindre quand j’étais petite alors v’là comment c’était un signe — Fallen Snow, Au Revoir Simone
- mon cœur tout serré et si content à la fois, lorsque j’étais sur le quai de la gare de la ville où j’étais née 18 ans plus tôt. L’indépendance dont je rêvais entrait en collision avec la trouille de quitter le domicile familial. — Half a Person, The Smiths
- la préparation avec une de mes meilleures copines avant la première sortie en boîte — People Help the People, Cherry Ghost (avec le recul, probablement pas le meilleur moyen de s’ambiancer)
- la découverte, un an et quelques mois plus tard, de l’endroit qui allait devenir mon pub de prédilection — je préfère l’ambiance discussions animées sur du rock ou de la pop dans les odeurs de bois et de bières à l’abondance de sueur et Rihanna dans des clubs bondés (sans rancune, Riri) — Dirty Old Town, The Pogues
- l’euphorie des naissances d’amitiés (c’est encore mieux si elles sont toujours là, malgré les années et l’éloignement géographique) — Mardy Bum, Arctic Monkeys/Rock the Casbah, The Clash/Piece of my Heart, Janis Joplin (entre autres)
- les soirées d’été passées dehors dans les maisons des uns et des autres en profitant des vacances des parents — Stand by Me, Ben E. King,
- Bon et puis plein d’autres trucs mais on va pas épiloguer et rentrer dans l’intime, après j’vais finir par vous montrer mon col de l’utérus et ça va foutre la gerbe à tout le monde.
Ça pimpe tellement l’humeur, je te dis que ça.
Présentement je me repasse Sugar Sugar de Diving With Andy, il pleut dehors et pourtant dans mon cœur c’est juin 2009, l’optimisme général et les visites d’appartements avec mes futures colocataires.
Moi quand j’entends Temperature de Sean Paul (c’est faux, c’est Emma Stone, une autre rousse) (en plus j’ai beaucoup moins de classe quand je danse).
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Respecter la personne qu’on était
Y a un truc que je déteste, mais que je me surprends toujours à faire au quotidien, c’est dénigrer la personne que j’étais plus jeune. Pour des actions qui datent d’il y a des années, je te raconte pas.
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Quand on me rappelle un truc que j’ai dit, ou que j’ai fait, ou ma réaction lors d’une dispute ou à un évènement E, ma réponse est toujours la même :
« J’étais vraiment con. »
Mais ouais mais nan ! J’étais plus jeune que maintenant et je n’avais pas toutes les cartes en main.
Évidemment, si j’avais eu le recul que j’ai aujourd’hui, si j’avais su comment la situation allait se résoudre à la fin, BIEN SÛR que je n’aurais pas agi de la même façon.
Si j’avais eu le recul que j’ai aujourd’hui, je n’aurais pas agi de la même façon.
Bien sûr que j’aurais fait preuve de plus de maturité, si je vivais à 27 ans un truc que j’ai en réalité vécu à 20. Je trouve qu’on est un peu zinzin de juger la personne qu’on était dans le passé avec autant de sévérité.
L’avantage, quand on se replonge moins froidement dans le passé (en écoutant la musique qui nous rappelle cet évènement), c’est qu’on a tendance, je trouve, à faire preuve de plus d’indulgence, parce que c’est un peu comme si on revivait le truc. En moins fort, mais quand même.
Se rassurer
Quand on vit des trucs forts ou tristes, des deuils, des ruptures, des drames, sur le coup c’est trop dur et trop fort. On pense même parfois qu’on ne s’en relèvera jamais complètement.
À la fin, on gagne sur les mauvaises passes.
Pourtant, au fil des semaines, des mois et des années, c’est ce qu’il se passe. On s’en remet.
On n’oublie jamais (rien on vit avec, pour citer Hélène Ségara) mais c’est pas grave, parce qu’on en tire des leçons (dans le cas où ça n’implique pas un décès) ou on garde des souvenirs qui nous font chaud au cœur.
Et en se remémorant à quel point les situations difficiles dans lesquelles on était ont fini par s’arranger, et que la douleur s’est estompée, on remet en perspective ce qu’on traverse peut-être actuellement et on se rappelle comme on est fortiche.
En on se dit que de toute façon, à la fin, on gagne sur les mauvaises passes.
Et se rappeler de tout ce qu’on a déjà traversé, c’est quand même le meilleur moyen de réaliser à quel point au fond, on est tous et toutes des putains de warriors.
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