Si vous êtes un peu attentifs à qui écrit quoi sur madmoiZelle, vous aurez peut-être remarqué que j’ai un faible pour la musique et la politique. Aujourd’hui est un jour un peu spécial (et pour la peine, j’irai bien déjeuner dans une brasserie populaire du type euh le Fouquet’s) puisque je vais pouvoir bavarder avec vous de Sarkozy ET de bande-originale de super production outre-Atlantique en même temps.
En effet, RTL vient de rendre public l' »hymne de campagne » du candidat à sa succession, vous savez, le morceau qui va accompagner chacun de ses meetings. Celui-là même qui va chauffer la salle, donner du rythme aux discours du candidat mais aussi, l’envie aux militants d’y croire. Bref : un hymne qui se doit d’être à la fois heureux, plein d’espoir et digne d’un moment historique.
Pour l’occasion, le camp Sarkozy a donc fait appel à Laurent Frelet. Qui est cet homme à l’état civil de professeur d’histoire géo ? Rien de moins que celui qui se cache derrière les génériques de séries télé (Une femme d’honneur, c’est lui) et de documentaires animaliers (genre La légende de l’homme-loutre).
On imagine aisément le debrief autour d’une grande table en bois de pin à l’Élysée, ambiance boîte de pub capable de tout vendre tant que le budget (genre grosse marque de saucisses) est gros :
« – Bon alors les mecs, quel type de message on a envie de passer à travers cet hymne ? – Faut que ce soit entraînant… – … mais quand même solennel. Pas de la blague. – Ouais, tout en étant raccord avec le thème de la France Forte. – Donc faut que ça sonne aventurier. – Je vois bien un orchestre, comme pour signifier le grondement sourd d’un peuple qui nous soutient. – Oui, ça fera sérieux. – Faut aussi que ça soit grandiloquent. – Et rythmé. – Genre taaam, tadam tadam taaaam. – Et inspirant. – Et loyal. – Et un peu vertigineux. – Je dirais même « coloré », « imagé », un truc péchu… – OKAAAAAAY. »
Et voilà ce que ça a donné :
Des choeurs gothiques new-age hyper Era pour le côté « sombre », un côté générique d’émissions ludo-sportives du type Fort Boyard (pour rester dans le thème de l’affiche de campagne, Sarko et l’horizon de la mer en arrière plan), le tout avec un entrain digne des films hollywoodiens à grand succès.
Il paraît que Elena Tchoutchkova (au poste de chef d’orchestre) ignorait que la chanson avait été commandée pour Nicolas Sarkozy. L’information avait été gardée secrète jusqu’à l’officialisation de la candidature du chef de file UMP.
Bon, je sais pas vous, mais je préfère quand même le côté ouvertement kitsch de l’hymne de Chirac de 1981 :
Parce que Sarkozy à talonnettes qui arrive sur une musique aussi vaillante, c’est du second degré oui, mais qui s’ignore. Pas sûr pourtant que ce soit l’effet initialement recherché.
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Les Commentaires
Sinon, j'ai bien aimé les petits commentaires qu'il y avait en dessous de la bande son, 'mais c'est Ulysse 31?!'.