Après quelque temps, en Finlande, on ne peut s’empêcher de remarquer une figure récurrente dans le paysage : des sortes de petits hippopotames naïfs qui s’affichent un peu partout, de la dernière campagne publicitaire placardée sur l’arrêt de bus aux t-shirts des enfants. Alors qui sont ces incontournables petits bonhommes ?
De la tendresse face au désespoir
L’histoire de la naissance des Moumines (ou Moomins) est très belle malgré les circonstances dramatiques qui en sont à l’origine : l’auteure Tove Jansson souhaitait écrire une histoire innocente afin d’alléger le poids des horreurs de la Seconde Guerre Mondiale, mais également afin d’essayer d’apporter un peu de réconfort aux enfants qui vivaient en ces temps troublés. Si son premier livre, Les Moumines et la grande inondation (Småtrollen och den stora översvämningen en suédois, Janssen faisant partie de la minorité suédophone de Finlande – je leur consacrerai un article) passa relativement inaperçu, elle connut rapidement un grand succès avec les volumes suivants.
Tove Jansson naquit dans une famille bohème et artistique. Sa mère, illustratrice d’origine suédoise, rencontra le jeune Finlandais Viktor Jansson, sculpteur de son état, alors qu’ils séjournaient à Paris. Ils se marièrent et Tove naquit peu après, en 1915. Deux autres garçons suivirent plusieurs années après, qui, fidèles à la tradition familiale, firent carrière dans les arts : Per Olov dans la photographie et Lars en tant que dessinateur, étant entre autres responsable de l’adaptation en bandes dessinées des oeuvres de sa soeur.
Écrivain, illustratrice, peintre… Jansson fut une artiste éclectique dont le talent fut maintes fois récompensé par des prix prestigieux.
Des hippies sympathiques… et anarchistes
Les Moumines sont donc de gentils petits trolls établis dans un lieu imaginaire nommé la vallée des Moumines. Contrairement au monde de Tove, cet endroit est calme et tranquille, un véritable havre de paix entouré de verdure. Toutefois comme un écho aux drames que connaît l’Europe, cette paix peut sembler précaire car leur habitat est sujet aux catastrophes naturelles. Ils vivent donc leur petite vie dans cette contrée et il leur arrive bien entendu tout un tas d’aventures rocambolesques.? Outre la famille principale composée de Papa Moumine, un orphelin-bohémien-aventurier-marin-écrivain, de Maman Moumine, qui incarne la mère « idéale », calme, bonne cuisinière, protectrice et médiatrice et enfin le fiston nommé Moumine, un jeune garçon au grand coeur, curieux de tout et dynamique, tout un tas de personnages hauts en couleurs gravitent dans cet univers.
Nuuskamuikkunen, par exemple, est un nomade rebelle qui ne supporte aucune autorité et n’hésitera pas à passer au sabotage pour contrecarrer un personnage trop autoritaire. Sa demi-soeur Pikku Myy est un garçon manqué au tempérament agressif qui veut toujours avoir raison et n’hésite pas à ridiculiser les autres pour parvenir à ses fins. Un autre personnage notable est Mörkö, une sorte de fantôme, rejetée de tous à cause de son apparence repoussante et parce qu’elle gèle tout sur son passage. Les « hattivatit » , grands incompris de par leur incapacité à communiquer, sont obsédés par les orages qui leur donne la capacité de devenir électriques.
Car voilà, les Moumines ne sont pas simplement des histoires enfantines et légères. La solitude et la mélancolie sont récurrentes et ces thèmes plus matures parsèment les livres de Tove. En outre les personnages se poseront de plus en plus de questions existentielles et le ton se fera de plus en plus sombre jusqu’au dernier livre de la saga, Sent i november (Vers la fin de novembre), écrit l’année du décès de la mère de l’auteure. Cette dernière ne poursuivra pas son oeuvre, ne pouvant plus, selon ses propres termes, « revenir en arrière et retrouver cette joyeuse vallée des Moumines ».
Le business des Moumines
Les Moumines étant une véritable manne financière en Finlande, les livres de Jansson ont fait l’objet de tout un tas d’adaptations et de produits dérivés. Des bandes dessinées tout d’abord, réalisées par l’auteure elle-même en compagnie de son frère avant que celle-ci ne se retire et laisse à Lars le soin de les continuer.
Il y a également un dessin animé très populaire et généralement apprécié des amateurs de la saga, réalisé en 1990 en collaboration avec une équipe japonaise. Bien que n’étant pas la première adaptation des livres sur le petit écran, cette série semble être la plus connue et est à l’origine du revival des Moumines qui tombaient en désuétude.
http://youtu.be/dnOj1EyMLgg
Outre ces adaptations, on trouve aussi un musée entièrement dédié aux petits trolls dans la ville de Tampere. Je l’ai visité lorsque j’habitais dans cette ville et même s’il s’adresse à un public plutôt connaisseur (ce qui n’était pas mon cas) il n’en demeure pas moins très joli et poétique.
Tout fan de Moumine se devra également de visiter le parc à thème contruit sur l’île de Kailo, qui reproduit fidèlement le village féérique et permet de montrer aux enfants leurs héros dans leur environnement.
La célèbre maison bleue des Moumines
On trouve également un nombre phénoménal de goodies et produits dérivés en tout genre, tels que de vêtements et des jouets bien entendu, mais également des confiseries, cosmétiques, vaisselle, bijoux, boîtes à bento, ketchup ou encore couches pour bébés…le tout bénéficiant généralement d’un design (et d’un prix…) raffiné. Ces divers produit ont d’ailleurs été une source d’inpiration majeure lorsque je devais ramener des cadeaux originaux à ma famille !
Alors, avez-vous encore un peu de votre âme d’enfant et êtes-vous prêtes à vous plonger dans le monde des petits trolls blancs ?
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