Jamais on ne louera assez la richesse de la langue française : forte de cent mille mots, elle recèle des trésors de désuétude – que je m’en vais aujourd’hui te faire (re)découvrir. Si tu souhaites fermer le clapet de ta gueuse de grand-tante, qui ne peut ouvrir le bec sans dire quelque chose comme « Ces-jeunes-sont-lobotomisés-la-langue-française-se-perd », accroître ton vocabulaire, et occire tous tes adversaires au Trivial Pursuit, ou tout simplement découvrir quelques-unes des mille merveilles de la langue de Molière (et de Mickaël Vendetta), viens donc jeter un oeil aux mots désuets ci-bas : Dieu te le rendra (et Bernard Pivot aussi).
Bacchanale [ba-ka-na-l’], n. f.
Danse bruyante et tumultueuse. Familièrement, débauche faite avec bruit.
Ne dis plus : « Hier, à la soirée de Jean-Kévin, on a fait péter René la Taupe et les condés ont aboulés, avant de nous mettre au frais pour nous faire décuver »
Mais dis plutôt : « Hier, nous allâmes à une bacchanale si festive que la maréchaussée nous interrompit dans nos débauches et nous enferma dans quelque ergastule ».
Avec un peu de chance, ton interlocuteur n’y verra que du feu.
Bagottier, n. m.
Niais, nigaud.
Ne dis plus : « Ce Charles-Brandon est un sacré con : depuis qu’il a appris son échec aux partiels, il passe son temps à se curer le nez en dansant la choré de Papillon de lumière ».
Mais dis plutôt : « Ce Charles-Brandon est un fieffé bagottier ».
Baguenauder, v.
S’amuser à des choses vaines et frivoles ; se promener, flâner sans but.
Ne dis plus : « Hier soir, j’ai passé quatre heures à mater des vidéos de chatons sur Internet, avant d’aller voir l’intégrale du Seigneur des Anneaux en version longue, tout en bouffant des Pringles ».
Mais dis plutôt : « Hier soir ? J’ai baguenaudé un tantinet. Rien de bien extraordinaire, en somme ».
Barbacole [bar-ba-ko-l’], n. m.
Maître d’école ; magister de village.
Ne dis plus : « Mon prof de droit international a menacé de me passer les ovaires au mixer si je ne travaillais pas plus »
Mais dis plutôt
: « Aujourd’hui, je me suis fait vilement villipender par quelque barbacole – qui devait être aux prises avec un accès de folie passagère ».
Blandices [blan-di-s’], n. f. plur.
Flatteries pour gagner le coeur ; charmes, jouissances.
Ne dis plus : « Pour obtenir un bout du quatre heures de Jackie, je n’hésiterai pas à lui lécher le séant passer un bon coup de brosse à reluire ».
Mais dis plutôt : « À force de moult blandices, j’ai fini par faire taire les plaintes de mon estomac, qui criait famine en se tordant de douleur ».
Blézimarder [blé-zi-mar-dé], v. t.
Terme d’argot de théâtre, signifie se couper mutuellement les répliques, empêcher le voisin de dire sa phrase.
Ne dis plus : « Jean-Kévin passe son temps à couper la parole d’autrui, ce qui rend sa compagnie aussi agréable que celle d’un banc de pirhanas ».
Mais dis plutôt : « À cause de son surmoi très développé, Jean-Kévin blézimarde à tour de bras ».
Boucon : [bou-kon], n. m.
Mets ou breuvage empoisonné.
Ne dis plus : « Les plats proposés au restau U étaient si infâmes qu’ils se sont retrouvés sur le carrelage de ma salle de bain, en un piteux état ».
Mais dis plutôt : « Ce midi, le boucon verdâtre que l’on nous proposait d’ingurgiter au restau U était si peu engageant que j’ai préféré me nourrir de McDo et de Coca frais ».
Brimborion [brin-bo-ri-on], n. m.
Chose sans valeur et sans utilité.
Ne dis plus : « Pour l’anniversaire d’Henri-Jason : je n’avais aucune idée, et mes poches étaient vides. Du coup, je suis passée au « Tout à 2 euros » et je lui ai offert un porte-savon en forme de poney ».
Mais dis plutôt : « Pour le millésime d’Henri-Jason, je lui ai fait l’octroi d’un présent inoubliable : un brimborion de première qualité ».
Je compte sur vous pour faire revivre tous ces jolis mots oubliés !
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