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Santé mentale

Comment j’ai renoué avec un animal après la mort de mon chat

Il y a deux ans, Cassandre témoignait sur madmoiZelle de la perte de son chat Fantine et de sa douleur, dont elle n’arrivait pas à se détacher. Aujourd’hui elle a fait son deuil, et elle raconte comment elle a réussi à renouer avec un nouvel animal.

Le 19 août 2018, Juliette publiait le témoignage de Cassandre dont le chat était mort un mois plus tôt dans l’article Mon chat est mort il y a un mois et me manque tous les jours.

L’article a eu beaucoup de succès et a suscité beaucoup d’émotions et de réactions.

Voyant qu’elle recevait des messages régulièrement pour avoir des nouvelles, Cassandre a décidé d’écrire une suite à son témoignage, que tu trouveras ci-dessous.

Il y a bientôt deux ans, j’écrivais un article pour parler de la douleur que j’ai ressentie en perdant ma compagne de vie après huit ans de complicité, ma chatte Fantine.

En me couchant, j’ai souvent une pensée pour elle.

J’ai relu cet article l’autre soir, et je me suis dit qu’il serait temps de m’exprimer à nouveau, avec un regard différent sur la fin de notre histoire.

Cet article comporte tout autant d’amour, et même bien plus encore, mais beaucoup moins de larmes. Ce n’est pas l’histoire de Fantine mais la mienne, celle de ma reconstruction difficile après sa perte.

La mort de mon chat et les suites de mon témoignage sur madmoiZelle

Quand j’ai écrit à madmoiZelle, Fantine était partie depuis un mois des suites d’un lymphome (cancer du système lymphatique).

En l’espace de trois semaines, j’ai appris sa maladie et je l’ai perdue. Je n’ai pas pu lui dire au revoir. Voilà à peu près l’état dans lequel j’étais au moment d’écrire, en état de choc.

Aujourd’hui, je vais bien.

Ça paraît sûrement logique et bête à lire pour certains, mais je sais que pas mal de gens sont comme moi, ce sont des icebergs, et que même après un mois, deux ans, dix ans, la partie cachée peut être encore très douloureuse.

Donc, je tenais à le dire, au-dessus de l’eau, et aussi en dessous, je vais bien.

J’ai deux choses importantes à dire à toutes les personnes qui m’ont lue et qui me lisent encore : je suis désolée, et je vous remercie.

J’ai reçu des centaines, peut-être des milliers de messages de soutien et ça m’a énormément touchée. J’ai reçu aussi un nombre incalculable de messages plein de détresse, me demandant comment je faisais pour m’en remettre.

Je n’ai répondu qu’à un très petit nombre d’entre eux, au tout début, et c’est en cela que je suis désolée. Je n’avais pas et je n’ai peut-être toujours pas les épaules pour remonter le moral d’autres personnes, pour trouver les mots justes.

J’ai su partager ma douleur, mais pas recevoir celle des autres.

J’ai lu absolument tous les messages, et chacun d’entre eux m’ont émue. Je n’aurais jamais pensé toucher autant de monde, et être touchée par autant de monde.

Les leçons que j’ai apprises après la mort de mon chat

J’ai aussi appris deux choses grâce à ces personnes qui m’ont écrit. D’abord, qu’il faut en parler si on en a besoin et si on en a envie.

On a le droit de pleurer une perte. La douleur n’est pas faite pour rester à l’intérieur, mais si on ne se sent pas prête, rien n’oblige à se lancer.

J’ai fini par en parler avec mon médecin l’an dernier.

Je ne me sentais pas bien, et quand le médecin m’a dit « qu’est-ce qui vous amène », j’ai fondu en larmes et je lui ai raconté tout ce qui se passait dans ma vie depuis Fantine.

Ça m’a fait un bien fou de pleurer devant un docteur. Un médecin qui n’écoute pas votre détresse, qu’elle soit due au travail, à une rupture ou à la perte d’un animal est un mauvais médecin.

Son rôle, c’est l’empathie, il est là pour ça.

La deuxième chose que j’ai apprise, c’est qu’on ne soigne pas sa tristesse avec l’arrivée d’un nouvel animal. Ça, je le savais déjà, mais les compagnons, les mères, les amis ne s’en rendent pas forcément compte.

Beaucoup de personnes m’ont dit avoir accueilli un nouveau chaton parce qu’on le leur avait offert et toutes ont avoué avoir vécu un début de relation chaotique avec celui-ci, parfois en ne créant aucune complicité, parfois même en lui en voulant d’être là.

Un animal ne mérite pas d’être ignoré, il a besoin d’amour, d’attention, de jeux, de partage. On n’offre pas un nouvel animal à une personne qui n’a pas décidé de son propre chef qu’elle est prête pour ça.

Ce qui est assez paradoxal, c’est que j’ai moi même accueilli un animal quelques temps après le départ de Fantine et dans un état moral pas forcément en accord avec cet événement.

À lire aussi : 5 œuvres pour mieux comprendre le deuil

Ma décision d’acheter un chien d’élevage

J’ai menti à propos d’un sujet très important dans le dernier article.

Sûrement parce que j’ai écrit à chaud, j’ai dû oublier des mots ou tourner ma phrase tellement maladroitement que la rédaction a pu la corriger, que ce soit l’un ou l’autre n’est pas grave, mais le fait est que j’ai menti et qu’il me semblait important de le rectifier.

Il est écrit « je ne cautionne pas du tout le fait de vendre ou d’acheter des animaux de compagnie ». En vérité, je suis contre la vente d’animaux quand ce n’est pas fait de façon particulièrement responsable

.

Je suis absolument contre l’élevage intensif, contre la vente dans les salons et les magasins, et contre la reproduction d’animaux par des particuliers, souvent ignorants, qui mettront la vie de leurs animaux et des bébés en danger.

L’élevage est un métier, pas un passe-temps ou une façon simple de se faire du blé. Beaucoup d’éleveurs et éleveuses font aussi de la garde d’animaux parce que ce n’est pas un métier rentable, surtout les premières années.

Depuis petite, je n’étais pas fan des chiens, mais il y a une race en particulier que j’ai toujours aimée : l’akita inu.

Je suis tombée en admiration sur sa beauté et son caractère très particulier, et avant de me lancer, j’ai étudié cette race pendant près d’une dizaine d’années.

Aujourd’hui et depuis le film Hatchi avec Richard Gere, c’est une race malheureusement très à la mode, ainsi que son « format réduit », le Shiba inu.

Malheureusement parce que, pour de nombreuses raisons qui sont la cause de mauvais éleveurs et de mauvais propriétaires, on estime un abandon par jour en France d’un akita.

Le jour où Fantine est partie, je n’étais pas là parce que je visitais un élevage que j’avais en tête depuis des années.

J’ai choisi de prendre un chien en élevage et pas dans une association ou une SPA : je n’ai rien à dire sur ces entreprises qui pour moi sont bénéfiques au bien être animal, mais souvent, on ne connaît pas le passé du chien qui nous fait craquer.

Pour la simple et bonne raison que la majorité d’entre eux est abandonnée attachée au portail de l’association, dans la nature, ou que la personne qui l’abandonne ment sur ses raisons de s’en séparer (comportement, problèmes de santé…).

Seul le temps passé dans l’association permet d’en savoir plus sur un animal, et ce sont bien souvent des suppositions qui sont faites sur sa vie d’avant.

Je ne voulais pas accueillir un chien qui puisse faire du mal à Fantine, en premier cas, et je ne me sentais pas non plus de reproduire toute l’implication voire plus que ce que j’avais fourni pendant des années pour que Fantine devienne sociable.

Un chien ne serait pas enfermé dans la maison, il ne serait pas en permanence dans un nid douillet pour le protéger, ç’aurait pour moi été un mauvais pari que de m’engager là-dedans.

Donc j’ai visité un certain nombre d’élevages avec des critères bien définis, j’ai trouvé le bon, et le premier décembre, soit cinq mois après le départ de Fantine, il y avait un nouveau membre dans ma maisonnée.

Mon retour difficile à l’élevage et mon coup de cœur pour une chienne

Un soir, je disais au revoir à Fantine en pensant que tout allait parfaitement bien.

Le lendemain matin, je visitais l’élevage d’une personne qui fait un boulot merveilleux, on a parlé de la maladie de Fantine, de comment accueillir une boule de poils plus grosse et plus forte que mon chat et qui voudrait jouer avec.

Tout en veillant à ce que Fantine ne vive pas ça comme un malheur ou une complication. L’après-midi, j’étais dans les bouchons, et Fantine est morte.

J’ai dit le soir même à l’éleveuse que j’avais besoin de réfléchir à cause de la tournure des événements. Elle a été à mon écoute et m’a rassurée : si ce n’était pas pour maintenant, ce serait pour quand je serai prête, rien ne pressait.

Après une longue délibération avec moi-même, j’ai attendu la confirmation de gestation pour lui dire que je voulais un bébé de cette portée.

J’ai vécu l’attente de la rencontre avec une boule de nerfs dans le ventre. J’étais en deuil et j’essayais de me préparer à quelque chose d’heureux.

J’avais hâte de retourner à l’élevage, mais j’avais peur d’y retourner : la dernière fois avait été géniale et horrible. En plus, j’avais déjà vu les photos des chiots tout petits, et une femelle qui me plaisait plus que les autres n’était pas sur les suivantes.

Elle avait en fait eu un petit souci de poils (elle les avait tous perdus à cause d’une bactérie environnementale, chose qui peut arriver dans les élevages) et l’éleveuse préférait ne pas poster de photos pour ne pas avoir à lire des commentaires négatifs.

Le monde de l’élevage est sans pitié, et peu d’entres eux sont bienveillants envers leurs « concurrents ».

J’étais rassurée, mais j’attendais de toute façon la rencontre pour savoir si j’aurais un véritable coup de cœur, que ce soit avec elle ou un autre.

On a finalement fait la route, et j’ai pu la découvrir. Ce qu’elle était belle ! C’était un canard boiteux, plus petite, plus frêle que ses nounours de frères et sœurs.

Et tandis que les autres voulaient jouer et mordre mes lacets, elle réclamait des câlins et faisait sa petite vie en dehors du groupe. Il faut croire que les canards boiteux, c’est mon truc, elle m’avait touchée en plein cœur.

Il y avait des gens qui avaient des vues sur la portée depuis bien plus longtemps que moi (parfois on attend des années avant de trouver le bon), donc il était normal que mon choix passe après le leur.

J’ai espéré de tout mon cœur que tous les autres la trouvent moche (je l’ai même avoué à l’éleveuse), je n’avais d’yeux que pour elle, et si ce n’était pas elle j’attendrais une autre portée.

Mes inquiétudes avant l’arrivée de ma nouvelle chienne

À l’élevage, elle s’appelait Okada, qui est une ancienne région du Japon.

Je voulais choisir moi même son nom, ce que je n’avais pas pu faire avec Fantine, mais je tenais à ce qu’elle garde quelque chose de sa première maîtresse.

J’ai donc choisi une ville que j’aimerais visiter un jour et dont le nom avait un je-ne-sais-quoi de poétique à mon oreille. Finalement, Hanoï est bien arrivée à la maison.

Il y a eu beaucoup de crises de larmes les semaines précédant son arrivée.

Je remplissais la maison de jouets et d’accessoires qui ne m’étaient pas familiers, je préparais sa place aux endroits où Fantine avait eu la sienne, c’était compliqué à gérer émotionnellement.

De plus, comme elle avait eu ce petit souci de poils, elle a probablement été mise un peu à l’écart, et je n’ai pu aller la chercher qu’un mois plus tard car elle n’était pas assez accomplie pour sortir de l’élevage.

Toutes ces angoisses ont disparu peu à peu quand Hanoï s’est imposée.

Il y avait à la fois ma nouvelle responsabilité et ma relation qui s’installait doucement avec elle, elle a envahi mon monde comme un boulet de canon.

Ma relation avec ma nouvelle chienne

Aujourd’hui, excepté en ville, elle n’est presque jamais en laisse. À la maison, elle vit sa vie et moi la mienne. Ça a été très dur pour moi de ne pas la coller et de ne pas la surprotéger.

À chaque fois qu’elle respirait un peu fort, je m’inquiétais, quand on a dû soigner une otite, j’ai évité de peu le malaise chez le vétérinaire en l’entendant pleurer.

Et puis dernièrement, elle s’est faite attaquer par un autre chien, qui aurait pu l’égorger si mon copain n’était pas intervenu. J’ai appris depuis que le chien en question avait été élevé pour le combat auparavant.

Comme je disais plus haut, on ne sait souvent pas grand chose du passé des chiens en refuge, et tout le monde n’est pas prêt à endosser cette responsabilité.

Le chien s’était peut être déjà battu contre un chien qui lui ressemblait, il n’était ni attaché ni vraiment surveillé, il lui a juste foncé dessus sans signes avant coureurs.

Elle a été opérée en urgence et s’en est remise.

Ce qui a marqué un tournant dans mon évolution, c’est que je n’ai pas paniqué, je n’ai pas flanché, j’ai juste fait ce que je devais faire, et je n’ai pas eu peur en croisant à nouveau des chiens.

Un an plus tôt, cet événement m’aurait sûrement mise dans tous mes états et aurait constitué un retour en arrière pour moi.

Des leçons de vie enseignées par mes animaux de compagnie

Hanoï est une chienne avec un caractère en or, et qui en de nombreux points me rappelle Fantine.

J’en ai parlé il y a peu avec une amie, je n’ai jamais cherché à comparer Hanoï et Fantine, mais je suis certaine qu’elles auraient pu être de merveilleuses colocataires.

Si douces, si attentives à leur environnement, si respectueuses des codes de chacun, tellement maladroites et tête en l’air.

Si je croyais en la réincarnation, je pourrais imaginer que Fantine est toujours un peu près de moi. Si je croyais aux anges, je dirais qu’elle y est pour quelque chose.

Le destin, le karma, je n’y crois pas, mais je me rends compte que dans toutes ses épreuves et ses douleurs, la vie est parfois bien faite.

Ce sont mes animaux qui m’ont le mieux éduquée.

Fantine m’a appris la tendresse, la patience, l’obstination. Elle m’a enseigné que chez soi est un cocon et non une cage, que les relations fortes sont précieuses.

Hanoï m’a appris à m’ouvrir au monde et aux gens, à découvrir de nouvelles choses, à sortir de ma zone de confort. En dehors, elle me protège et je la protège.

Et surtout elle m’a appris que même si on n’oublie pas, on se relève même des plus dures épreuves.

À lire aussi : Comment adopter un chien, l’élever et en prendre soin

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Les Commentaires

23
Avatar de pi.cassoux
22 juin 2020 à 17h06
pi.cassoux
@Catsounette je suis choquée de l’incompétence de des vétérinaires qui t’on renvoyée et se sont permis de te faire la morale comme quoi tu n'étais pas assez présente (il faut travailler pour payer le véto jusqu’à preuve du contraire) alors qu’eux n’ont pas été capable de faire leur métier correctement. Je suis vraiment désolée pour toi et j’espère que si tu as un autre animal ou qu’un jour tu en prennes un autre tu tombes sur quelqu’un de sérieux et sensible à la douleur de ton animal et à tes inquiétudes.

Quand j’avais Fantine, j’ai eu le même vétérinaire pendant toute sa vie, je le trouvais génial. Il était calme et très doux, en dehors de mon copain et moi il était le seul en qui elle ait assez confiance pour se laisser porter et manipuler sans rien dire. Quand j’ai eu Hanoï, je suis restée dans le même cabinet mais je suis quand même allée voir son confrère, ce n’est pas que je lui en voulais car il a vraiment tout fait pour que Fantine vive et surtout ne souffre pas, mais j’avais beaucoup de mal à ne pas me revoir assise derrière son bureau le jour où on a découvert son cancer. Ça me rappelait trop ce moment où j’ai perdu tous mes repères. Mais je connaissais bien les assistantes et l’autre véto que j’avais souvent croisé m’avait toujours paru agréable. Donc c’est lui qui a connu Hanoï en premier. Il est absolument compétent et attentif, mais Hanoï est sensible et a besoin de calme, et lui est très énergique, je sentais Hanoï stresser plus à chaque visite, il bougeait trop et parlait trop fort pour elle et au bout d’un moment elle tirait pour faire demi tour dès qu’on arrivait devant le bâtiment. Je suis retournée avec mon vétérinaire que je connais bien et qui est très doux. Ça a été un peu étrange comme situation, mais il s’est occupé d’Hanoï avec tellement de douceur qu’elle est à nouveau en confiance. Elle lui fait la fête quand elle le voit, quand je l’ai récupérée après l’opération il m’a dit qu’elle l’avait suivi sans laisse jusqu’à la salle. Il répète toujours qu’elle est tellement calme et sage. Il se moque gentiment de moi parce qu’elle sent l’huile de coco (mais en précisant qu’il jamais vu un akita avec le poil si doux ni un chien qui sent si bon). La dernière fois je lui ai dit que j’étais désolée d’avoir été chez son confrère. Il m’a dit que c’était compréhensible et m’a demandé pourquoi j’avais changé d’avis, je lui ai dit que j’étais plus à l’aise, il m’a dit « on se connaît depuis bientôt 10ans ». J’étais scotchée qu’il le sache alors qu’il a plein d’autres clients, mais ça prouve bien qu’il fait attention aux détails et c’est ce qui fait que je m’en remets entièrement à lui. Si je devais avoir une urgence et que je doive aller chez un autre vétérinaire je crois que je ne serait pas du tout sereine, je me méfierais qu’il ne voit pas tout, qu’il ne fasse pas attention à tout ce que je lui dis. Je n’ai jamais subit l’irrespect d’un vétérinaire mais l’ayant vécu avec mes propres médecins c’est quelque chose qui me ferait très peur pour ma chienne, donc je comprends ta frustration et ta colère...
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