Il y a quelques années, je vivais ma première relation sérieuse. A l’époque, franchir le cap du premier mois de « vie de couple » suffisait à me donner l’impression de m’engager dans une grande aventure.
Qui dit « première relation de plusieurs mois » dit aussi souvent « approfondissement des connaissances en matière de sexe ». C’est donc tout logiquement avec ce garçon que j’ai appris à varier un peu de la position de l’étoile de mer avec la tête tournée vers la télé allumée que je préconisais jusque là. Mais la prise de risque va parfois de paire avec quelques légers désagréments ; c’est un peu comme lorsqu’on commence à faire du vélo sans les roulettes, y a de grandes chances pour qu’on se bouffe du gravier au début, mais il faut passer par cette étape casse-gueule pour devenir autonome et apprendre à aimer ça. Et autant vous dire qu’en raison de ma maladresse légendaire, des incommodités, j’en ai vécu un sacré paquet au tout début de ma vie sexuelle. Laissez-moi vous en conter une.
C’était une soirée d’hiver et mon partenaire de l’époque et moi-même la passions bien au chaud dans mon lit. Par flemme, nous avions allumé une bougie pour ne pas avoir à chercher le briquet quand nous voulions nous griller une cigarette. J’insiste vraiment sur la notion de fainéantise : à l’époque, je sortais tout juste de l’adolescence et je réfutais toute tentative de romantisme. Je trouvais ça bien trop cliché et je me faisais passer pour une cynique même si je pleurais chaque fois devant Love Actually
et même si je me recroquevillais sur moi-même le soir en écoutant Jeff Buckley. En réalité, vous l’aurez compris, j’étais mille fois plus cliché que tous les clichés que je dézinguais réunis.
Mais qu’importe. Emportés par notre conversation et par les hormones qui nous travaillaient le slip comme tout bon jeunes adultes qui se respectent, nous avons très vite oublié qu’une bougie était en train de brûler à une dizaine de centimètres du lit. Nous avons d’autant plus négligé ce fait lorsque nous avons commencé à faire du frotti-frotta.
C’était la première fois que je m’abandonnais pendant l’acte. Je profitais de chaque seconde sans me soucier de quoique ce soit, sans vraiment réfléchir à ce que je faisais. Pour la toute première fois, j’acceptais également l’idée de « dominer la situation ». J’étais au-dessus, alors que jusque là, je m’étais contentée d’être ultra-passive en ce qui concerne les choses de l’amour. A un moment, – et je ne comprends toujours pas ce geste somme toute assez anodin mais que je n’avais jamais fait auparavant -, j’ai relevé la couette sur nous. Ainsi, nous étions incapable de voir ce qu’il se tramait dans la chambre. Quelques secondes plus tard, j’ai réalisé qu’une odeur étrange stagnait autour de nous. J’ai d’abord pensé que mon partenaire n’avait pas mis le même déo que d’habitude, jusqu’à ce qu’une association d’images défile devant mes yeux. Le briquet – la bougie – la flamme – la couette – les mouvements de va-et-vient.
C’est telle une furie que je me suis relevée in extremis, pour découvrir des flammes d’une cinquantaine de centimètres brûler la couette.
L’ironie de l’histoire, c’est que je venais d’avoir mon premier début d’orgasme. De l’art, donc, de mettre le feu, au sens propre comme au figuré.
— Illustration Timtimsia
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Les Commentaires
Moi je suis tombée dans les pommes la 1ère fois que nous avons tenté la sodomie... Un peu l'impression de mourir aussi. Mais c'était pas aussi dangeureux que chez vous!